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Education - Y a-t-il une place hors les murs de l'école pour l'accompagnement des élèves en difficulté scolaire ?

L'Education nationale poursuit son travail sur elle-même, reconnaissant sa pleine responsabilité dans les difficultés scolaires de certains de ses élèves et cherchant des solutions internes. Un récent rapport des deux inspections générales milite encore dans ce sens, sans méconnaître totalement le rôle éducatif assuré par d'autres acteurs que ceux de l'école.

Les difficultés scolaires se révèlent dans l'espace "école" et c'est donc dans cet espace que les réponses doivent être apportées. C'est une des idées clés du récent rapport au ministre de l'Education nationale et à sa ministre déléguée à la Réussite éducative intitulé "Le traitement de la grande difficulté au cours de la scolarité obligatoire". Idée déjà très présente lors du séminaire sur le décrochage scolaire du 8 janvier dernier (et dans le rapport "Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée", voir notre article ci-contre).
On notera toutefois, à la page 63 (sur les 169 que compte le rapport), que "la réussite de l'élève en grande difficulté, plus que celle de tout autre, dépend en partie de l'offre éducative complémentaire à l'école".

Le maître au cœur

Parmi les solutions déjà apportées à l'intérieur de l'école, le rapport propose que les maîtres bénéficient d'une "formation beaucoup plus approfondie pour personnaliser et ajuster leur action" et "une coopération renforcée avec les autres professionnels que sont les médecins de l'Education nationale, les psychologues et les enseignants spécialisés pour analyser et comprendre chacune de ces situations". Quant à l'intervention des membres des Rased, elle "constitue une ressource importante" mais aujourd'hui "trop coupée de ce qui se noue et se dénoue dans la classe".
Hors la classe, les auteurs du rapport estiment que "quels que soient la nature et le volume des aides périphériques (à la classe), elles doivent prendre cohérence et s'articuler dans un projet d'accompagnement personnalisé dont seul le maître peut être concepteur et porteur en lien constant avec les parents".
Ils relèvent aussi que "beaucoup d'enseignants rencontrés considèrent que le temps scolaire, même complété par l'aide personnalisée, n'est pas suffisant pour surmonter la grande difficulté. À leurs yeux, il faut quelque chose 'en plus' de ce qui se passe dans la classe (et non 'à la place de')".

"Un espace où l'on s'occupe d'eux"

Les auteurs du rapport proposent ainsi : "Il faut à ces élèves un espace personnalisé, presque personnel, où l'on s'occupe d'eux, à la fois pour installer une aide spécifique adaptée à la complexité de leur situation et surtout pour leur apporter un accompagnement." Cela existe déjà. Et de citer : "études, accompagnement scolaire d'initiative associative, dispositifs de soutien ou de 'coup de pouce', actions conduites dans le cadre de la réussite éducative ou même centres 'de loisir', mais aussi activités inscrites dans le cadre de l'accompagnement éducatif sous la responsabilité de l'école"… au risque de s'y perdre, les auteurs du rapport notant "la dispersion et l'extrême diversité de cette offre".
Ils constatent par exemple "la grande inégalité territoriale entre des lieux où il n'y a rien, ni étude ni activité organisée (ni même parfois une 'garderie') et d'autres sites où jusqu'à huit à dix possibilités sont proposées entre 16h30 et 18h (et parfois au-delà)". Cela viendrait non pas de la concentration des aides sur des territoires prioritaires, mais davantage, de "différences plus complexes entre l'urbain et le rural, entre des communes qui ont une tradition d'engagement dans le périscolaire et d'autres où l'implication est moindre ou plus récente, entre des quartiers où de multiples associations ou intervenants publics sont présents et d'autres où l'école est presqu'isolée dans un contexte social analogue", est-il écrit dans le rapport.

Foot ou étude ?

Les auteurs regrettent également que l'aide scolaire ou l'aide au travail personnel soit souvent proposée en même temps que d'autres activités périscolaires a priori plus attractives. "Lorsqu'on offre à un élève fragile (ou à ses parents) le choix entre le football et l'étude, ou entre le chant et un soutien à la lecture, on le contraint à choisir entre ce qu'il a envie de faire et ce qui lui est immédiatement utile pour ne pas s'enfoncer dans la difficulté", déplorent-ils, ajoutant que "rares sont les écoles où a pu être constatée une réelle cohérence de l'offre".
Occasion pour rappeler que l'offre périscolaire ne donnera des résultats sur les élèves en grande difficulté que lorsqu'il y a "implication de l'école dans son organisation".