De nouveaux facteurs d'attractivité des territoires émergent
À l’occasion d’une rencontre organisée au Hub des Territoires sur le thème de l’attractivité des petits et moyens territoires, le Cner - la fédération nationale des agences de développement économique - et le service Petites Villes de demain de la Banque des Territoires ont fait état de l’évolution des facteurs d’attractivité. Si certains ne changent pas, d’autres émergent comme la disponibilité des talents, le cadre de vie des salariés ou l’accessibilité des services médicaux.

© Hub des Territoires/ Lauriane Perrigault, Mathieu Albouy et Franck Chaigneau
L’attractivité des territoires n’est plus un enjeu isolé comme il a pu l’être par le passé. "Elle repose sur une approche collaborative. Les agences de développement travaillent ainsi en synergie avec les collectivités, les entreprises et même les habitants devenus ambassadeurs de leur territoire", déclare Cindy Edmond, responsable étude et publications au Cner, la fédération nationale des agences de développement économique. Elle s’exprimait lors d'un séminaire organisé le 12 février 2025 au Hub des Territoires sur le thème "Attirer et accueillir des projets économiques : constats et opportunités pour les collectivités petites et moyennes". À cette occasion, Cindy Edmond a dévoilé les premiers résultats d’une étude du Cner sur l'évolution des facteurs d'attractivité des territoires, qui sera diffusée le mois prochain.
Premier constat : l’attractivité territoriale est confrontée à de nombreux défis dont une compétition accrue. "Depuis la loi Notr, les EPCI ont conservé la compétence de développement économique et sont amenés à entrer en concurrence. On voit ainsi des territoires voisins de seulement 20 ou 30 kilomètres qui se retrouvent à se concurrencer fortement."
Les Français à la recherche de territoires à taille humaine
Si les territoires s’ingénient à attirer de nouveaux habitants, c’est que les Français accordent une importance accrue à l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Une tendance qui s’est accélérée avec la crise sanitaire. "Ils recherchent des territoires à taille moyenne, plus humaine, au sein desquels ils pourront trouver des services de qualité à proximité, tout en bénéficiant d’une meilleure qualité de vie (accès aux loisirs, à la culture, et aux espaces naturels)", décrypte Cindy Edmond.
Vue des entreprises, l’attractivité économique d’un territoire dépend de plusieurs facteurs. D’une part, la présence de candidats à recruter. "La disponibilité des talents devient un critère d’implantation pour les entreprises. Elles sont donc particulièrement attentives à la présence d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche sur le territoire". L’accès aux ressources prend également de plus en plus d’importance : accès à l’eau, à l’énergie, au foncier avec le ZAN. S’agissant de l’attractivité économique, "certains facteurs ne changent pas, comme l’accessibilité des territoires, mais de nouveaux facteurs émergent comme la disponibilité de talents, le cadre de vie des salariés ou l’accessibilité des services médicaux".
La pénurie de logement dans les villes moyennes
S’agissant de l’attractivité résidentielle, quatre facteurs sont à retenir : la qualité de vie, le logement, l’offre médicale et l’enseignement. Or, dans les villes moyennes où l’attractivité est grandissante, la pénurie de logements (en particulier ceux adaptés aux familles) devient un frein majeur à l’installation.
En synthèse, Cindy Edmond indique que l’attractivité des territoires repose "de plus en plus sur des approches différenciées et adaptées aux nouvelles attentes des talents et des entreprises". Les territoires qui réussiront seront "ceux qui parviendront à conjuguer cadre de vie, dynamique économique, services de proximité et un accès aux ressources (foncier, eau, énergie)".
L’étude du Cner fait écho au dernier baromètre Petites Villes demain qui met en évidence les mêmes facteurs d’attractivité territoriale (voir notre article du 22 novembre 2024). "La proximité avec la nature et la qualité des relations sociales entre les habitants sont perçus comme les principaux atouts des petites villes", souligne Lauriane Perrigault, experte territoriale du programme Petites villes de demain (PVD) à la Banque des territoires. De plus, 56% des habitants des PVD estiment que la qualité de vie s’est améliorée grâce aux efforts consentis par les petites villes dans la mise en place de politiques d’adaptation au changement climatique. 76% d’entre eux apprécient le dynamisme local via les associations, le bénévolat ou les réunions publiques, et 75% l'offre en activités de loisirs et de sports.
L’accès à l’emploi n’est plus un facteur d’attractivité prioritaire
Pour les habitants des petites villes, les services de proximité prioritaires sont l’offre de services de santé (pour 47%, en augmentation), l’offre de commerces (35%), et les mobilités (33%). La faible présence de ces trois facteurs représente de réels freins à l’installation.
Le baromètre PVD 2024 livre un enseignement surprenant : l’accès à l’emploi n’apparaît plus dans le trio de tête des facteurs d’attractivité alors que dans les deux précédentes éditions, cet item figurait parmi les points de vigilance particuliers des Français. "Ceux-ci estimeraient donc que la mobilité vers une petite ville n’est pas forcément un obstacle à l'emploi. C’est un élément d’évolution important", selon Franck Chaigneau, responsable du service Petites Villes de demain à la Banque des Territoires.