Environnement - Cap au Nord pour les 2es Assises nationales de la biodiversité
Après Pau en 2011 et en attendant Nantes Métropole en 2013, la ville de Grande-Synthe, près de Dunkerque, accueille du 26 au 28 septembre les 2es Assises nationales de la biodiversité, co-organisées par le réseau Ideal-Connaissances et les Eco maires. Destinées aux élus et aux équipes techniques au sein des collectivités aussi bien qu'aux gestionnaires d'espaces, aux aménageurs publics et privés et aux entreprises de génie écologique, ces rencontres entendent promouvoir les échanges de savoir-faire et aborder les grandes pistes de réflexion qui font l'actualité de la biodiversité – changement climatique, lien social, engagement citoyen, schémas régionaux de cohérence écologique, pratiques agricoles, protection des sols, villes intenses, requalification des espaces, écosystèmes, espèces envahissantes ou menacées, santé publique, gouvernance, etc. Tables rondes et ateliers se succèderont les deux premiers jours. Deux grands experts donneront également chacun une conférence : Jean-Marie Pelt, fondateur de l'Institut européen d'écologie, "parrain" des Agendas 21 en France et infatigable vulgarisateur des grands enjeux du développement durable, à travers plus d'une cinquantaine d'ouvrages et sa participation à l'émission de France Inter CO2 Mon amour ; et Pierre Rabhi, philosophe, essayiste et surtout agriculteur, pionnier du retour à la terre au tout début des années 60 et fondateur de l'association "Terre et humanisme pour la promotion et la transmission de l'agroécologie". Enfin, des visites de sites seront organisées les 26 et 28 septembre.
L'expérience nordiste
Car les collectivités nordistes entendent bien profiter de ces Assises pour valoriser leur implication de longue date dans "la reconstitution de la biodiversité", selon les termes de Michel Delebarre lors de la présentation des Assises le 11 septembre au Sénat. Le président de la communauté urbaine de Dunkerque estime en effet que l'action de collectivités comme la sienne se situe plus dans cette optique que dans la pure "préservation de la biodiversité". "L'image que l'on a de Dunkerque – 3e port français, un grand complexe industriel et énergétique – nous éloigne a priori des préoccupations en matière de biodiversité. Mais depuis sa création il y a 40 ans, la communauté urbaine a fait des efforts continus en matière d'espaces verts et de boisement." Résultat : le Dunkerquois dispose aujourd'hui de 27 grands espaces qui s'étendent sur près de 3.000 hectares (12% de sa superficie totale) et constituent une véritable trame verte et bleue à l'échelle du territoire. La ville de Grande-Synthe elle-même (21.000 habitants), qui a été élue capitale française de la biodiversité en 2010, illustre les avantages de cette politique. "Nous avons prouvé que l'on peut faire une ville dense en préservant la nature en ville, a souligné Damien Carême, maire de Grande-Synthe. Nous disposons ainsi de 127 m2 d'espaces verts par habitant et 95% de la population vit à moins 300 mètres d'un espace naturel." Autre point essentiel pour l'élu : "On voit revenir en ville certaines espèces - libellules, chauves-souris, hirondelles - que l'on ne trouve plus à la campagne car des chaînes alimentaires ont été rompues." La réussite des collectivités nordistes en matière de biodiversité est aussi à mettre au crédit d'"une gouvernance multiniveaux" en la matière, a insité Michel Delebarre en vantant le rôle de la région et du département du Nord. Ce dernier, au-delà de ses obligations légales (gestion de 3.300 hectares d'espaces naturels sensibles), a développé une politique de développement durable innovante. "Nous avons été les premiers à obtenir une certification HQE pour un collège et nous avons aussi imaginé le concept de route durable", a rappelé Patrick Kanner, président du conseil général. "C'est pourquoi nous attendons que dans le futur Acte III de la décentralisation l'Etat laisse davantage de place aux initiatives locales", a-t-il conclu.