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Transports - Désendettement du rail : pour les régions, la proposition de la SNCF est "inacceptable"

"Faire payer la dette du système ferroviaire par des usagers du TER qui subissent quotidiennement le mauvais état du réseau lié à la priorité donnée depuis 30 ans à la grande vitesse serait absolument inacceptable", s'est insurgé Jacques Auxiette, président de la commission Transports de l'ARF et président de la région Pays-de-la-Loire, dans une déclaration à l'AFP le 25 septembre. "Il est plus qu'étonnant que la SNCF se permette de faire de telles propositions", a ajouté l'élu en réaction à l'annonce faite par l'opérateur ferroviaire la semaine dernière. La SNCF se disait en effet disposée à reprendre à son compte une partie de la dette historique de RFF, qui s'élève à 30 milliards d'euros. Dans son schéma, le reste de l'effort de désendettement serait fourni par les régions, les usagers et "la collectivité nationale".
La SNCF "se permet de prendre la parole en lieu et place à la fois du ministre et des régions, autorités organisatrices, ce qui n'est pas son rôle en tant qu'entreprise exploitant le service ferroviaire. Je rappelle que les recettes des billets TER contribuent pour 28% au financement de ce service et que le reste est payé par les régions", indique Jacques Auxiette. Selon lui, la proposition de la SNCF reviendrait à taxer les régions pour éponger la dette liée à la construction des lignes à grande vitesse alors qu'elles manquent "de moyens pour financer les développements d'offre et les investissements nécessaires pour faire face à l'augmentation de la fréquentation". "Il importe surtout aujourd'hui que la SNCF et RFF travaillent conjointement à une réduction substantielle de leurs coûts de production du service ferroviaire afin de ne pas continuer d'augmenter cette dette année après année", conclut Jacques Auxiette.
De son côté, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf), le "gendarme du rail", s'est dit "perplexe" à l'égard des propositions de la SNCF. "C'est un peu hâtif", a déclaré lors d'un point presse le président de l'Araf, Pierre Cardo. "Je ne vois pas le gouvernement accepter une augmentation de sa dette en récupérant une partie de celle de RFF", a-t-il ajouté faisant allusion à l'état des finances publiques et à la réduction des déficits. Quant aux régions, le président de l'Autorité a rappelé que leurs ressources allaient baisser. "Les dotations de l'Etat vont se réduire, on le sait,", a-t-il poursuivi. Il a aussi dit recevoir des courriers "des régions qui se plaignent que le train est cher, que le service n'est pas de bonne qualité et que la comptabilité de la SNCF est opaque". Pierre Cardo voit également une contradiction dans les propositions de la SNCF qui, d'un côté, annonce qu'elle veut proposer des prix bas et de l'autre suggère d'augmenter les tarifs. "Je ne vois pas comment on peut lancer une tarification basse pour permettre aux gens, et notamment aux jeunes, de continuer à prendre les transports en commun et en même temps dire que l'on va augmenter la participation des usagers", a-t-il expliqué.