Médicosocial - Bilan médiocre pour les Paerpa et l'expérimentation des parcours santé des personnes âgées
L'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) publie les premiers résultats de la - nouvelle - évaluation du dispositif Paerpa (personnes âgées en risque de perte d'autonomie), expérimenté dans neuf territoires et appelé plus communément parcours santé des aînés. Et le moins qu'on puisse dire est que le résultat de cette évaluation est très mitigé, au point d'interroger sur une éventuelle généralisation de cette démarche, dont l'objectif affiché consiste à "aller au-delà des approches préexistantes de structuration de la coordination des acteurs, de décloisonner les secteurs sanitaire, médicosocial et social, ainsi que de créer de la coordination entre l'hôpital et la ville, en impliquant de manière forte les professionnels des soins primaires".
L'effet d'une douche froide
Lancée en 2014, le dispositif Paerpa a déjà connu certaines avanies, comme le retrait des professions de santé libérales de ses instances de pilotage (voir notre article ci-dessous du 9 mars 2016), mais aussi plusieurs évaluations, réalisées notamment par l'Anap et par la Drees (voir nos articles ci-dessous).
La dernière évaluation en date, portant sur la première phase d'expérimentation, concluait à un dispositif présentant plusieurs points faibles et facteurs de résistance, mais préconisait néanmoins un approfondissement de l'expérimentation, en considérant qu'"un mouvement positif est engagé, donnant à voir des perspectives d'évolution importantes à travers une approche parcours et un décloisonnement des différentes parties prenantes" (voir notre article ci-dessous du 12 juin 2017).
Un an plus tard, le bilan dressé par l'Irdes fait un peu l'effet d'une douche froide. Contrairement à ses prédécesseurs, il s'intéresse en effet moins au fonctionnement du dispositif et aux problèmes de gouvernance qu'aux résultats obtenus sur un certain nombre d'indicateurs. Pour l'Irdes, ces résultats, portant sur des données de 2015 et de 2016 correspondant à la montée en charge des expérimentations, "ne permettent pas d'établir un effet moyen significatif propre à Paerpa sur les indicateurs de résultats retenus lorsqu'on étudie l'ensemble des territoires".
Des résultats sur les indicateurs identiques ou moins bons que ceux des zones témoins
Plus précisément, les résultats sont variables sur la durée cumulée des séjours hospitaliers des personnes âgées concernées (+0,4% en moyenne, avec des écarts allant de -6% à +5,6% selon les territoires). Ils sont moyens sur le nombre de réhospitalisations à trente jours (+2,1% en moyenne, avec des résultats allant de -3,2% à +13%). Ils sont médiocres sur les hospitalisations non programmées (en hausse de 4,3% en moyenne, allant de -2,8% à +11,1%) et sur les hospitalisations évitables (en augmentation moyenne de 4,7%, avec des écarts très élevés allant de -12,2% à +32,6%...).
Ces résultats plus que moyens pourraient être imputés à des facteurs exogènes, comme des situations globalement plus lourdes. Mais l'Irdes a pris soin de comparer les résultats des indicateurs des neufs territoires expérimentaux à ceux de douze régions non concernées par le dispositif Paerpa. Conclusion : les territoires non Paerpa obtiennent des résultats voisins, voire meilleurs, que ceux des territoires Paerpa (notamment sur les durées cumulées de séjour et les réhospitalisations à trente jours)...
Généralisation, refonte ou abandon ?
Seuls deux indicateurs Paerpa présentent de bons résultats. Il s'agit en l'occurrence du nombre de polymédications continues (-3,9% en moyenne, avec une baisse observée dans les neuf territoires expérimentaux) et des prescriptions inappropriées (-20,2% en moyenne, avec à nouveau un bon résultat dans les neuf territoires). Mais problème : ces bons résultats sont identiques à ceux obtenus dans les territoires témoins non concernés par le dispositif Paerpa (respectivement -3,0% et -20,4%).
Conclusion de l'Irdes : il n'y a "pas d'effet moyen de Paerpa, mais des effets significatifs dans certains territoires, sauf sur le recours à l'hôpital". Au regard de la durée de l'expérimentation et des moyens investis (financements spécifiques, instances de coordination...), la question de pose désormais clairement du devenir du dispositif Paerpa. Le ministère des Solidarités et de la Santé n'a pas encore réagi officiellement aux résultats de cette évaluation. Mais, sauf à relancer une énième évaluation, il devra sans doute choisir rapidement entre une généralisation que le bilan établi par l'Irdes aura beaucoup de mal à justifier, une refonte du dispositif, entraînant une nouvelle phase d'expérimentation et une nouvelle évaluation, et un abandon pur et simple de Paerpa au profit d'autres approches moins complexes et émanant davantage des acteurs locaux.