Mobilité - Louer des vélos, un secteur porteur pour les collectivités ?
Il est peu courant que la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) se penche sur ce marché : selon l'étude de 200 pages qu'elle a commandée aux cabinets Nomadéis et Mobiped et rendue publique le 10 juin, la flotte française de vélos en location oscille entre 615.000 et 800.000 unités. Sans surprise, l'offre est atomisée, l'activité saisonnière. Et le marché très porteur depuis 2000, grâce au boom des flottes mises à disposition des employés en entreprise ou administration, et la force de frappe du cyclotourisme (8 millions de séjours générant 1,9 milliard d'euros de chiffre d'affaires). Aux côtés des loueurs, acteurs du tourisme, prestataires de service ou exploitants de flottes interviennent aussi les collectivités, "et ce sur plusieurs segments, en tant qu'acteurs directs de la location, commanditaires ou prescripteurs". Une soixantaine d'entre elles ont répondu à l'enquête. Concrètement, que proposent-elles ? "Une prestation de location de cycles sur leur territoire, tous segments de location confondus (vélos en libre-service ou VLS, location longue durée)." Elles sont donc à la tête de flottes de plusieurs centaines, voire milliers de cycles. Le volume d'activité reste néanmoins faible : "La location de vélos fait partie des différents services mis à disposition des citoyens mais reste marginale au regard de l'ensemble des prestations proposées par les collectivités."
Un secteur porteur : la location longue durée
D'après l'enquête, le gros de ces collectivités a une flotte de vélos de cinq à six ans d'âge. La clientèle est essentiellement locale et l'esthétique du vélo est considérée comme un point important. En dehors des systèmes en libre-service, présents dans une trentaine de villes (46.000 vélos) mais d'ores et déjà saturés, la tendance va à la location longue durée. "Un service qui attire de plus en plus les collectivités territoriales." L'étude estime qu'il y a là un marché porteur : "A titre indicatif, 17 communes de plus de 100.000 habitants et 67 communes comprenant entre 25.000 et 50.000 habitants ne sont pas encore équipées de tels dispositifs. Par ailleurs, une partie des collectivités déjà équipées de vélos de location longue durée évoque une possibilité d'accroissement de leur flotte dans un futur proche." Le circuit d'approvisionnement n'est évidemment pas le même que pour les loueurs et vélocistes : en collectivité, les vélos sont généralement achetés "par le biais d'appels d'offres publics, qui comportent des procédures spécifiques". Comment les cahiers des charges sont-ils orientés ? "Plutôt vers les fonctionnalités, lorsque le marché porte sur l'installation et l'exploitation d'un service, comme c'est le cas du Grand Lyon, ou plus techniques lorsque le marché porte uniquement sur la fourniture de vélos, par exemple à Grenoble, Strasbourg et Chambéry". Lorsque ces flottes de vélos de service sont destinées aux agents, la commande peut aussi transiter par l'Ugap. Sauf qu'à ce jour, "seule une marque, Arcade, est référencée par cette centrale d'achat public", nuance l'étude.
Leviers de développement
L'étude identifie plusieurs leviers de développement dont le renforcement, chez l'ensemble des acteurs cités, des compétences d'entretien-réparation et un besoin de rapprochement entre loueurs et fabricants. A l'instar de ce que font nos voisins allemand et hollandais, l'étude préconise une meilleure coordination entre acteurs. Elle estime aussi que "le développement du vélo à assistance électrique (VAE) semble particulièrement prometteur, bien que son coût élevé reste encore aujourd'hui un frein important". Un point qui intéresse de près les collectivités : près de 40% de celles qui disent vouloir acquérir des vélos dans les prochaines années ont cité le VAE, ce qui en fait le type de vélos le plus mentionné. En Savoie, la communauté de communes Haute Maurienne Vanoise vient ainsi d'en acquérir. "Ces collectivités passent généralement des accords avec des acteurs locaux, vélocistes ou loueurs, afin d'entretenir, d'entreposer la flotte et d'assurer la prestation de mise à disposition-location. A terme, elles ont pour objectif de léguer ou de revendre la flotte aux acteurs avec lesquels elles ont passé des accords, afin de garantir la pérennisation du système et son appropriation au niveau local. En plus du rôle initial d'impulsion, les collectivités jouent donc également un rôle d'accompagnement, de structuration et de coordination de l'activité", conclut l'étude.