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Finances publiques - Budget 2011 : François Baroin annonce une baisse des aides en faveur du logement et de l'emploi

Avant de donner ce 6 juillet, le coup d'envoi des travaux préparatoires au projet de budget 2011, François Baroin, le ministre du Budget a annoncé dans un entretien aux Echos ce même jour que plusieurs aides au logement et à l'emploi vont être revues à la baisse, sans exclure "des efforts supplémentaires" si nécessaire.
Concernant les aides au logement, la possibilité donnée aux étudiants et à leurs parents de cumuler l'aide personnalisée au logement (APL) et la demi-part fiscale pour enfant à charge sera supprimée. "Les partenaires sociaux, via Action logement (anciennement 1% logement) continueront de cotiser à l'Agence nationale de l'habitat (Anah) et à l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) à hauteur de 1,25 milliard d'euros annuel", a précisé le ministre. "Les bailleurs sociaux, quant à eux, vont devoir mobiliser 340 millions d'euros supplémentaires au profit de la construction de logements sociaux", a-t-il poursuivi.
Les aides à l'emploi sont également visées : le nombre d'emplois aidés passera de 400.000 à 340.000 en 2011. "Dès cette année, la part du salaire payée par l'Etat sera ramenée de 90% à 80%", a annoncé François Baroin.
Sur le chapitre des prestations sociales, "on ne touchera pas aux minima sociaux comme le RSA", a promis le ministre. Par ailleurs, si l'allocation aux adultes handicapés (AAH) sera augmentée de 25%, ce sera finalement en six ans au lieu de cinq. "Elle sera revalorisée de 3% l'an prochain, au lieu des 4,5% prévus. Le rattrapage aura lieu en 2012 et 2013." Les associations familiales et de défense des handicapés ont d'emblée vivement dénoncé ces annonces, accusant le gouvernement de trahir ses "promesses" en matière de politique sociale. La Fnath a ainsi fait valoir que "cette population tente déjà de survivre avec une AAH dont le montant actuel est largement inférieur au seuil de pauvreté, soit 696,63 euros par mois" et a déjà subi "les franchises médicales, les déremboursements de médicaments, la hausse du forfait journalier hospitalier". L'Association des Paralysés de France (APF) abonde dans le même sens, considérant qu'"il est aujourd'hui lamentable de constater que le président de la République et le gouvernement ne tiennent pas parole et qu'une fois de plus, on taxe les personnes les plus fragilisées".

Catherine Ficat avec AFP

Les crédits des missions de l'Etat :

Le document budgétaire publié ce 6 juillet précise les crédits alloués aux différentes missions de l'Etat : "A l'exception du ministère de la Justice et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, tous les ministères verront leurs effectifs réduits sur les années 2011 à 2013."
Deux légères hausses :
- la mission Recherche et Enseignement supérieur reste la première priorité du gouvernement. Ses crédits vont passer de 23,63 milliards d'euros en 2010 à 23,83 milliards en 2011, 24,04 en 2012 et 24,23 en 2013 ;
- le ministère de la Justice sera le seul à "bénéficier de création d'emplois nettes (400 en 2011), essentiellement en faveur de l'administration pénitentiaire". Les crédits de la mission passeront de 5,65 milliards d'euros en 2010 à 5,80 en 2011, 5,96 en 2012 et 5,90 en 2013.
Mais, surtout, des baisses substantielles :
- les crédits de la mission Ecologie vont nettement diminuer dès 2011, passant de 9,24 milliards en 2010 à 8,82 milliards en 2011 ;
- la mission Travail et Emploi verra ses crédits légèrement progresser l'an prochain, passant de 11,25 à 11,37 milliards, avant de "décroître fortement" avec "l'amélioration de l'emploi" escomptée, à 9,10 milliards en 2013 ;
- le ministère de l'Agriculture verra aussi ses crédits baisser, passant de 4,46 milliards d'euros en 2010 à 4,21 milliards en 2013. En 2011, 650 emplois seront supprimés sur ce ministère ;
- les crédits pour l'Aide publique au développement seront, eux, stabilisés en valeur sur la période ;
- dans l'Education nationale, comme annoncé, 16.500 suppressions de postes sont prévues en 2011 (en vertu de la règle du non remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux). Les crédits de l'Enseignement scolaire vont d'abord légèrement progresser, passant de 44,14 milliards en 2010 à 44,45 milliards en 2011, puis baisser jusqu'à 44,05 milliards en 2013.
Les mesures d'austérité annoncées par le gouvernement devraient "nous permettre d'atteindre, ce qui ne s'est jamais fait dans l'histoire budgétaire de notre pays, la réduction de 8 à 6% du déficit par rapport au PIB", a affirmé François Baroin lors de la séance de questions au gouvernement.
Catherine Ficat avec AFP