Transports - Extension de l'indemnité vélo et voirie mixte : deux enjeux clés pour les villes cyclables
Placées sous le signe de la loi sur l'air ou loi Laure (loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie), dite aussi loi Lepage, les rencontres 2016 du Club des villes et territoires cyclables (CVTC) ont permis de faire un point sur l'instauration de l'indemnité kilométrique pour les salariés utilisant ce mode de transport pour aller de leur domicile à leur travail. "Une nouveauté qui va se diffuser progressivement. Nous la faisons connaître aux organisations syndicales et professionnelles. Pour promouvoir l'indemnité kilométrique vélo (IKV) un observatoire est lancé, avec pour l'heure une dizaine d'entreprises impliquées", a indiqué Véronique Michaud, déléguée générale du CVTC. "L'IKV est réservée au secteur privé. C'est dommage car des collectivités se disent intéressées", a rebondi Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris en charge des transports et de l'espace public. Un projet de décret circulerait pour l'étendre à la fonction publique. Mais d'ores et déjà, sans base légale, des collectivités naviguent un peu à vue et préparent le terrain. Par exemple le Grand Dijon, qui ne tait pas sa volonté d'expérimenter cette mesure en interne. Au conseil départemental du Finistère, une responsable propose pour ce faire de s'appuyer sur le plan de mobilité (PDM).
Aménagements de voirie
La loi Laure a beaucoup fait, mériterait selon certains un lifting, mais aussi d'être mieux connue ! En effet, toutes les collectivités, surtout les plus modestes, savent-elles qu'elle impose (article 20) de prévoir dès l'amont d'un projet de voirie des aménagements cyclables adaptés ? Avec le risque, si elles ne le font pas, de rendre instable leur projet au niveau juridique. Ou de devoir réaliser des études complémentaires pour une mise en conformité tardive, ce qui impacte le budget de l'opération. Un conseil, donc : se rapprocher si besoin des associations de terrain ou consulter le site du programme partenarial "Une voirie pour tous", qui vise "à construire une culture commune de l'aménagement et de la gestion de la voirie urbain". "Ce qu'il faut retenir, c'est que ne pas tenir compte des vélos et piétons dans ces aménagements de voirie peut représenter une coûteuse erreur", a résumé lors de ces rencontres le conseiller régional d'Ile-de-France Pierre Serne.
Angles morts des politiques publiques
Sur le terrain, les concepteurs d'itinéraires cyclables font face à des obstacles. "Nous travaillons en tant qu'association avec le département du Nord sur des aménagements cyclables. C'est complexe, très normé, cela ne se résume pas à passer des coups de pinceaux sur les trottoirs ! Souvent c'est à l'entrée des localités que les choses se compliquent", a témoigné, photos à l'appui, Michel Anceau, de l'association Droit au vélo (Adav). "La continuité de ces itinéraires peut être mise à rude épreuve. Parfois, il faut renvoyer le cycliste sur la chaussée mais comment faire lorsqu'y transitent 40.000 véhicules par jour ?", interroge aussi Pierre Ouallet, chargé d'études en déplacements actifs au Cerema (ex-Cete). Vide juridique : les espaces piétons-cyclistes n'existent pas en France. Or un aperçu des pratiques européennes fait réfléchir : l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche ont réglementé ces espaces mixtes. Pour être précis, dans une agglomération, celle de Strasbourg, une expérimentation a été envisagée, aussitôt contestée puis annulée (sur fond de conflit d'usage) par une association de défense des piétons.