Compétitivité - Crédit impôt compétitivité emploi : un impact surévalué ?
Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (Cice) instauré par la loi de finances rectificative pour 2012 constitue l'a clef de voute de la stratégie du gouvernement pour relancer la compétitivité. Selon ses estimations, 300.000 emplois pourraient être créés d'ici à 2017. Mais pour l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), qui a utilisé son propre modèle, le résultat serait plutôt de 150.000 emplois, soit moitié moins. Il génèrerait quand même une baisse du taux de chômage de 0,6 point, selon son étude d'impact publiée le 1er février. S'agissant du retour sur la croissance, le décalage serait plus important encore : le gouvernement table sur 0,5 point de PIB, l'OFCE estime que le gain se limitera à 0,1 point.
Le Cice sera égal à 6% de la masse salariale, hors cotisations patronales, pour les salaires de moins de 2,5 Smic. Son coût se monte à 20 milliards d'euros, financés pour moitié par des économies dans les dépenses publiques (dont le détail n'a pas été précisé, rappelle l'observatoire) et pour moitié par des hausses de TVA à partir de 2014 et une fiscalité écologique qui reste elle aussi à préciser... Soit du pouvoir d'achat en moins pour les ménages. Il aura ainsi un impact "légèrement récessif de 2014 à 2016". "La perte de pouvoir d'achat des ménages liée aux hausses d'impôt, et la réduction des dépenses publiques" l'emporterait sur "la baisse des prix et le rétablissement des marges des entreprises". Par la suite, le Cice devrait engendrer des gains de parts de marché pour les entreprises, par l'augmentation des exportations liée aux baisses de prix ou la réduction des importations consécutive à la hausse de TVA. Mais à partir de 2017, l'impact devrait être moins positif en raison de l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages lié à une hausse de l'emploi et à de possibles compensations salariales au sein des entreprises, ce qui entrainerait une moindre réduction des importations.
De plus, l'OFCE estime que le Cice serait insuffisant pour relancer l'investissement productif, surtout si la demande reste faible, car les entreprises auront davantage tendance à favoriser les créations d'emploi que l'investissement.
Concernant la répartition sectorielle, l'industrie devrait être un des grands bénéficiaires du dispositif. "L'industrie récupèrerait 22% de l'enveloppe globale (soit 4,4 milliards d'euros sur les 20 milliards), soit plus que son poids dans la valeur ajoutée qui n'est que de 17% ; à l'inverse, les services marchands bénéficieraient de 67% de l'enveloppe globale alors qu'il représentent 75% de la valeur ajoutée marchande", souligne l'étude, précisant qu'en outre, "l'industrie peut bénéficier des effets induits liés à la baisse des prix des consommations intermédiaires conséquente à la diminution des coûts de production dans d'autres secteurs".