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Aménagement du territoire - Budget Défense : d'une restructuration à l'autre ?

Les rumeurs autour de nouvelles coupes budgétaires sur le budget de la Défense vont bon train. Manuel Valls a tenté d'éteindre la controverse. Le ministère s'en remet quant à lui à la loi de programmation militaire 2009-2014 et aux restructurations déjà annoncées. L'occasion de faire le point.

Coupes ou pas coupes budgétaires ? Les discussions autour d'une éventuelle diminution du budget de la Défense vont bon train depuis quelques jours. A l'origine de ces rumeurs, les affirmations de Xavier Bertrand, ex-ministre du Travail, concernant les velléités du gouvernement de réduire de 1,5 à 2 milliards d'euros par an les dépenses militaires pendant quatre ans. Des rumeurs auxquelles Manuel Valls a répondu, par voie de presse. Le Premier ministre a ainsi rappelé sur Europe 1, le 16 mai 2014, qu' "une loi de programmation militaire (LPM) a été votée, elle doit s'appliquer pendant cinq ans, elle reste totalement valable". Il a qualifié de "tout à fait fantaisistes" les chiffres avancés. Manuel Valls a toutefois admis que cela ne voulait pas dire qu' "il ne peut pas y avoir ici ou là des ajustements".
Côté ministère de la Défense, on reste sur la même ligne : la loi de programmation est là, elle fait foi. "La trajectoire tracée par la loi de programmation constitue le référentiel budgétaire des armées, ainsi, toute réflexion menée s'inscrira dans ce cadre", signale à Localtis la délégation à l'information et à la communication de la Défense, précisant que le ministère n'avait pas été directement saisi concernant ces hypothèses de coupes budgétaires.
Pour l'ancien directeur des ressources humaines de l'Armée de terre, Philippe Renard, ajourd'hui consultant chez Kurt Salmon, l'hypothèse d'une réduction de 2 milliards d'euros par an n'est pas crédible. "S'il fallait réduire de 2 milliards d'euros par an le budget de la Défense, le modèle français de l'armée tel qu'il a été adopté dans le cadre du Livre blanc de 2013 serait à revoir complètement", explique-t-il.

7.881 postes supprimés en 2014

La Défense a entamé une première vague de réduction d'effectifs en 2008 avec 54.000 suppressions de postes programmées d'ici 2015, qui ont impacté tous les territoires français. La nouvelle vague atteint 24.000 suppressions de postes d'ici 2019, dans des fonctions support, d'organisation ou transversales. Au total, entre 2008 et 2019, le ministère de la Défense devra donc réduire ses effectifs de près de 80.000 postes.
D'après le ministère de la Défense, "au titre de l'achèvement des mesures inscrites dans la loi de programmation militaire 2009-2014, 10.000 postes restent encore à supprimer". Ainsi en 2014, 7.881 suppressions de postes sont prévues. Les restructurations mises en oeuvre pour atteindre ces objectifs ont été annoncées à l'automne 2013. Pour l'Armée de terre, il est ainsi prévu la dissolution du 4e régiment de dragons stationné à Carpiagne, le transfert dans cette ville du 1er régiment étranger de cavalerie, stationné actuellement à Orange, et le maintien de la base aérienne 115 à Orange, pour garantir la présence militaire dans la ville. Concernant l'Armée de l'air, les principales restructurations sont la fermeture du détachement air de Varennes-sur-Allier entre l'été 2014 et l'été 2015 et la fermeture de la plateforme aéronautique de la base aérienne 102 de Dijon-Longvic à l'été 2014 (du fait du regroupement programmé des Alphajet sur Cazaux). Autres prévisions : la dissolution de l'escadron de défense sol-air de la base aérienne 116 de Luxeuil à l'été 2014, qui résulte du resserrement du dispositif sol-air, la transformation de la structure de commandement de la base aérienne de Châteaudun et une réduction des effectifs des formations stationnées sur ce site.

Pas de vision claire pour 2015

Par ailleurs, en interarmées, la direction du renseignement militaire, localisée à Creil, sera transférée à Balard, dans la perspective du projet de regroupement des états-majors, directions et services sur un site unique. Et les états-majors de soutien défense (EMSD) seront dissous à l'été 2014, dans le cadre du projet de rationalisation et de mise en cohérence de l'organisation territoriale des soutiens. "Cette mesure tiendra compte toutefois des besoins de coordination régionale pour certaines fonctions spécifiques à l'Armée de terre", précise le ministère.
Pour 2015, il est encore trop tôt pour avoir une vision claire des restructurations qui seront mises en oeuvre. "Le nombre de sites restructurés dépendra des résultats de l'analyse fonctionnelle et capacitaire par les états-majors, directions et services. Aussi le choix des régiments, bases aériennes ou structures administratives devant être conservés, transférés ou dissous résultera d'une analyse multicritères prenant en compte des considérations d'ordre opérationnel (respect des contrats opérationnels, etc.) ou budgétaire (réduction des coûts de fonctionnement par mutualisation des soutiens ou densification des emprises par exemple). Ce choix sera aussi fait avec le souci constant de l'aménagement du territoire", détaille-t-on au ministère, tandis que Philippe Renard insiste sur le caractère hautement politique des annonces. L'ancien directeur des ressources humaines de l'Armée de terre souligne ainsi que les discussions autour des restructurations à venir restent souvent discrètes, les annonces étant très sensibles, notamment en période électorale. "Le travail préparatoire à ces restructurations a bien lieu, mais de manière quasi confidentielle entre les préfets et les élus. Les annonces vont être douloureuses pour certains secteurs." Pour aider les territoires les plus touchés, une enveloppe de 150 millions d'euros a été prévue dans le cadre de la loi de programmation militaire, mais là encore, il est difficile d'en savoir plus pour le moment…