Déchets - Déchets dans les DOM : la solution est-elle dans la coopération ?
L'association Amorce vient de publier à destination des membres de son réseau (556 collectivités et 287 professionnels) une étude sur l'intérêt de la coopération et de la mutualisation entre collectivités à compétences déchets dans les DOM. Son but n'est pas de faire le tour du sujet mais d'ouvrir le débat sur la pertinence ou non de cette piste d'amélioration de la gestion des déchets dans les DOM. Car dans ces territoires "pour la plupart insulaires, exigus, isolés les uns des autres, éloignés de la métropole, très exposés aux risques naturels et ayant une pression démographique et/ou touristique importante", l'urgence est de mise et les collectivités affrontent de réelles difficultés du fait de la saturation des sites de stockage.
Principales difficultés
Pour les emballages ménagers et les papiers graphiques, les performances de recyclage y sont bien plus faibles qu’en métropole avec 26 kg par an et par habitant, contre 67 en métropole. Les volumes de collecte, eux, sont à peu près au niveau de la moyenne nationale. La Réunion s'en tire avec des performances correctes, surtout pour les emballages et le verre. La marge de progrès n'en reste pas moins très forte pour collecter en déchèterie - déchets verts et encombrants y étant majoritairement collectés en porte à porte. Pour ces déchets verts, des records y sont même atteints, avec 153 kg collectés par an et par habitant ! Soit huit fois plus qu'en métropole, ce qui "peut s’expliquer par l’impact important des cyclones sur la production de ces déchets".
De façon générale, c'est la mise en place d'équipements structurants pour le tri et le traitement qui patine, avec de nombreuses unités prévues, planifiées mais qui n’ont pas toujours été construites. La raison : ces investissements sont lourds à porter pour les collectivités. Ces dernières butent aussi sur d'importantes contraintes foncières. Au final le contexte se prête bien, selon Amorce, à une mutualisation des moyens afin de créer à l’échelle d’un territoire "une installation de traitement unique dont le bassin d’approvisionnement élargi rend pertinent et possible sa réalisation".
Un bilan du parc existant
Pour les emballages et papiers issus de la collecte séparée, les cinq DOM possèdent sept centres de tri - un dans chaque DOM et trois à la Réunion. Hormis Mayotte, tous ont au moins une unité de compostage de déchets verts. La Martinique dispose d’une unité de méthanisation des biodéchets. L’île aux fleurs possède aussi la seule unité de valorisation énergétique des ordures ménagères (UIOM) des DOM. La pression des flux se reporte sur les installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) : "Tous les DOM sont équipés mais sur certains territoires, ces installations sont les seuls exutoires de traitement des déchets, et leur arrivée à saturation entraîne une problématique de gestion des déchets à très court terme", pointe l'étude. Pour voir plus loin, il y a besoin de bâtir des stratégies communes, de repartir des mutualisations existantes et de muscler celles-ci. Elles n'ont en effet pas été partout optimisées. "Les degrés de coopération sont plus ou moins poussés selon les territoires", confirme l'étude.
Côté traitement par exemple, la Martinique dispose d'un syndicat de traitement unique. Mais la Réunion est divisée en deux syndicats, et celui de la Guadeloupe, le Syvade, ne couvre pas l’ensemble du territoire. Un syndicat unique réglerait-il le problème ? Dégagerait-il des économies réinvesties dans la modernisation des équipements ? Ou bien générerait-il des contraintes et des frais de transport supplémentaires du fait d'avoir à regrouper les déchets sur un même site ? La question des économies d’échelle en tout cas se pose. Mais la réflexion doit tenir compte des contraintes géographiques, fortes dans ces territoires. Et oblige à ne pas se crisper sur un mode de rapprochement possible. Dans le secteur il n'y a pas une mais des formes de coopérations ou de mutualisations possibles. Ainsi, "la coopération, à travers la création ou la fusion de groupements de collectivités, n’est pas la seule solution envisageable", une entente intercommunale entre syndicats peut aussi s'avérer pertinente et les syndicats peuvent tout à fait travailler ensemble "tout en gardant leur compétence et leur prérogative".
Enfin, la pertinence des centres de traitement multifilières fait l'objet d'un rapide focus. Certes, leur financement est lourd à porter pour les syndicats. La question se pose néanmoins à la Réunion. Dans tous les cas, chaque piste d'optimisation doit évidemment "faire l’objet d’une étude technico-économique approfondie".