Agriculture - Bruno Le Maire donne sa vision de la PAC d'après 2013
"Nos instances de réaction face aux crises sont aujourd'hui insatisfaisantes. Il faut plus de régulation, c'est indispensable." Le message de Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Aménagement du territoire, auditionné le 8 juin 2011 par la commission de l'économie et la commission des affaires européennes du Sénat, est clair. Le ministre s'exprimait au sujet de la réforme de la politique agricole commune (PAC) et de la politique de cohésion, et au sujet de la sécheresse que subissent actuellement les agriculteurs. Depuis plusieurs mois, dans le cadre des négociations européennes sur l'après 2013, le gouvernement français tente de défendre le budget de la PAC, à l'euro près. "Depuis un an, nous avons renversé la tendance, a expliqué le ministre aux sénateurs, en gros, la PAC c'était la politique la plus ringarde de toute l'Union européenne il y a encore six mois, un an. Aujourd'hui, je pense que chacun a pris conscience que la PAC était stratégique pour l'Union européenne." Et de préciser les axes vers lesquels il souhaiterait que la PAC tende. Premier point, déjà martelé par le gouvernement français : "Il faut garder le même budget", a précisé Bruno Le Maire. Ensuite, "il faut que les producteurs vivent davantage de leurs prix et qu'ils aient davantage de garanties en cas de crise", a-t-il aussi indiqué, précisant qu'"aujourd'hui, le système est kafkaïen ! Il faut simplifier tout ça et donner davantage de garanties aux producteurs en cas de crise et que les aides directes soient plus équilibrées entre les filières."
Le verdissement de la PAC
Enfin, troisième axe à développer dans la PAC : son verdissement, auquel bon nombre de sénateurs ont opposé le coût, à l'image de Gérard Bailly, sénateur du Jura, qui a signalé que "le verdissement c'est moins de production et plus de coûts en général, ce qui s'ajoute au découragement des agriculteurs". Bruno Le Maire se dit quant à lui plutôt favorable au verdissement de la PAC. "La PAC ne pourra tenir et être soutenue par les citoyens que s'ils en voient l'avantage du point de vue environnemental. Si vous expliquez qu'on fait moins bien en termes d'environnement que nos grands voisins du Brésil, d'Argentine ou d'ailleurs, ils seront assez fondés à dire on ne veut pas payer pour une agriculture qui pollue autant, ou qui obéit à des normes aussi peu strictes que d'autres continents agricoles. Il faut bien une légitimité à la PAC." En revanche, il estime qu'il faut faire attention à la complexité administrative et sortir de la logique punitive. "On peut faire aussi bien en termes environnemental et faire même mieux avec un dispositif qui soit incitatif et pas punitif", a-t-il ainsi souligné.
Le ministre s'est aussi exprimé sur la politique de cohésion. Un large débat a lieu sur le sujet depuis quelques mois, la France étant accusée de vouloir privilégier la PAC au détriment de cette politique de cohésion. Une première réaction, plus mesurée, avait été donnée le 1er février 2011 par l'intermédiaire d'Emmanuel Berthier, le délégué interministériel à l'aménagement du territoire, lors du cinquième forum sur la politique de cohésion à Bruxelles. Cette fois-ci encore, Bruno Le Maire s'est voulu rassurant. "Je suis totalement défavorable à un donnant-donnant, ce n'est pas sacrifier un budget pour un autre. On défend le budget de la PAC. S'agissant du budget de la politique de cohésion, je suis plutôt ouvert à cette idée de zones intermédiaires, je la trouve intéressante. On fait simplement le calcul actuellement avec Bercy que ça ne nous fera pas perdre d'argent en termes de taux de retour français". C'est ce qui expliquerait que la France n'ait pas encore pris de position officielle sur le sujet.