Commerce extérieur - Déjà quatre chartes régionales à l'export ont été signées
La situation du commerce extérieur de la France est au plus bas. Après un déficit de la balance commerciale de 37,5 milliards d'euros au premier semestre 2011, le gouvernement table sur un déficit de plus de 70 milliards d'euros à la fin de l'année. Un état des lieux a été réalisé à l'occasion de l'audition de Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur, par la commission des Finances de l'Assemblée nationale le 13 septembre 2011. Le ministre a lui-même avancé le chiffre de 75 milliards d'euros de déficit pour la fin de l'année, soit 20 milliards de plus que le déficit historique de 2008 ! Si des paramètres tels que la facture énergétique et l'euro fort peuvent expliquer en partie ces résultats alarmants, "il reste un socle structurel de 30 à 35 milliards d'euros, a précisé Pierre Lellouche, la France est le seul pays européen dont les exportations n'ont pas repris leur niveau d'avant la crise." Le gouvernement a pris des mesures pour relancer les exportations. Et parmi elles, une meilleure implication des conseils régionaux. Cela faisait partie des recommandations du rapport public annuel 2011 de la Cour des comptes publié en février 2011. "Les efforts faits en matière de dispositifs ne sont pas minces, a souligné Gilles-Pierre Lévy, président de la deuxième chambre de la Cour des comptes, lors de cette audition, mais des progrès pourraient être accomplis dont une meilleure clarification des rôles respectifs des acteurs concernés, une meilleure répartition des actions à l'étranger et une meilleure intégration des conseils régionaux dans la coordination générale du soutien à l'export." Dans ce domaine, le ministre a engagé des actions depuis quelques mois, visant à faire travailler ensemble les acteurs au niveau régional. Une charte nationale pour l'export a ainsi été signée le 12 juillet 2011 pour mobiliser l'ensemble des partenaires de l'export (Ubifrance, chambres de commerce et d'industrie, Coface, Oséo…) dans chaque région afin de renforcer et de simplifier le dispositif de soutien à l'export des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI). Des chartes régionales sont également en cours de signature pour créer des guichets uniques à l'export au niveau local.
"On ne va pas assez loin dans l'intégration"
"On a un vrai travail en commun qui commence à être fait pour aboutir à des maisons de l'export sur le modèle de ce qui existe en Nord-Pas-de-Calais", a détaillé Pierre Lellouche. Quatre chartes régionales (Alsace, Lorraine, Auvergne et Rhône-Alpes) ont déjà été signées. Pour Hervé Novelli, député UMP de l'Indre-et-Loire et prédécesseur de Pierre Lellouche, "on a pris le bon chemin, mais on ne va pas assez vite ni loin dans l'intégration". Celui-ci estime que la coordination doit mieux s'organiser en région. "Si les régions pouvaient confier à d'autres institutions, comme les chambres de commerce et d'industrie, ce qu'elles font moins bien, ce serait plus pertinent que de développer chacun son dispositif de son côté", a-t-il ainsi affirmé. Reste aussi d'autres problèmes d'ordre structurel pour permettre le développement de l'export, comme le nombre insuffisant d'ETI en France, des entreprises plus susceptibles d'exporter. Sur le sujet, nombre de députés ont critiqué la politique de soutien à l'export développée par le gouvernement et principalement ciblée sur les grands groupes. D'après le rapport de la Cour des comptes, dix entreprises, qui représentent 5% des exportations, bénéficient de 85% des aides mises en place. "Toute notre politique est captée par les grands groupes alors qu'on devrait prendre comme fer de lance les PME, a affirmé haut et fort Jean-Pierre Balligand, député socialiste de l'Aisne. Cette constante nous a aveuglés, c'est une culture dans notre pays qui est en train de nous plomber." Même constat pour Hervé Novelli, qui estime que la France fait peut-être fausse route en portant trop d'attention aux grands groupes. "Si la moitié des exportations est faite par des grands groupes, cela signifie que l'autre moitié est réalisée par des groupes moins grands. Il faut porter une attention soutenue à l'exportation des PME et même des TPE", a-t-il ainsi signalé, proposant de se servir de ces plus petites entreprises d'excellence comme locomotives pour l'exportation.