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Education - Décrochage scolaire : pour des interventions plus précoces et plus coordonnées

Une étude de l'Insee sur les "sorties précoces" du système scolaire dans les pays européens insiste sur l'efficacité des politiques publiques partenariales de prévention.

Le 24 avril, l'Insee publie une étude intitulée "Réduire les sorties précoces : un objectif central du programme Education et formation 2020". En l'occurrence, le programme fixe à 10% l'objectif à ne pas dépasser dans l'Union européenne d'ici à 2020. En 2012, c'étaient encore 12,7% des jeunes Européens qui sortaient précocement du système scolaire (voir la définition académique dans notre encadré ci-dessous). La France était dans une situation légèrement meilleure avec 11,6%. Les sorties précoces sont plus fréquentes dans le sud de l'Europe (24,9% pour l'Espagne, 22,6% pour Malte, 20,8% pour le Portugal, 17,6% pour l'Italie). Les Pays-Bas, quant à eux, affichaient un joli taux de 9% après avoir atteint les 16% au début des années 2000.

Les modèles néerlandais et finlandais

Le résultat néerlandais est le fruit d'une politique volontariste, explique l'auteure de l'étude, Florence Lefresne, chargée des questions sur les relations européennes et internationales à la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp/ministère de l'Education nationale). Une loi votée en 2001 impose ainsi aux établissements de signaler les élèves décrocheurs. Des programmes "sur-mesure" sont alors montés et les décrocheurs sont suivis par "un ensemble d'acteurs coordonnés au niveau local". Sont cités : les écoles, les collectivités territoriales, les services sociaux et les centres locaux de promotion de l'emploi.
Florence Lefresne valorise également la politique de la Finlande (9% de "sortants précoces") en 2012, où les interventions contre le décrochage interviennent de façon "très précoce" justement : dès l'enseignement primaire. L'acteur-clé du repérage est l'enseignant, dont la formation initiale et continue, "de haut niveau", précise l'étude de l'Insee, vise à développer cette responsabilité. Un troisième type d'acteurs (enseignant spécialisé, psychologue, orthophoniste, travailleur social) est susceptible de répondre à des besoins particuliers (comme le retard dans l'apprentissage du finnois ou du suédois, la dyslexie, la dyscalculie, les problèmes familiaux, etc.) En fin de course, "si le jeune est malgré tout décrocheur, il incombe aux municipalités de le réintégrer au système scolaire ou de lui fournir une formation professionnelle", est-il souligné.

La dimension préventive

Plus généralement, la principale caractéristique des réformes récentes en matière de lutte contre les sorties précoces est "l'accent mis sur la dimension préventive", observe Florence Lefresne, se félicitant que "de nombreux pays ayant pris acte d'un coût plus élevé et d'une moindre efficacité des actions de réparation".
Elle note plusieurs directions suivies par les pays de l'Union européenne : participation accrue à l'enseignement pré-primaire ; ciblage sur les publics défavorisés (migrants par exemple) ; développement des filières professionnelles (moyens développés en matière d'orientation ; perméabilité accrue avec les filières générales ; liens resserrés avec le marché du travail) ; renforcement du partenariat avec les parents ; action de soutien individualisé ; écoles de la seconde chance.
Par ailleurs, Florence Lefresne a identifié deux traits des systèmes éducatifs qui sont" propices à de faibles proportions de sortants précoces". Il s'agit de "la continuité structurelle entre les enseignements primaire et secondaire de premier cycle ('troncs communs' non sélectifs)". Et du développement des enseignements professionnels secondaires de second cycle.

Valérie Liquet 
 

Des indicateurs dans tous les sens

En France, il y a 11,6% de sortants précoces, 17% de "sortants sans diplôme", 23,6% de décrocheurs. De quoi parle-t-on ?
Selon l'Insee, un jeune est en situation de sortie précoce du système scolaire quand il est à la fois doté d'un faible niveau d'études, qu'il est sorti du système scolaire et ne bénéficie d'aucune sorte de formation. En France, les sortants précoces sont les jeunes âgés de 18 à 24 ans qui ne possèdent ni CAP, ni BEP, ni diplôme plus élevé, et qui n'ont pas suivi de formation au cours des quatre dernières semaines précédant l'enquête (enquête Emploi). Ils sont 11,6%.
La France utilise également un indicateur de sortants de formation initiale sans aucun diplôme ou avec uniquement le brevet des collèges : ce sont les "sortants sans diplôme". 17% des sortants de formation initiale, soit 135.000 jeunes, sortent du système éducatif sans diplôme. La différence essentielle entre ce pourcentage (17%) et celui des sortants précoces (11,6%) est que le premier s'applique à un flux (les sortants de formation initiale) quand le dernier s'applique à un stock (les 18-24 ans).
Par ailleurs, 23,6% des élèves sont des décrocheurs au sens où "ils n'ont pas terminé avec succès le cycle de formation de second cycle du second degré" dans lequel ils s'étaient engagés.

V.L.

 

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