Archives

Economie sociale et solidaire - Entreprises sociales : des collectivités d'Europe échangent leurs bonnes pratiques

La région Paca, l'Andalousie et les Marches, notamment, préparent un catalogue de dix-sept politiques efficaces pour l'économie sociale.

Qu’ils officient à Roubaix, Barcelone ou Helsinki, les élus en charge de l’économie sociale et solidaire (ESS) peuvent partager bien des questionnements. Comment soutenir l’emploi dans les associations, encourager le commerce équitable, ou encore susciter les créations de coopératives ? Neuf collectivités et organismes européens se sont retrouvés en 2008 pour échanger leurs méthodes en la matière. Leur travail commun est sur le point de s’achever par la rédaction d’un catalogue de bonnes pratiques, qui sera remis à la Commission européenne, probablement en octobre.
Ce projet, dénommé "Politiques publiques et entreprises sociales" (Pase), s’inscrit en effet dans le programme européen Interreg IVC. Il se voue donc à améliorer l’efficacité des politiques régionales, par un échange d’expériences à travers tout le continent. Et si la Commission européenne apprécie les orientations qui lui seront proposées cet automne, elle devrait en assurer une large diffusion.

Former des militants

En attendant, les partenaires du Pase finalisent leur catalogue. Des différentes politiques présentées, dix-sept bonnes pratiques ont été retenues. A la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), qui est membre du projet, le vice-président Christophe Castaner a tout particulièrement remarqué certaines idées venues d’Espagne et d’Italie. "J’ai été notamment inspiré par une école de dirigeants de coopératives, soutenue par le gouvernement d’Andalousie. Aider les militants de l’économie sociale à devenir gestionnaires est une chose ; mais il est plus difficile de former, à l’inverse, des dirigeants à ce qu’est le sens de l'ESS... Cette école travaille sur cette question, qui me paraît importante. En Paca, la moitié des dirigeants du secteur partira en retraite dans les cinq prochaines années. Et le risque est que leurs successeurs soient des gestionnaires pas nécessairement militants..."
Une autre bonne pratique retenue provient de la région des Marches, en Italie : "Ce pays a une forte culture des grappes d’entreprises. Et la région reproduit ce principe dans l’économie sociale, en accompagnant un essaimage d’activités autour des grandes coopératives", apprécie Christophe Castaner, notamment en charge de l’emploi et de l’économie en Paca.

Groupements d’employeurs

Des quelque douze actions présentées par sa propre région, trois ont été retenues dans le catalogue. Ainsi le dispositif Créactives permet d’aider des associations et des coopératives à répondre "à des besoins d’utilité sociale non satisfaits", grâce à des conventions partenariales signées pour trois ans, remises en question à chaque bilan annuel. Quant à l’association Esia - fondée avec l’Etat, la Caisse des Dépôts et France active -, elle propose divers outils financiers adaptés aux entreprises de l’ESS, trop souvent exclues des soutiens bancaires habituels. La région a enfin convaincu ses partenaires européens pour l’accompagnement qu’elle propose aux groupements d’employeurs.
La Commission européenne sera-t-elle séduite par ce catalogue ? Son appui pourrait être bienvenu, notamment, pour promouvoir l’ESS dans les pays de l’ancien bloc socialiste. "L’économie sociale y est encore connotée politiquement", estime Christophe Castaner. Ces bonnes pratiques européennes les aideraient sans doute à distinguer, une fois pour toute, coopératives et kolkhozes.