Energie - Coupures d'électricité limitées en 2012, au prix de lourds investissements
75 minutes en 2012 contre 73 en 2011 et 119 en 2010 : c'est le temps de coupure annuel moyen par client communiqué par ERDF le 28 janvier. La filiale d'EDF qui gère le réseau électrique de proximité (soit 1,3 million de km de lignes à basse et moyenne tension) sur 95% du territoire, souligne que ce résultat a été atteint en dépit d'un quadruplement des aléas climatiques importants (tempêtes, vague de froid) l'an dernier (8 événements significatifs contre 2 en 2011).
L'effort de rattrapage, après des années de sous-investissement dans les réseaux, semble porter ses fruits. "Nos investissements ont augmenté de manière soutenue depuis 2009, avec en moyenne une hausse de 10% sur les trois dernières années", ceux-ci ayant grimpé à 3 milliards d'euros en 2012, a déclaré à l'AFP Gilles Galléan, directeur technique d'ERDF. Sur ce total, un milliard et demi d'euros sert à accompagner l'évolution des besoins des clients - 446.000 nouveaux clients, particuliers et entreprises, et 36.000 nouveaux producteurs, principalement photovoltaïques, ont été raccordés l'an passé sur le réseau -, et 400 millions à répondre à diverses obligations réglementaires. Le reste, soit un peu plus d'un milliard d'euros, finance des investissements ciblés pour moderniser les réseaux (près de 1.000 km de câbles ont été renouvelés en 2012 dans les zones urbaines), renforcer les opérations d'élagage, enfouir des lignes (plus de 5.000 km l'an dernier, majoritairement dans des zones boisées et en milieu rural), changer les postes-source (qui abaissent la tension du courant grâce à des transformateurs)...
Cependant, beaucoup de travail reste à faire, comme est venu le rappeler le récent incident dans les Hauts-de-Seine, où jusqu'à 80.000 clients ont été privés de courant suite à l'incendie d'un transformateur. De plus, certaines collectivités, qui sont propriétaires des réseaux électriques, ERDF n'en étant que l'exploitant, se plaignent régulièrement de ne pas être suffisamment associées aux décisions du gestionnaire de réseau. "Même s'il y a une reprise des investissements, nous manquons d'informations sur ce que cela représente sur le terrain, et sur l'état du réseau, et nous en réclamons à cor et à cri", a déploré Catherine Dumas, directrice générale adjointe du Sipperec, un groupement de collectivités franciliennes qui mène plusieurs bras de fer contre ERDF.
En outre, les conditions de financement d'ERDF sont depuis des années dans le collimateur du Sipperec. Il a réussi l'an dernier à faire invalider par le Conseil d'Etat le tarif d'acheminement du courant, ou "Turpe", une composante des factures d'électricité qui rémunère ERDF et les autres gestionnaires de réseau. Son calcul a été jugé non transparent et va donc devoir être modifié, ce qui a fait naître des incertitudes quant au financement futur de la filiale d'EDF.
"Nous attendons que les pouvoirs publics nous donnent un cadre tarifaire transparent, solide et stable, qui nous permette de poursuivre nos investissements et nos missions de service public, à la fois pour assurer la qualité des réseaux mais aussi pour préserver tout le tissu industriel et les emplois qu'il y a derrière", a plaidé Christophe Vanhove, directeur des études financières d'ERDF. De son côté, le Sipperec assure qu'il n'est pas question de remettre en cause les investissements d'ERDF. "Ce que nous demandons, c'est de la transparence dans le calcul du tarif", souligne Catherine Dumas. Le Sipperec estime en outre que, comme d'autres concessionnaires, ERDF pourrait financer certains investissements par l'emprunt.