Comment soutenir l’épanouissement des jeunes à l’échelle des bassins de vie ? Le diagnostic de quatre intercommunalités

Dans les agglomérations d’Arras, Bourges, Clermont-Ferrand et Foix, les élus des intercommunalités et leurs partenaires ont participé à une "Fabrique prospective", initiée par France urbaine et Intercommunalités de France et pilotée par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, sur les jeunes et les politiques locales qui leur sont dédiées. Un enseignement, notamment, en ressort : la nécessité de clarifier le rôle de chacun.  

"Comment faire des territoires des espaces ressources qui soutiennent l’épanouissement des jeunes ?" Quatre intercommunalités – celles d’Arras, de Bourges, de Clermont-Ferrand et du Pays Foix-Varilhes en Ariège – se sont posé la question pendant un an dans le cadre d’une "Fabrique prospective", pilotée par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), à l’initiative de France urbaine et d’Intercommunalités de France et en partenariat avec l’École des hautes études en santé publique (EHESP), le Forum français de la jeunesse et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). Animée par la coopérative d’études et de recherche Coop’Eskemm, la démarche a donné lieu à des séminaires réunissant dans ces territoires des agents et élus de l’intercommunalité et des partenaires tels que les missions locales, les centres communaux d’action sociale (CCAS), les associations de jeunesse, les lycées et les universités. Des séminaires "intersites" ont également permis aux intercommunalités participantes et à leurs partenaires nationaux d’identifier des enjeux et enseignements communs. 

Participation : les multiples sollicitations ont "souvent un effet démobilisateur"

Récemment publié, le rapport de cette Fabrique prospective présente d’abord un "état des lieux post-Covid" de l’épanouissement des jeunes. Quatre "enjeux partagés" par les intercommunalités participantes sont ensuite exposés. Les participants ont d’abord insisté sur la nécessité de "limiter la multiplication des espaces de participation" et d’"assurer leur bonne articulation". En effet, "sur un même territoire, un jeune peut être multiplement sollicité, ce qui a souvent un effet démobilisateur", est-il expliqué. Sur ce sujet, les élus peuvent s’appuyer sur l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej, voir notre article) et sur le dispositif "Territoires d’engagement" de l’ANCT. 

Autre difficulté constatée : "un manque de culture commune, de valeurs partagées et de travail en collectif entre acteurs de la jeunesse à l’échelle du bassin de vie". La solution identifiée est de mutualiser la connaissance sur les jeunes du territoire (productions diverses, données de l’Injep, des collectivités et des associations, des agences d’urbanisme, etc.) et d’"assurer la mise à jour des informations". En Ariège, une "photographie" quantitative et qualitative des 11-25 ans déclarant "habiter régulièrement" dans le département a notamment permis de montrer "que la famille était le centre d’intérêt premier des jeunes Ariégeois, que ceux en activité professionnelle attachaient une importance particulière à rester sur le territoire, ou encore que l’accès à un emploi et à un logement étaient des conditions pour tous pour rester vivre sur le territoire". 

Troisième enjeu : l’accès des jeunes à leurs droits. Sans surprise, la nécessité d’une meilleure coordination entre les acteurs est soulignée. Cela peut passer par un "lieu unique", comme c’est le cas à Morlaix (Finistère) avec le tiers-lieu "2D" dédié aux 18-30 ans et coordonné par le réseau d’échange et de services aux associations en pays de Morlaix (Resam). 

Clarifier le positionnement de l’intercommunalité par rapport aux communes  

Enfin, les participants de la Fabrique prospective ont mis l’accent sur l’importance d’une bonne articulation entre communes et intercommunalités. Trois "positionnements possibles" des intercommunalités sont proposés : soit l’intercommunalité intègre les enjeux de jeunesse dans ses politiques sectorielles (habitat, mobilité…) ; soit l’intercommunalité travaille à une bonne articulation des priorités jeunesse avec les communes (cela "suppose une entente forte" et "l’organisation d’espaces de coopération réguliers") ; soit l’intercommunalité établit avec les communes et les autres acteurs de la jeunesse "une stratégie en faveur de la jeunesse pour l’ensemble du bassin de vie" (la mise en œuvre de cette stratégie pouvant être confiée à l’intercommunalité). 

Au-delà de ces enseignements généraux, la publication rend compte des enjeux et priorités spécifiques de chaque territoire, avec des exemples d’actions "prototypées dans le cadre de la Fabrique prospective". Par exemple, la mise en place d’"ambassadeurs santé mentale" sur le territoire de la communauté urbaine d’Arras ou encore, dans l’agglomération de Clermont-Ferrand, le projet d’un bus itinérant pour aller à la rencontre des jeunes des quartiers prioritaires et des communes les plus éloignées.