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Protection de l'enfance - Comment les jeunes de 17 ans placés par l'ASE ou un juge préparent-ils l'avenir ?

L'Ined (Institut national d'études démographiques) publie, dans sa série des "Documents de travail", un fascicule intitulé "Comment les jeunes placés à l'âge de 17 ans préparent-ils leur avenir ?". Il s'agit, en l'occurrence, des résultats issus de la première vague de l'étude Elap (étude longitudinale sur l'autonomisation des jeunes après un placement). Cette première phase repose sur un questionnaire auprès de 1.600 jeunes âgés de 17 à 20 ans sur leurs conditions de vie et sur leur projet. L'objectif affiché d'Elap est de "répondre à un manque de connaissance chiffrée des conditions de sortie des jeunes de 17 à 20 ans placés en protection de l'enfance", soit environ 138.000 mineurs ou jeunes majeurs. Dans le cas de l'enquête Elap, près d'un tiers des jeunes de 17 ans de l'échantillon sont des mineurs isolés étrangers (MIE).

90% des jeunes placés sont en formation... mais souvent en filière courte

Cette première exploitation des résultats apporte déjà de nombreux enseignements. Ainsi, seuls 33% des jeunes placés de 17 ans à 20 ans ont "encore dans leur horizon leurs deux parents" (autrement dit deux parents vivants et avec lesquels ils ont toujours des contacts). A l'inverse, près d'un tiers d'entre eux sont orphelins (et près de 50% parmi les MIE).
Comme la très grande majorité de cette tranche d'âge, près de la moitié des jeunes placés ont un(e) petit(e) ami(e), mais la cohabitation reste très marginale (1%), car très peu de lieux de placement accueillent les couples. Ceci n'empêche pas un début précoce de la vie conjugale et parentale : à 17 ans, 9% des filles (contre 0,7% en population générale) et 0,5% des garçons ont déjà un enfant.
En termes d'avenir professionnel, 89% des jeunes de 17 ans placés sont en formation, pratiquement comme en population générale à cet âge. En revanche, la nature des formations présente de fortes différences : 10% de ces jeunes suivent des formations spécifiques (type remises à niveau, stages d'insertion...), contre 1% en population générale. Ils sont majoritairement orientés vers des études courtes : 13% préparent un bac général (contre 51% en population générale) et 40% un CAP (contre 11%).

75% de jeunes considèrent l'accueil par l'ASE comme une chance

En termes géographiques, près des trois quarts des jeunes placés vivent dans le département à l'origine de la mesure, tandis que 26% sont placés hors du département d'origine (proportion qui monte à 43% en Ile-de-France, dont 23% placés dans une autre région). Les types de placements sont très divers : 41% des jeunes vivent en placement familial, 3% auprès d'un tiers digne de confiance (généralement un membre de la famille) et 5% dans un lieu de vie et d'accueil. A l'inverse, environ 40% des jeunes placés vivent en hébergement collectif (foyers, internats scolaires, maisons d'enfants à caractère social) et seulement 18% dans des formes de logement dits "autonomes". Point positif : 85% des jeunes interrogés disent se plaire dans leur lieu d'hébergement et les deux tiers estiment avoir suffisamment d'autonomie pour gérer leur vie quotidienne.
Lorsqu'on les interroge sur leur avenir, 77% de jeunes placés souhaitent continuer leurs études, contre seulement 13% qui veulent les arrêter. Bien que plus d'un quart d'entre eux ne connaissent pas encore, à 17 ans, le "contrat de jeune majeur", 50% souhaitent en signer un (ce qui n'a rien d'automatique). Au final, les trois quarts des jeunes de 17 ans placés considèrent le fait d'être accueilli à l'aide sociale à l'enfance (ASE) comme une chance. Mais l'étude souligne que "l'approche de la majorité rend leurs conditions d'hébergement très incertaines, puisqu'un tiers ne savent pas où ils seront dans trois mois, 56% pensent rester dans le même lieu et 12% ont un projet d'emménagement ailleurs dans ou hors le cadre de l'ASE. Pour tous, le passage à la majorité est une étape clé dans l'accès au logement, bien plus que pour les jeunes du même âge".