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Bruno Le Maire souhaite que l'Europe se dote d'un fonds d'innovation de rupture

Doter l'Europe d'un fonds d'innovation de rupture avec la même ambition que la Darpa américaine : tel est l'objectif de Bruno Le Maire affiché lors du comité exécutif du Conseil national de l'industrie (CNI) le 26 février 2018.

Le ministre de l'Economie et des Finances a plaidé, lundi 26 février, pour que l'Union européenne se dote d'un fonds d'innovation de rupture. Depuis le début de l'année, la France s'est elle-même dotée d'un tel fonds de 10 milliards d'euros. Il "doit être la préfiguration d'un fonds pour l'innovation de rupture au niveau européen", a déclaré Bruno Le Maire, à l'occasion de la réunion du premier comité exécutif de Comité national de l'industrie (CNI). L'idée consiste à s'inspirer de la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) américaine. Créée en 1958, cette agence très célèbre aux Etats-Unis, contribue à la création d'inventions technologiques, comme entre autres, Arpanet, devenu Internet, ou encore le GPS. Elle a pour objectif de positionner les Américains au premier rang du développement technologique des armes de demain dans les domaines de la cyberguerre, de la robotique, des nanotechnologies et du spatial.
Le ministre souhaite aussi que l'Europe se dote d'une vision stratégique à moyen terme en matière de politique industrielle européenne. La France présentera au printemps un plan d'actions permettant de fédérer au niveau européen un nombre important d'acteurs concernés par les objectifs d'une politique industrielle européenne ambitieuse. Le vice-président du CNI, Frédéric Saint-Geours, s'est vu confier une mission dans ce sens par le Premier ministre lors du CNI du 20 novembre 2017. Il a déjà organisé des échanges et contacts en France et en Europe sur des sujets tels que le soutien européen à l'innovation de rupture, les garanties de réciprocité dans les échanges, l'orientation des fonds structurels pour décliner sur les territoires la vision de l'Europe en matière de transition énergétique et de transformation numérique de l'industrie, ou encore l'amplification et la rationalisation des politiques de soutien aux PME.

Dix comités stratégiques de filière validés

Bruno Le Maire a par ailleurs conforté le principe des comités stratégiques de filière (CSF). Mis en place en 2013 et au nombre de quatorze, ces comités ont pour mission d'identifier les enjeux clés de la filière concernée, les engagements réciproques de l'Etat et des industriels et d'émettre des propositions d'actions concrètes, tout en suivant leur mise en œuvre. Après un bilan de leurs enjeux et projets structurants, le CNI a proposé d'en retenir dix, certains étant reconduits, d'autres créés. Désormais, l'aéronautique, l'alimentaire, l'automobile, le bois, la chimie et les matériaux, le ferroviaire, l'industrie et les technologies de santé, l'industrie navale et maritime, la mode et le luxe, et le nucléaire auront chacun un CSF. Ils devront prochainement élaborer leur projet de contrat de filière. 
En revanche, certains comités ont été supprimés dans les biens de consommation, l'éco-industrie, le numérique et les industries extractives et de première transformation. Selon le CNI leur champ d'action est "trop vaste" et les acteurs "trop disparates".
Cinq autres secteurs – mines et métaux, électronique, infrastructures numériques, construction, et énergies renouvelables, réseaux électriques intelligents et efficacité énergétique – pourraient se voir dotés d'un CSF s'ils précisent "leur périmètre, leur gouvernance et leurs projets structurants".
"L'industrie est le dossier où il y a le plus à faire", a affirmé Bruno Le Maire.
Si l'industrie française a connu un léger mieux en 2017, la situation reste très fragile. Entre 2000 et 2016, son poids est passé de 16,5% à 12,6% du PIB. Et entre 2006 et 2015, elle a perdu 27.300 entreprises et 530.000 salariés (- 16%), d'après les chiffres de l'Insee publiés mercredi dernier.