Rythmes scolaires à la carte - Comment les académies d'Amiens et de Lille répondent-elles aux demandes des communes ?
"Mon vœu n'est pas qu'il y ait beaucoup de communes qui passent à 4 jours à la rentrée prochaine", assure Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale. Il n'empêche, les académies doivent gérer les demandes des communes désireuses de revenir au plus vite à la semaine scolaire d'avant 2014. Combien sont-elles ? Comment respecter le calendrier hyper serré ? Le point dans les académies de Lille et d'Amiens.
Les rectorats de Lille et d’Amiens se préparent à répondre aux demandes des communes qui veulent repasser aux 4 jours dès la rentrée 2017, ainsi que le prévoit le décret "Blanquer" du 27 juin 2017 (voir notre article ci-dessous du 28 juin). Les recteurs ont détaillé, lors de deux conférences de presse organisées à Lille le 29 juin et à Amiens le 30 juin, la manière dont ils comptent s’y prendre.
"Si les professeurs des écoles, les parents, les mairies veulent revenir à 4 jours, il faut les écouter"
"Il n’y a pas d’incitation à passer à 4 jours. Si c’est précipité, il ne faut pas le faire", a déclaré Luc Johann, recteur de Lille et de la région académique, conformément à la ligne tracée par le ministre de l'Education nationale (voir nos articles ci-dessous). "J’ai défendu la semaine des 4,5 jours mais si les professeurs des écoles, les parents, les mairies veulent revenir à 4 jours, il faut les écouter. Je leur dis : prenez vos responsabilités. C’est cela, l’école de la confiance, c’est une liberté qui est offerte", a-t-il ajouté.
Valérie Cabuil, rectrice de l’académie d’Amiens va dans le même sens. Selon elle, "il n’y a pas de volonté politique de revenir à 4 jours, ce n’est pas la question, mais il faut faire évoluer ce qui ne marche pas, en tenant compte des contextes locaux". Et "il vaut peut-être mieux trouver une solution où tout le monde est satisfait. L’important sera d’adapter ces 4 jours dans l’intérêt de l’enfant".
Beaucoup de demandes émanent de communes de petite taille
Fin juin, l’académie d’Amiens faisait état de plusieurs centaines de demandes. "Beaucoup émanent de communes de petite taille et quelques villes moyennes commencent à réfléchir", rapporte Valérie Cabuil. En revanche, les grandes villes comme Amiens ne veulent pas modifier leur calendrier scolaire avant la rentrée 2018.
Dans le détail, l’Oise a déjà reçu 295 demandes de passage à quatre jours sur 574 communes concernées. Sept sur dix concernent des communes en regroupement pédagogique intercommunal (RPI).
Dans l’Aisne, une centaine de communes se sont signalées avant la parution du décret sur 350 communes concernées.
Dans la Somme, "nous n’avons reçu qu’une seule demande conjointe [d’un conseil d’école et d’une commune] mais nous savons que 80% des 379 communes concernées comptent faire une demande", indique Jean Hubac, le nouveau Dasen.
L’académie de Lille n’avait pas reçu, en revanche, "beaucoup de demandes formalisées", selon Jean-Yves Bessol, tout nouveau Dasen du Nord après avoir été Dasen du Pas-de-Calais. Il dénombre "20 à 25 demandes dans le Nord" et "un peu moins" dans le Pas-de-Calais. "Mais les IEN (Ndlr : inspecteurs de l'éducation nationale) sont très souvent en contact avec les communes, les maires, les écoles", temporise-t-il, laissant penser que les demandes devraient se multiplier maintenant que le décret est sorti.
Donner une réponse "bétonnée" début juillet : impossible ?
Le recteur de Lille Luc Johann convient que le calendrier est très serré. Il rappelle qu’il faut d'abord un "consensus local" entre la mairie et le conseil d’école pour déposer une demande de modification du calendrier scolaire et que c'est seulement ensuite que les IEN "examineront la cohérence du projet pédagogique et interrogeront les collectivités pour les transports". "Ils donneront un avis au Dasen qui va trancher pendant l’été. Donner une réponse bétonnée début juillet, c’est impossible", considère-t-il.
"Les services vont mener un travail de dentelle, en portant un regard sur le projet de territoire", confirme, à Lille, Jean-Yves Bessol. "Il faudra interroger le conseil régional sur les transports et prévoir un passage devant le CDEN (Ndlr : Conseil départemental de l'éducation nationale) et le CTSD (Ndlr : Comités techniques spéciaux départementaux), probablement fin août. Il faudra aussi réorganiser les compléments de service dans les écoles, ce que les services ne feront pas avant la mi-août", prévient-il. "On ne saura qu’à la fin août ce qui est décidé".
L’approche est différente dans l’académie d’Amiens où les Dasen affichent leur volonté de répondre aux demandes des communes "au fur et à mesure" qu’elles arrivent. "Au plus tôt on peut donner une réponse, au mieux c’est", estime Jacky Crépin, Dasen de l’Oise, qui a déjà donné son accord à 52 communes. "Nous avons la volonté de communiquer une réponse au plus vite, dans l’idéal avant le début des congés", explique Jean-Pierre Geneviève, Dasen de l’Aisne.