Conseil national de la transition écologique : des hausses de crédits pour MaPrimeRénov' et la biodiversité

En ouverture du Conseil national de la transition écologique qui s'est tenu ce 12 juillet, la Première ministre a annoncé une hausse de 66% du budget de MaPrimeRénov', qui sera porté de 2,4 à 4 milliards d'euros pour 2024. 264 millions d'euros de crédits supplémentaires seront en outre consacrés à la biodiversité dès l'année prochaine. La prochaine stratégie nationale en la matière doit être présentée le 20 juillet.

Quelques jours après avoir annoncé dans une interview au Parisien que l'État consacrerait 7 milliards d'euros supplémentaires à la transition écologique l'an prochain (lire notre article), Élisabeth Borne a livré de nouveaux détails sur l'affectation de ces crédits en ouverture du Conseil national de la transition écologique (CNTE) qui s'est tenu ce 12 juillet. "Nous porterons le budget de MaPrimeRénov' à 4 milliards d'euros, soit une hausse de 1,6 milliard d'euros", a déclaré la Première ministre, évoquant une augmentation "sans précédent" (66%) du budget annuel du dispositif-phare d'aide à la rénovation des logements. "Sous réserve du détail de la mesure, c’est une bonne nouvelle pour l’environnement", a aussitôt salué la Fédération française du bâtiment (FFB), estimant avoir été "entendue". "Cette décision donnera un nouveau et puissant souffle à la rénovation énergétique, a-t-elle souligné. Elle met en cohérence moyens et ambitions que s’est fixés le pays."

Infrastructures de transport et décarbonation de l'industrie

"Nous augmenterons également les moyens de l'État dans les infrastructures de transport d'un quart, soit une hausse d'un milliard d'euros pour permettre la décarbonation des mobilités", a également indiqué Élisabeth Borne. "Ces moyens s'ajoutent aux investissements massifs de France 2030, notamment pour la décarbonation de l'industrie, a-t-elle poursuivi. À nos côtés, les collectivités et les entreprises vont investir. Bpifrance et la Banque des Territoires ont d'ores et déjà annoncé qu'elles augmenteraient considérablement leurs interventions pour les porter à 100 milliards d’euros sur 5 ans." Rappelant avoir confirmé récemment la pérennisation du fonds vert, la Première ministre a estimé que "l'engagement cumulé de tous devrait permettre en 2024 d'augmenter notre investissement en faveur de la transition écologique de 60 milliards d'euros".

Plus de moyens pour la biodiversité

"La planification écologique ne se limite pas à la question des gaz à effet de serre", a ajouté Élisabeth Borne, en rappelant qu'elle s'était engagée auprès du CNTE "à accélérer pour la préservation et la restauration de la biodiversité". "Je vous annonce que 264 millions d'euros de crédits supplémentaires seront consacrés à la biodiversité dès l'année prochaine", a-t-elle déclaré. "Ils s'ajoutent aux 300 millions d'euros du fonds Friches et aux crédits du fonds Renaturation, pérennisés au sein du fonds vert", ainsi qu'à une part, non précisée, des 475 millions de crédits alloués aux agences de l'eau et déjà annoncés le 30 mars dans le cadre du plan Eau. "C'est donc au total près d'un milliard d'euros qui seront consacrés à la biodiversité en 2024", a conclu la Première ministre.

La troisième stratégie nationale de la biodiversité bientôt dévoilée

Cette annonce précède la présentation imminente du projet de troisième stratégie nationale biodiversité (SNB) de la France, avec deux ans de retard et après l'échec des deux précédentes. La France, avec la métropole et les territoires d'outre-mer, dispose d'un patrimoine naturel très riche mais menacé par l'urbanisation et les infrastructures de transport, les pollutions, la surexploitation, le changement climatique et l'introduction d'espèces exotiques envahissantes.
Cette nouvelle stratégie, qui sera présentée le 20 juillet devant le Conseil national de la biodiversité, doit traduire en France les objectifs de l'accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité : protection effective de 30% des terres et des mers, restauration de 30% des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides, etc. Ces objectifs de la COP15 à atteindre d'ici 2030 sont aussi au coeur d'un projet de loi européen qui s'imposera à la France et qui a échappé de justesse ce mercredi matin à une motion de rejet (lire notre article).
"Zones humides, forêts, sols, mers et littoraux : nous déploierons des actions sur tous les écosystèmes dégradés, notamment 50.000 hectares de zones humides", a poursuivi la cheffe du gouvernement, rappelant l'engagement présidentiel de "plantation d'un milliard d'arbres".
Dans la foulée, la secrétaire d'État à l'Écologie, Bérangère Couillard, a listé quelques éléments supplémentaires de la future SNB : "réduction de 50% des pollutions lumineuses", "résorption de toutes les décharges littorales identifiées (94 à ce jour)", "protection de l'ensemble des herbiers de posidonies de Méditerranée" et de "100% de nos récifs coralliens ultramarins d'ici 2025". Pour étendre ou renforcer les aires protégées (33% du territoire français actuellement), il y a "plus de 450 projets identifiés à créer d'ici 2027 dont un projet de parc national pour protéger les milieux humides", a annoncé la secrétaire d'État, promettant d'atteindre 10% du territoire placé sous "protection forte" en 2027. "Cela concernera aussi la mer avec un objectif, à terme, d'atteindre 5% en Méditerranée", a-t-elle ajouté.

 
  • Préparatifs du plan national d'adaptation au changement climatique : Christophe Béchu lance les chantiers prioritaires

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a lancé ce 11 juillet les travaux des trois chantiers prioritaires en vue de la publication d’un plan national d’adaptation au changement climatique fin 2023. Ce plan consistera en une mise à jour du second plan d’adaptation au changement climatique, qui couvrait la période 2018-2022 et sera enrichi de la consultation autour de la trajectoire de réchauffement de référence qui prévoit une hausse de 4°C en France métropolitaine d’ici la fin du siècle, a expliqué le ministère de la Transition écologique dans un communiqué.
Le lancement de ces chantiers prendra la forme de trois groupes de travail autour des enjeux prioritaires pour l’adaptation, indique le ministère : "résilience des infrastructures et des services publics", "accompagnement des territoires" et "adaptation de l’économie française".
Le premier groupe de travail se penchera sur les modalités de mise à jour de l’ensemble des référentiels, normes et réglementations techniques ayant une composante climatique pour prendre en compte les effets du changement climatique dans tous les domaines (bâtiment, transport, énergie, réseaux, risques naturels…) et assurer la continuité des infrastructures et services publics. Il s’agira notamment de définir des normes de construction résiliente mais également d’améliorer la résilience des infrastructures existantes.
Le deuxième groupe de travail abordera les modalités d’accompagnement des collectivités face au changement climatique et de déclinaison de la trajectoire d’adaptation au changement climatique dans les outils de planification locale. 
Les modalités de mise en œuvre de la trajectoire de réchauffement de référence par les acteurs économiques et l’accompagnement des filières seront au cœur des travaux du troisième chantier qui abordera également les questions de montée en compétence et de conditions de travail.
Ces groupes de travail rassemblent l’ensemble des parties prenantes, notamment les associations de collectivités territoriales, les représentants des entreprises et des syndicats de salariés, les assureurs, les énergéticiens, les constructeurs et exploitants d’infrastructures, les services de l’État et les opérateurs de l’État…
Ils rendront leurs travaux à l’automne, autour de trois feuilles de routes qui formeront le socle du troisième plan d’adaptation au changement climatique (PNACC).