Création d'entreprises : Bpifrance et Initiative France renforcent leur partenariat pour les quartiers
À l'heure actuelle, la part de créateurs d'entreprise des quartiers suivis par des réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise est encore faible. Initiative France comme Bpifrance comptent changer la donne, à partir d'accélérateurs créés sur le même modèle que les accélérateurs destinés aux start-up, PME ou ETI.
"Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, nous suivons quantitativement 600 porteurs de projet d'entreprise par an, c'est insuffisant, notre ambition est d'atteindre 1.500 personnes par an." L'objectif d'Initiative France a été rappelé par Louis Schweitzer, président du réseau, à l'occasion du renouvellement, le 11 septembre 2018, de la convention de partenariat avec Bpifrance (voir encadré ci-dessous). Le potentiel est là : d'après l'Observatoire national de la politique de la ville, une personne sur quatre issues des quartiers souhaite créer son entreprise. Encore faut-il pouvoir être accompagné dans les démarches et son projet.
Les plateformes d'Initiative France soutiennent la création d'entreprises dans ces quartiers, à travers un service d'amorçage de projets, des actions de sensibilisation (permanences, séances d'informations) et une information sur les aides et appuis disponibles. Même chose au sein de Bpifrance, qui du fait des prérogatives qui lui ont été récemment confiées en matière de soutien aux TPE, PME et à l'entrepreneuriat, et de suivi et financement des réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise, va s'attaquer davantage aux quartiers prioritaires. La banque s'est déjà investie sur le sujet, avec le lancement en 2015 d'un prêt "entreprises et quartiers" pour financer les entreprises situées dans les quartiers prioritaires et les zones franches urbaines. Prêt qui a été fermé en janvier 2018.
Mais sur le sujet, Bpifrance et Initiative France partagent le même avis : il n'est pas souhaitable de créer un fonds dédié à ces quartiers (comme le préconisait Jean-Louis Borloo dans son rapport remis au Premier ministre le 26 avril) ou des dispositifs spécifiques, mais plutôt de leur faire bénéficier pleinement des mesures de droit commun dédiées au soutien à la création d'entreprise. "Nous ne voulons pas d'une Bpifrance des quartiers, a ainsi détaillé Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique d'investissement. Il y a Bpifrance et c'est tout." La banque publique compte développer pour ces entrepreneurs des quartiers les mêmes outils utilisés pour les plus grandes entreprises : les accélérateurs d'entreprises. Ces dispositifs ont été mis en place pour les start-up, les PME et les ETI au niveau national, avec un développement au niveau régional, en partenariat avec les régions. "Nous déploierons de la même façon des accélérateurs dans les quartiers, en s'appuyant sur les réseaux associatifs, avec des promotions, des conseils, du mentorat, du coaching, et des partenariats avec des écoles, pour revenir aux fondamentaux. C'est un concept très efficace avec un taux de satisfaction des entrepreneurs accompagnés très élevés." Pour exemple, après un cursus de vingt-quatre mois d'accompagnement, les entreprises de la deuxième promotion de l'accélérateur PME (2016-2018) ont enregistré une croissance moyenne de leur chiffre d'affaires de 25% et ont vu leurs effectifs augmenter de 34%.
Un rôle central pour les communes et regroupements de communes
L'idée de lancer de tels accélérateurs dans les quartiers coïncide avec la volonté de Bpifrance de s'intéresser au fur et à mesure à de plus petites entreprises. La banque a notamment mis en place des prêts TPE dans les territoires, en partenariat avec les régions, de 10.000 à 50.000 euros, sans garantie et 100% en ligne.
L'approche des porteurs de projets des quartiers prioritaires reste toutefois spécifique, puisqu'il faut déjà savoir les repérer, la maille étant très petite. "Les collectivités territoriales, et pour une majorité les régions, apportent la moitié des financements pour notre réseau, mais pour cette cible, il faut une proximité territoriale que les régions n'ont pas ; le rôle des communes et des regroupements de communes est central dans ce domaine", détaille à Localtis Louis Schweitzer. A l'heure actuelle, les communes et structures intercommunales financent 12,7% des fonds des prêts d'honneur d'Initiative France, contre 21,8% pour les régions, mais elles prennent aussi en charge 19,5% de l'accompagnement des créateurs-repreneurs, contre 14,5% pour les régions.
Autre frein : l'autocensure. "Notre rôle est d'aller au-devant de ces personnes et de leur montrer qu'elles peuvent créer des entreprises", a précisé Louis Schweitzer estimant qu'avant la mise en place des accélérateurs, il y a un gros travail sur ces barrières psychologiques et sur les codes que ces entrepreneurs devront maîtriser pour se repérer dans l'univers de l'entrepreneuriat.
Bpifrance et Initiative France : un partenariat renouvelé et étendu
Bpifrance et Initiative France ont renouvelé et étendu leur convention de partenariat le 11 septembre 2018. Ce partenariat, engagé depuis 2011, permet de favoriser les projets de création et de reprise d'entreprises en facilitant l'accès à des prêts d'honneur, accordés à taux zéro, sans garantie personnelle et assortis d'un accompagnement. Entre 2012 et 2018, près de 510 millions d'euros de prêts d'honneur ont été accordés par Initiative France dans ce cadre. Des prêts qui ont ainsi bénéficié de la garantie Bpifrance. Plus de 57.500 créateurs ou repreneurs d'entreprises ont eu accès à ces prêts pour un montant moyen unitaire de 8.800 euros, et jusqu'à 50.000 euros en moyenne pour les entreprises innovantes.
Dans le cadre du renouvellement de leur convention, les deux acteurs ont décidé d'étendre leur partenariat en intégrant les jeunes TPE et PME de plus de trois ans. Elles pourront bénéficier du dispositif de soutien. "Actuellement, 7% des entreprises aidées par Initiative France sont des projets en croissance, c'est-à-dire des entreprises dans leurs premières phases de croissance, entre trois et sept ans, a expliqué Louis Schweitzer, président d'Initiative France lors de la signature de la convention le 11 septembre. Or ces entreprises n'ont pas forcément un bilan qui inspire confiance aux banques et si leur développement est retardé, souvent il est compromis. Si la France est recordman en Europe des créations d'entreprises, elle a un déficit en matière de croissance des TPE."