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Mobilités - Covoiturage et services vélos : l'Ademe encourage et rassure les collectivités

A travers deux études dévoilées le 14 septembre l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) démontre les impacts positifs pour les territoires des services liés au vélo et au développement du covoiturage courte distance.

Il n'y a pas que les vélos en libre-service dans la vie ! Si en une dizaine d'années, ils se sont installés dans le paysage des déplacements urbains français démontrant toute leur utilité pour compléter l'offre de transports existante (voir notre article dans l'édition du 21 juillet 2015), d'autres formules intéressent de près les collectivités. Une étude réalisée par Inddigo pour l'Ademe présentée le 14 septembre fait le point sur ces autres solutions. Et renouvelle un constat déjà fait, de façon surprenante il y a deux ans par la direction générale des entreprises (voir notre article dans l'édition du 12 juin 2014), selon lequel la location longue durée de vélos aurait le vent en poupe. Il y aurait même là un marché porteur. Pour une ville de 10.000 habitants, l'idéal est ainsi d'avoir une flotte de 25 à 60 vélos qu'il est possible de louer sur une longue durée. Durant un an par exemple, pour intéresser des étudiants de passage dans une école ou en formation. "Des services plus ambitieux peuvent également proposer des services atteignant les 100 vélos pour 10.000 habitants", note cette étude qui évalue par ailleurs les bénéfices que peuvent en tirer les collectivités.

Visée sociale

Les villes souhaitant développer ce type de services dans une visée sociale, en espérant aider des habitants moins aisés ou des étudiants, ont une chance d'y parvenir. En effet – et c'est un point commun avec les systèmes de vélos-écoles - seule la location de vélos classiques les attire. A l'opposé la location de vélos à assistance électrique (VAE) s'adresse principalement aux CSP+ de plus de 40 ans. Et ce malgré une tarification sociale qu'elles tentent bien souvent d'intégrer. Un travail reste donc à faire sur cet enjeu tarifaire. Si le curseur est placé ailleurs, par exemple sur l'efficacité économique et les gains environnementaux, mettre à disposition des VAE (location et aides à l'achat) reste pertinent et "entraîne une forte baisse de l'utilisation de la voiture particulière". De même pour le développement du stationnement et de l'intermodalité en gare (vélo + transport collectif), un service lié aux déplacements domicile-travail. "Au final tous ces services coexistent plutôt bien sur nos territoires et contribuent à la démotorisation des ménages", résume Johan Ransquin, chef du service transports et mobilité à l'Ademe.

Covoiturage de proximité

Le seconde étude fait le point sur le développement du covoiturage régulier de courte et moyenne distance. Un marché qui progresse moins vite que le covoiturage longue distance dominé par BlaBlaCar. Moins compétitif il se développe toutefois et fonctionne mieux lorsque les collectivités impliquent sur le sujet le tissu économique (entreprises, gestionnaires de zones d'activités). Un choix fait par l’Eurométropole de Strasbourg. Avec l'appui d'un cabinet de conseil et dans le but de faciliter la mise en œuvre des plans de déplacements sur son territoire, cette collectivité a développé un outil, baptisé Optimix, gratuit, reposant sur une simple convention partenariale et utilisé autant par le syndicat local des eaux qu'un centre commercial, un groupe hospitalier ou encore l'Urssaf Alsace. Il repose sur une plateforme web analysant les trajets domicile-travail de leurs employés et suggérant des covoiturages potentiels avec des salariés d'entreprises alentour. Les PME sont visées tout comme les entreprises ou administrations qui veulent débuter, relancer ou dépoussiérer leurs plans de déplacements.

Quelques conseils

Pour porter et faire vivre une plateforme de mise en relation de ce type, l'étude de l'Ademe fournit des conseils concrets. Elle recommande par exemple de miser sur des outils simples répondant aux besoins des usagers et d'éviter de financer et d'intégrer dans cette plateforme des fonctionnalités compliquées qui seront peu utilisées, comme le paiement sécurisé en ligne ou l'information en temps réel. La localisation et l'aménagement des aires font aussi l'objet de recommandations précises. Pour développer en zone urbaine peu dense du covoiturage courte distance il ne faut pas non plus négliger les volets communication et de suivi-évaluation. Ce qui a un coût, évalué par l'étude à 10.000 euros par million d'habitants à l'échelle d'une région.

Morgan Boëdec / Victoires-Editions

Indemnité kilométrique vélo : l'Ademe prête pour Un Second tour de roue
 

Un décret publié le 31 août institue à titre expérimental une prise en charge de l'indemnité kilométrique vélo (IKV) pour les déplacements effectués par les personnels relevant des ministères de l'Environnement, du Logement et des établissements publics qui en dépendent. Soit au bas mot une quarantaine de milliers d'agents. Dont ceux de l'Ademe qui avaient déjà testé le dispositif il y a deux ans sur le site d'Angers (Maine-et-Loire). "En interne nous allons pousser pour qu'elle prenne et se développe", confie Johan Ransquin. Une nouveauté car l'IKV était jusque-là cantonnée au secteur privé. Notons qu'elle intéresse aussi des collectivités, qui l'ont d'ailleurs fait savoir (voir notre article dans l'édition du 21 mars 2016). Son extension aux administrations était évoquée depuis début 2016.

M.B. / Victoires-Editions