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Mal-Logement - Cécile Duflot annonce le lancement d'une "mission bidonville" avec Adoma

A l'occasion de la présentation du 19e rapport sur "l'état du mal-logement en France" de la fondation Abbé-Pierre, vendredi 31 janvier, Cécile Duflot a annoncé le lancement d'une mission nationale, confiée à Adoma (ex-Sonacotra), pour résorber les bidonvilles. "Conformément aux termes de la circulaire du 26 août 2012, la mission s'attachera à prendre en compte la situation spécifique de chacune des familles", précise le ministère.
Car 18 mois après la publication de cette circulaire relative à l'anticipation et à l'accompagnement des démantèlements de campements illicites (voir notre article ci-contre du 30 août 2012) la situation "reste très préoccupante", constate la ministre : la France compte environ 400 bidonvilles (dont les deux tiers en Ile-de-France) "dans lesquels vivent notamment près de 17.000 personnes issues de la communauté rom, dont un tiers d'enfants". Devant une assemblée de 2.000 personnes réunie par la fondation Abbé-Pierre, Cécile Duflot a bien précisé que la mission interviendra "indépendamment de la qualité des habitants", sous-entendu : "roms ou pas roms". "Nous sommes un pays qui a les moyens de faire face à cette situation", a-t-elle également déclaré.

Une circulaire Valls-Duflot

Un courrier co-signé avec le ministre de l'Intérieur sera envoyé aux préfets pour les inviter à faire appel à Adoma en fonction des besoins qu'ils auront identifiés dans leur département. "La recherche de contractualisations avec les acteurs locaux sera la règle" de la mission d'Adoma, précise le ministère du Logement. Une mission qui s'articulera autour de deux axes : la mobilisation de son parc et ses compétences en ingénierie sociale.
Le préfet pourra ainsi mobiliser Adoma en tant qu'opérateur de logement très social. Adoma mettra alors à disposition ses capacités vacantes existantes dans son parc, notamment les foyers de travailleurs migrants en zones détendues, mais pas seulement (*). "Adoma veillera autant que possible à une bonne répartition des publics pris en charge, équilibrée sur l'ensemble du territoire national, en fonction des opportunités mobilisables", insiste le ministère.

Coordonner l'action des acteurs locaux

Dans le cadre de son intervention en ingénierie sociale, Adoma sera missionnée pour coordonner l'action des acteurs locaux (services de l'Etat, collectivités, associations) en matière de réalisation ou d'actualisation de diagnostics sociaux. Elle devra également rechercher et mobiliser des solutions d'hébergement de droit commun, au-delà de son propre parc immobilier. C'est-à-dire dans des centres d'hébergement et d'insertion via les Siao ; dans des logements familiaux dans le diffus ; dans les patrimoines de l'Etat, des collectivités locales, des hôpitaux publics, des comités d'entreprise, de la Poste, de la SNCF, de RFF ; dans les fonciers publics disponibles pour la construction de logements modulaires préfabriqués, et éventuellement en places en hôtels "pour faire face à des situations d'urgence", précise le ministère.

Accompagnement personnalisé des familles

Adoma aura également la mission d'"assurer l'accès effectif au droit commun". C'est-à-dire la couverture santé, la prévention et les soins (PMI, vaccinations, permanence des soins de santé), les aides sociales, l'aide alimentaire, l'aide vestimentaire, la scolarisation des enfants… Enfin, elle sera chargée de proposer un accompagnement personnalisé aux familles. Cela passera par la mobilisation des dispositifs d'insertion existant, par des actions favorisant l'insertion professionnelle des adultes et des jeunes majeurs, par des opérations de relogement, par des recours aux dispositifs d'accompagnement et d'aide à la réinsertion dans le cadre d'un projet de retour…
La mission Adoma aura certainement la bénédiction de François Chérèque et Simon Vanackere. "La réflexion engagée avec Adoma en vue de développer avec cet opérateur une double mission d'expertise et d'accompagnement des personnes se poursuivra utilement en 2014", avaient-ils écrit dans leur rapport d'évaluation du plan contre la pauvreté, remis le 23 janvier dernier à Jean-Marc Ayrault (voir notre article ci-contre du 23 janvier), au chapitre sur "la situation des populations en squats ou campement".

Année 2014, année Dalo

L'année 2014 serait aussi celle de la réalisation d'un véritable "plan d'action" en faveur des personnes reconnues prioritaires au Dalo, a promis Cécile Duflot le 31 janvier, pour reloger les 57.000 familles concernées.
Elle s'est également félicité que, dans le cadre de l'examen en deuxième lecture au Parlement du projet de loi Alur (pour l'accès au logement et un urbanisme rénové), les sénateurs aient voté la veille "le rétablissement du bénéfice de la trêve hivernale des expulsions pour tous, y compris les occupants sans droit ni titre" autrement dit "les squatteurs". "En cette période de crise du logement, de l'hébergement et de crise sociale, il est apparu nécessaire de rétablir cette mesure tout en l'encadrant par le juge qui prendra sa décision au regard des situations sociales, familiales, économiques, du propriétaire et des occupants", précise le ministère. Mesure qui était inscrite dans la loi du 3 décembre 1956 qui avait instauré la trêve hivernale des expulsions, puis supprimée en 1991.

Valérie Liquet

(*) Adoma gère, sur l'ensemble du territoire national, 76.000 "solutions de logement" via 315 résidences sociales dont 24 pensions de famille, 196 foyers, 107 structures pour l'accueil des demandeurs d'asile (Cada et Auda), 61 aires d'accueil pour les gens du voyage, 13 centres de stabilisation, 3 centres d'hébergement d'urgence (CHU) et 3 centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS).
 

 

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