Catherine Vautrin sur la protection de l’enfance : "D’abord nous demander comment éviter le placement"

Alors que les conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur la protection de l’enfance seront dévoilées ce 8 avril 2025, la ministre Catherine Vautrin a pris les devants pour présenter ses priorités : l’accompagnement à la parentalité, une attention particulière pour la période de la périnatalité et le développement de toutes les solutions "familiales" - adoption, famille élargie, assistants familiaux, "accueil durable et bénévole". Sur le plan financier, la ministre ne s’engage à rien d’ici le prochain comité des financeurs qui aura lieu fin avril avec les départements. 

"Nous devons faire mieux pour la protection de l’enfance", affirme Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, à la veille de la présentation du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance. À cette occasion, le Comité de vigilance des enfants placés dévoilera également ce 8 avril ses "propositions concrètes pour réformer le système de protection de l’enfance". C’est donc sans attendre ces analyses que la ministre a présenté son "plan d’action" pour la protection de l’enfance, dans une interview publiée le 6 avril 2025 dans le journal Libération. Certaines mesures, sur la santé notamment, avaient déjà été mises en avant par la ministre devant les députés, lors de son audition dans le cadre de la commission d’enquête (voir notre article du 20 février).

"Nous devons d’abord nous demander comment éviter le placement", déclare Catherine Vautrin. Elle confirme sa volonté de privilégier la prévention, en revenant sur le plan qu’elle entend consacrer à l’accompagnement de la parentalité. Ce dernier portera "notamment sur la période de la périnatalité" et consistera par exemple à développer les consultations parentales ou encore des solutions de répit pour les "parents solos". La ministre souhaite également la création d’un registre national de la mortalité infantile – le taux de mortalité des nouveau-nés augmentant en France (voir notre article). 

Interrogée sur le manque de places d’accueil et la non-exécution de mesures de placement, la ministre appelle à "rechercher la solution la plus ‘familialisée’ possible", rejoignant en cela les orientations du plan de transformation de l’offre présentée récemment par le département de la Gironde (voir notre article). Elle préconise de s’appuyer prioritairement sur "la famille élargie de l’enfant", le placement en famille d’accueil et "l’accueil durable et bénévole" (voir notre article), à "accroître les chances d’adoption des enfants qui peuvent l’être" - la haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry, doit s’y pencher – et à transformer progressivement les pouponnières en "lieux temporaires de placement pour les 0-3 ans". C’est-à-dire à supprimer le modèle actuel de la pouponnière, une mesure qui pourrait figurer dans le rapport parlementaire qui sera dévoilé ce 8 avril. 

Malgré la démographie défavorable de la profession, Catherine Vautrin entend "reconstituer un vivier d’assistants familiaux", en rendant ce métier plus attractif par des mesures qui avaient déjà été présentées lors de son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale (voir notre article). La ministre confirme par ailleurs l’élargissement de l’expérimentation de l’attestation d’honorabilité pour les assistants maternels et familiaux (voir notre article), à 23 nouveaux départements le 31 mars, avant une "généralisation complète d’ici cet automne". Dans les six premiers départements expérimentateurs, "nous avons recensé 93.000 demandes d’attestation d’honorabilité : 435 ont été refusées, dont 20 en raison d’une inscription au Fijais" (fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles et violentes), indique-t-elle. 

La ministre annonce par ailleurs que la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) sera prolongée jusqu’à octobre 2026 et qu’un avis favorable du gouvernement a été donné à neuf des 15 recommandations de la commission dont "la généralisation des cellules de signalement dans toutes les administrations". Dans un communiqué, la Ciivise a salué "des arbitrages positifs" mais s’est alarmée d’un "message confus envoyé par le gouvernement sur la protection des enfants". 

Concernant les jeunes majeurs de l’aide sociale à l’enfance (ASE), Catherine Vautrin déclare vouloir travailler avec les entreprises et les associations autour de "quatre volets" : "le mentorat, l’accès aux stages, le soutien aux études et à la culture". Une campagne d’"aller-vers" sera également portée pour que les jeunes concernés demandent bien la restitution de leur pécule (voir notre article). 

Par rapport à son audition de février dernier à l’Assemblée nationale, la ministre des Solidarités n’évoque plus les taux d’encadrement des établissements de l’ASE. Interrogée sur les moyens financiers, Catherine Vautrin renvoie aux discussions qui auront lieu fin avril avec les départements. Et affirme souhaiter "réduire certaines dépenses" dans son périmètre ministériel, par exemple sur les indemnités journalières et les transports sanitaires, "pour financer les nouveaux besoins, comme ceux de la protection de l’enfance".

 

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