Développement des énergies renouvelables dans les territoires : enjeux et solutions
Le contexte de la transition énergétique
Face aux grands enjeux climatiques internationaux de nouveau abordés lors de la COP29, la France entend jouer un rôle moteur au niveau européen. Le pays renforce sa stratégie énergétique à travers deux documents structurants en cours de concertation.
- La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) fixe l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, par le biais d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation énergétique finale.
- La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), déclinaison technique de la politique énergétique française en vigueur, vise 40 % d’électricité verte d’ici 2030 grâce au développement de l’éolien terrestre et offshore ainsi que du solaire photovoltaïque.
Les territoires, acteurs du développement des énergies renouvelables
Les territoires contribuent à la lutte contre le changement climatique par la mise en place d’installations décentralisées de production d’énergie renouvelable, mais aussi par leur transition émergente vers une économie circulaire de l’énergie, marquée par l’émergence de dispositifs d’autoconsommation et de réseaux locaux. L’avantage de cette production territoriale ?
- Elle est plus rapide à mettre en place.
- Elle est plus adaptée aux spécificités géographiques et aux besoins locaux.
- Elle inspire d’autres collectivités.
Marquant un véritable tournant en faveur de l’économie circulaire énergétique, ces projets témoignent aussi du rôle des territoires comme moteurs du développement des énergies renouvelables.
Les zones à fort potentiel pour le déploiement des énergies renouvelables
La diversité géographique et la complémentarité des ressources offertes par les territoires français représentent une opportunité pour favoriser l’indépendance énergétique du pays vis-à-vis des énergies carbonées. Ainsi, on retrouve :
- l’éolien dans les régions venteuses – et d’ambitieux projets d’éolien en mer sur nos façades maritimes ;
- le solaire dans les régions ensoleillées ;
- la biomasse en région rurale, l’hydroélectricité en montagne, et le biogaz.
S’y ajoutent des innovations technologiques, notamment liées à l’hydrogène vert ou à la géothermie, qui ouvrent de nouvelles perspectives pour diversifier et accélérer le développement des énergies renouvelables.
Les zones insulaires, laboratoires de la transition énergétique
Confrontés au coût particulièrement élevé des énergies fossiles et à une vulnérabilité accrue des réseaux, les territoires ultramarins constituent de véritables laboratoires d’innovation pour la transition énergétique. Leur créneau :
- développer des solutions d’avenir ;
- innover avec l’exploitation d’autres sources telles que la biomasse locale.
Les initiatives locales pour le développement des énergies renouvelables dans les territoires
Collectivités et entreprises locales : leurs leviers d’accélération de la transition énergétique
Les collectivités territoriales mettent en place divers plans et schémas favorisant la transition vers les énergies renouvelables. Il s’agit notamment :
- des Schémas Régionaux Climat-Air-Énergie (SRCAE) ;
- des Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux (PCAET) ;
- de la mise en place d’un dispositif de zones d’accélération de la production d’énergies renouvelables (ZAER) ;
- d’un soutien au lancement de projets expérimentaux innovants (éco-quartiers, etc.).
En parallèle, les entreprises publiques locales (sociétés d’économie mixte, ou SEM) et le tissu de startups et PME actionnent deux leviers principaux :
- l’apport de solutions techniques adaptées aux spécificités locales – installation et maintenance des équipements solaires et éoliens, développement de technologies innovantes… ;
- la création d’emplois dans le secteur de l’installation et de l’entretien des structures de production, ainsi que dans celui des nouvelles technologies de l’énergie.
La Banque des Territoires, facilitateur des initiatives locales
La Banque des Territoires, elle aussi, soutient ces initiatives au travers de différents dispositifs.
Ingénierie territoriale
Nos offres d’ingénierie visent à guider les acteurs territoriaux porteurs de projets dès l’émergence de ces derniers et le début de leur mise en place, au moyen d’études préalables, de partage d’expertise ou d’autres services.
Financement
Nous leur proposons des prêts long terme, ainsi que des investissements sous la forme de participation minoritaire en fonds propres et quasi-fonds propres. Ce n’est pas tout : nous intervenons aussi auprès de SEM « Énergies renouvelables » (EnR).
Accompagnement bancaire
Il inclut, moyennant des frais bancaires adaptés aux usages : la tenue des comptes, la gestion des opérations, des moyens de paiement et d’encaissement…
Consignation
La consignation est un service gratuit. À destination des personnes physiques ou morales engagées dans un projet environnemental soumis à garantie financière, elle sécurise la réalisation de leurs projets et de leurs obligations environnementales.
Chaque offre est adaptée selon le type d’acteur soutenu. L'objectif : accélérer le développement des énergies renouvelables en maximisant l’ancrage territorial des projets.
Quelques projets d’énergies renouvelables dans les territoires
La Banque des Territoires a acquis, aux côtés de la SEM EnR44 et d’Énergie Partagée, l’intégralité du parc éolien de Quilly (Loire-Atlantique). Les trois éoliennes du parc produisent 21 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 6 500 personnes.
