Environnement - Biodiversité : Bruxelles a présenté sa nouvelle stratégie 2020
Après les engagements pris à Nagoya en octobre 2010 dans le cadre de la convention sur la diversité biologique, la Commission européenne vient de présenter sa nouvelle stratégie visant à enrayer la perte de biodiversité pour la prochaine décennie. Dans l'Union européenne, seulement 17% des habitats et des espèces évalués sont dans un état de conservation favorable et 25% des espèces animales sont menacées d'extinction. La stratégie 2020 de l'UE affiche six objectifs accompagnés d'actions.
Elle entend d'abord assurer "la pleine application de la législation existante en matière de protection de la nature et des réseaux de réserves naturelles afin de permettre une amélioration notable de l'état de conservation des habitats et des espèces", selon le communiqué de Bruxelles. Il s'agit de mettre en place totalement les directives oiseaux et habitats encadrant le réseau Natura 2000, qui représente aujourd'hui 18% de la surface de l'UE. Ce qui suppose de doubler d'ici à 2020 le nombre d'évaluations d'habitats et d'accroître de 50% le nombre d'évaluations des espèces dans le cadre des deux textes. Autres objectifs : améliorer et restaurer 15% des écosystèmes et de leurs services dégradés ; accroître la contribution de l'agriculture et de la gestion forestières au maintien de la biodiversité ; assurer la sauvegarde des stocks halieutiques ; lutter contre les espèces envahissantes et renforcer la contribution de l'UE à l'action concertée menée au niveau mondial contre la perte de biodiversité. L'UE affirme vouloir intégrer la valeur des services rendus par les écosystèmes dans l'élaboration des politiques "chaque fois que possible". Sa Stratégie 2020 est "sous-tendue par la reconnaissance que la biodiversité et les services qu'elle rend - en plus de leur valeur intrinsèque - ont une valeur économique significative, rarement pris en compte par les marchés", souligne-t-elle.
17 ministres européens de l'environnement appellent l'UE à donner l'exemple
La stratégie européenne sera soumise à l'examen des ministres de l'Environnement le 17 juin puis au vote du Parlement européen. Elle sera révisée en 2014 et "ajustée si besoin". D'autres documents devraient suivre, notamment une stratégie sur les infrastructures vertes en 2012 et des propositions législatives portant sur les espèces envahissantes et l'accès et le partage des avantages des ressources génétiques.
Dans la foulée de la présentation de la nouvelle stratégie, 17 ministres européens de l'Environnement, dont Nathalie Kosciusko-Morizet qui devrait présenter la stratégie française le 19 mai prochain, ont appelé l'UE à "donner l'exemple" dans une tribune commune. "Des mesures concrètes, pratiquement réalistes et économiquement rationnelles doivent être progressivement et résolument mises en place, tant par l'Union européenne que par ses Etats membres, de façon à impliquer les divers acteurs et secteurs concernés dans la mise en œuvre des décisions de Nagoya", notent les ministres. "À ce titre, ajoutent-ils, il conviendra d'accélérer et de généraliser le processus de prise en compte de l'aspect biodiversité dans la conception et l'exécution de toutes les politiques pour lesquelles il est pertinent compte tenu, en particulier, des avantages que de nombreux secteurs tirent de la biodiversité et des services écosystémiques. Dans ce cadre, il conviendra également d'estimer la valeur économique de la biodiversité et d'intégrer ces estimations aux décisions politiques et économiques."