Chartres met en scène ses vestiges archéologiques (28)

Le sous-sol d’Autricum (Chartres) regorge de vestiges, dont les plus anciens remontent à l’époque du néolithique. La communauté d’agglomération de Chartres métropole est son propre opérateur territorial archéologique : elle assure l’étude de ces vestiges et les présente lors de visites guidées des fouilles, d’actions de médiation, et de conférences.

Chartres métropole emploie quelque 40 archéologues titulaires ou en CDI sur ses chantiers de fouille, équipe qui s’étoffe jusqu’à parfois 80 personnes lors de découvertes particulièrement prometteuses ! Si ces emplois sont plutôt rares dans les collectivités territoriales, la spécificité de cette ville le justifie : à l'époque gallo-romaine, Chartres-Autricum était une grande cité : alimentée en eau par deux aqueducs, elle comptait un important amphithéâtre, au moins un forum, ainsi que des temples. Dans les sous-sols du territoire, on trouve aussi des ossements, d’humains ou d’animaux, et une multitude de tessons d’amphores et de jarres, de pierres taillées, vestiges datant parfois du néolithique. Ce qui signifie que le moindre coup de pioche dans le sol de cette cité multimillénaire peut révéler des trésors enfouis… Et considérablement retarder le moindre chantier.  « J’ai été élu en 2001, avec un important projet urbain, explique Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres et président de la communauté d’agglomération Chartres métropole depuis 2001. On m’a aussitôt alerté : attention, Chartres est une ville gauloise, romaine, on trouve des vestiges partout ! C’est pourquoi, pour que nos projets ne deviennent pas impossibles du fait des fouilles nécessaires, j’ai pensé qu’il serait mieux que la ville s’en occupe elle-même », souligne Jean-Pierre Gorges.

Un service archéologie intégré

Car tout projet d’aménagement qui se situe dans une zone archéologique sensible doit faire l’objet d’un diagnostic, voire d’une fouille. Cette mission de service public est réalisée soit par lInstitut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), soit par les services archéologiques de collectivités qui ont reçu une habilitation délivrée par le ministère de la Culture pour réaliser ces opérations darchéologie préventive sur leur territoire. Ces intervenants sont désignés « opérateurs » (loi de 2003). Depuis 2005, la plupart des diagnostics et des fouilles prescrits sur le territoire de la commune sont réalisés par le service municipal. En 2018, cette compétence a été transférée de la ville à l’agglomération de Chartres métropole, afin de pouvoir intervenir sur le périmètre de ses 66 communes. La ville a conservé une compétence dans le domaine de la valorisation du patrimoine, qui la conduit à porter plus spécifiquement des actions destinées au public (conférences, visites guidées, médiation auprès des scolaires, expositions…).

Diagnostics, fouilles et médiation

Un diagnostic est toujours effectué avant les aménagements immobiliers ou routiers. Si le diagnostic préconise des fouilles plus approfondies, un contrat de fouille définit le projet scientifique de lopération et les conditions de sa mise en œuvre. 311 opérations archéologiques ont ainsi été conduites sur le territoire de lagglomération depuis 2003, dont 182 diagnostics, 65 fouilles préventives, 16 fouilles programmées et 48 opérations diverses.

« Nous construisons 850 logements par an. Pour l’aménageur, le coût archéologique est intégré dans le prix du m2. Mais Chartres est une ville attractive, et les acteurs et promoteurs suivent… Aucun projet urbain n’est retardé à Chartres du fait de fouilles », assure le maire.

Mettre en valeur les découvertes

« À Chartres nous capitalisons sur l’archéologie. Ce n’est pas une contrainte mais une chance ! » La ville a ainsi décidé de valoriser sa richesse archéologique en révélant au grand public ces fouilles et ces découvertes : organisation de visites guidées pendant les fouilles, actions de médiation, expositions, édition de plaquettes dinformation, conférences, etc. Le maire veut aussi étayer l’histoire avec des preuves : « en général l’histoire est écrite par les vainqueurs. Ces fouilles permettent de prouver scientifiquement ce qui s’est effectivement passé ici il y a deux millénaires et même avant… »

La direction de l’archéologie de Chartres métropole partage ses données pour les rendre accessibles au public et à la communauté scientifique. Et la ville a pour objectif de créer un espace muséographie dans le sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val, qui est lun des plus grands sanctuaires connus de Gaule romaine,sont déjà organisées un grand nombre de visites (voir en bas de page).

« Selon les années, un budget de 3 à 4 M€ est consacré à l’archéologie, investissement et fonctionnement confondus. La subvention d’équilibre varie entre 500 000 et 1 m € en fonction des exercices », précise Mathias Dupuis, le directeur de larchéologie à Chartres.

Laboratoire, drone et scanner 3d

Il faut dire que la direction de l’archéologie s’est dotée des outils les plus avancés pour l’acquisition et la numérisation des données de terrain : station totale robotisée (tachéomètre), GPS, drone et scanner 3d. Elle réalise ainsi les relevés de terrain, produit les plans généraux, les modèles numériques de terrain (MNT) et les profils topographiques. Elle prend en charge également la réalisation des photos aériennes et terrestres ou les acquisitions lasergrammétriques pour produire des orthophotographies, des nuages de points ou des modèles 3d d’objets, de structures ou d’édifices remarquables.

En quelques chiffres

  • 66 communes concernées par la compétence archéologique à l’échelle de l’agglomération, soit 136 000 habitants
  • 42 collaborateurs permanents, dont 38 agents de Chartres métropole et 4 agents de la ville de Chartres

Voir aussi

Commune de Chartres

Nombre d'habitants :

38443
Hôtel de Ville Place des Halles
28 000 Chartres
contact@ville-chartres.fr

Jean-Pierre Gorges

Maire

Mathias Dupuis

Directeur de l’archéologie

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