Dans les Côtes-d’Armor, c’est la centrale solaire du Clos Genest qui a bénéficié d’une garantie financière de l’ordre de 249 500 €, sécurisée par consignation gratuite auprès de la Banque des Territoires. Son potentiel ? 9 182 panneaux solaires, pour une production de 5 500 MWh par an – soit la consommation électrique annuelle de 1 178 ménages.
Face aux enjeux énergétiques, environnementaux et climatiques, la Banque des Territoires fait de l’investissement dans les initiatives locales et innovantes une priorité. D’où l’importance de la collaboration avec les acteurs du territoire, pour le développement économique et la transformation des régions.
Questions - réponses
Quels sont les bénéfices économiques des énergies renouvelables pour les territoires ?
Quatre bénéfices émergent.
- Les collectivités peuvent augmenter leurs revenus de manière pérenne, entre autres grâce à la fiscalité locale sur les énergies renouvelables. Celle-ci inclut par exemple l’IFER (Imposition forfaitaire des entreprises de réseaux).
- La construction, la maintenance et la gestion des infrastructures de production d’énergies renouvelables génèrent de l’emploi local.
- En produisant localement des énergies renouvelables, les territoires peuvent devenir moins dépendants des énergies fossiles, et ainsi stabiliser voire réduire leurs dépenses énergétiques.
- Certaines formes innovantes de production d’énergie comme l’agrivoltaïsme – l’installation de panneaux solaires sur des terrains agricoles exploités – permettent aux agriculteurs locaux de diversifier leurs revenus.
Comment les petites communes peuvent-elles financer leurs projets d’énergies renouvelables ?
Au-delà des solutions de la Banque des Territoires (ingénierie de projet, prêt et investissement en fonds propres), les petites communes peuvent accéder à des :
- fonds publics, comme le Fonds Chaleur ;
- partenariats public-privé, pour compléter les investissements ;
- investissements de citoyens, permis par certaines coopératives citoyennes pour des projets locaux.
Les énergies renouvelables peuvent-elles contribuer à la réduction de la précarité énergétique ?
Oui. Dans certaines communes, des projets comme les réseaux de chaleur ou les initiatives d'autoconsommation contribuent à la réduction des factures énergétiques des habitants. D’ailleurs, les économies générées peuvent être réinvesties dans des programmes de rénovation thermique des logements, réduisant encore la consommation et améliorant les conditions de vie des habitants.
Comment les territoires peuvent-ils mieux intégrer les énergies renouvelables dans leur planification énergétique ?
Plusieurs outils permettent d’optimiser la planification énergétique territoriale.
Les schémas régionaux de climat, d'air et d'énergie (SRCAE) facilitent un développement des projets prenant en compte les spécificités locales, et une intégration optimisée des énergies nouvelles dans le réseau.
Ces schémas constituent aussi une base solide pour orienter les territoires dans leur transition énergétique. Et pour cause, ils permettent la prise en compte des particularités géographiques, climatiques et économiques locales, tout en privilégiant une meilleure intégration des EnR dans les réseaux existants.
Dans la même dynamique, les schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) aident les régions à coordonner les actions locales autour des EnR, tout en renforçant la cohérence entre les acteurs territoriaux.
Un autre exemple ? La cartographie des énergies renouvelables. Ces outils numériques aident à identifier les zones favorables à la production des différentes énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) via une analyse des ressources locales. Ces dernières prennent en compte des données géographiques et climatiques précises.
Par exemple, une analyse fine des ressources locales permet d’identifier des opportunités inexploitées, telles que les délaissés routiers et les terrains en friche.
On compte aussi :
- le SRADDET (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) pour les régions ;
- le PCAET (Plan Climat-Air-Énergie Territorial) pour les métropoles – obligatoire pour les intercommunalités de plus de 20 000 habitants, il constitue un levier opérationnel pour intégrer les EnR en définissant des objectifs précis en matière de production et de consommation énergétique et assurant de la compatibilité avec les autres politiques locales (urbanisme, mobilité, agriculture) ;
- également l’outil Accèl’EnR développé par Amorce pour aider les communes et intercommunalités à réaliser des diagnostics territoriaux et identifier de potentielles zones d’accélération des énergies renouvelables (ZAER) – essentielles pour simplifier le développement de projets dans des espaces compatibles avec les attentes locales et environnementales.
Au-delà des outils techniques, réussir l’intégration des EnR demande une concertation active avec les habitants, entreprises et associations. Impliquer les parties prenantes dès le début du projet facilite l’acceptabilité locale en levant les freins sociaux. À titre d’exemple, les projets participatifs ou coopératifs, permettent aux citoyens d’investir dans les installations EnR et renforcent l’adhésion collective.
Les territoires peuvent aussi mener des projets-pilotes, comme les communautés énergétiques locales, où habitants, collectivités et entreprises mutualisent production et consommation d’énergie. Ces initiatives testent des modèles innovants et reproductibles, adaptés aux besoins locaux.