Habitat - Dépenses de logement : les aides des CAF n'empêchent pas les disparités géographiques
Dans le dernier numéro de sa lettre "L'e-ssentiel", la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) publie une étude sur les charges de logement des bénéficiaires d'allocations logement. Au total, 6,1 millions de ménages - dont 487.000 accédants à la propriété et 470.000 locataires en foyers - bénéficient de l'une des trois aides versées par les CAF : l'allocation logement (AL), l'allocation logement à caractère familial (ALF) et l'allocation logement à caractère social (ALS). Elles ont représenté, en 2012, un montant de 16,2 milliards d'euros.
Les aides au logement couvrent près de 50% du loyer
Le montant moyen des aides au logement des CAF atteint 223 euros par mois, ce qui représente en moyenne 49% du loyer à acquitter. De ce point de vue, ces aides jouent pleinement leur rôle, puisque la moitié des ménages allocataires consacrent moins de 19,2% de leur budget à leur dépense de logement. Ce taux d'effort net médian (après perception des aides au logement) diminue avec la taille de ménage, ce qui correspond à la vocation des allocations familiales. Il passe ainsi de 21,4% pour un couple sans enfant à 8,9% pour un couple avec cinq enfants. La nature du logement est, elle aussi, fortement discriminante : le taux d'effort net est plus de deux fois plus élevé dans le parc locatif privé (25,1%) que dans le parc social (11,2%). Le taux d'effort est également plus élevé que la moyenne pour les accédants à la propriété (24,7%).
Des écarts géographiques importants
L'étude de la Cnaf met aussi évidence l'importance du facteur géographique. Si l'on s'en tient à une approche départementale, le taux d'effort net médian - qui dépend à la fois du revenu moyen des habitants et du coût des loyers - va ainsi de 15% en Haute-Marne à 26,1% dans les Alpes-Maritimes. Paris affiche un taux d'effort net de 24,9%, tandis que les départements d'Ile-de-France se situent entre 17,5% et 19%. Selon la Cnaf, "ce résultat pourrait refléter tout à la fois une difficulté à se loger dans ces territoires pour les ménages susceptibles de bénéficier d'une prestation logement, une diversité de la situation des territoires en termes de tensions sur le marché du logement, de rôle du parc social justifiant une étude à un échelon géographique plus fin".
C'est précisément ce que fait l'étude en présentant une approche par communes. Celle-ci a pour effet d'accroître les écarts géographiques, puisque les taux d'effort net médian varient, selon les communes, entre 6,9% et 57,1%... La carte publiée par la Cnaf montre que ces écarts sont fortement corrélés à un tropisme côtier. Si l'on excepte Paris, le cœur de l'Ile-de-France et quelques grandes villes, les taux d'effort les plus élevés s'observent en effet sur le littoral - et pas forcément dans des grandes communes : Paca, Languedoc-Roussillon, littoral aquitain, départements côtiers des Pays de la Loire et Bretagne. Plus au nord, des départements comme la Manche ou la Seine-Maritime échappent en revanche complètement à ce phénomène.
Une forte dispersion des situations individuelles
Enfin - conséquence du cumul de tous les déterminants évoqués ci-dessus -, l'étude de la Cnaf montre une très forte dispersion des situations individuelles. Ainsi - en excluant le cas des logements en foyers (comme les Ehpad) -, 10% des ménages allocataires consacrent au plus 4,2% de leurs revenus à leur charge de logement (après prise en compte de l'aide). Pour 30% de ménages, cette part est inférieure ou égale à 10,7%. A l'inverse, pour 30% des ménages, le taux d'effort net est supérieur ou égal à 26,8%. Et les 10% d'allocataires présentant les taux d'effort nets les plus élevés consacrent au moins 52,3% de leurs ressources à se loger...
Ainsi, les aides au logement de la branche famille ont un impact indéniable - et un effet solvabilisateur - sur la charge finale des ménages aidés, ce qui est bien le moins pour une enveloppe totale de 16,1 milliards d'euros. Cet impact est particulièrement fort pour les familles monoparentales. En revanche, elles n'empêchent pas l'existence de fortes disparités géographiques ou individuelles.