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Personnes âgées - Evaluation finale des Paerpa : un bilan mitigé, mais une dynamique à poursuivre

L'expérimentation Personnes âgées en risque de perte d'autonomie (Paerpa) menée sur seize territoires avec, au coeur de la démarche, la coordination territoriale d'appui (CTA), s'avère-t-elle concluante ? Dans son évaluation finale, la Drees pointe plusieurs points faibles et facteurs de résistance mais juge toutefois le dispositif prometteur, avec plusieurs propositions à la clef.

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie le rapport final d'évaluation qualitative de l'expérimentation Paerpa (personnes âgées en risque de perte d'autonomie). Cette évaluation - s'appuyant sur des diagnostics territoriaux et sur des entretiens - a été confiée à une équipe de chercheurs de Sciences-Po et de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Une première évaluation partielle avait été menée, il y a huit mois, sur les neuf premiers territoires expérimentaux par l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médicosociaux (Anap, voir notre article ci-dessous du 10 octobre 2016). Depuis lors, le dispositif - toujours expérimental - a été étendu à seize territoires (voir notre article ci-dessous du 20 juin 2016).

L'hôpital reste à l'écart

Le Paerpa repose sur une démarche globale bénéficiant de financements conséquents, et consistant à "aller au-delà des approches préexistantes de structuration de la coordination des acteurs, de décloisonner les secteurs sanitaire, médicosocial et social, ainsi que de créer de la coordination entre l'hôpital et la ville, en impliquant de manière forte les professionnels des soins primaires". En pratique la démarche - qui n'est pas la première de ce type - s'appuie sur des équipes projet mobilisant plusieurs dizaines de professionnels du territoire d'expérimentation et sur une instance au rôle essentiel : la coordination territoriale d'appui (CTA).
Là figure précisément l'un des points faibles pointés par l'étude, car "l'évaluation fait clairement apparaître que le sous-dimensionnement de l'équipe projet et une fragilisation du rôle du chef de projet obèrent les capacités de déploiement d'un tel programme". La mobilisation des professions de santé libérale laisse également à désirer, en particulier du fait des réticences de leurs organisations représentatives (voir notre article ci-dessous du 9 mars 2016). De même, "le champ hospitalier semble résister à une mobilisation dans les programmes Paerpa au-delà de la gériatrie et des urgences".

Renforcer la conduite de projet

Organes clés du dispositif, les CTA se sont effectivement mises en place et ont fonctionné, mais selon des modalités différentes en fonction des territoires (l'étude identifiant trois modèles distincts). Le rapport d'évaluation conclut néanmoins que "dans l'ensemble, un mouvement positif est engagé, donnant à voir des perspectives d'évolution importantes à travers une approche parcours et un décloisonnement des différentes parties prenantes". Les auteurs estiment donc que "la poursuite de l'effort engagé apparaît indispensable".
La seconde partie du rapport propose, sur chacun des points évoqués, un certain nombre de pistes ou de mesures. Parmi celles-ci figurent notamment le renforcement de la conduite de projet, "la nécessité de construire une gouvernance locale permettant de porter le projet territorial en cohérence avec les autres programmes d'action" et la recherche d'une meilleure articulation entre le Paerpa et la Maia (dispositif de coordination du plan Alzheimer).
Le rapport préconise aussi de développer les outils numériques de coordination, de poursuivre l'introduction du Paerpa à l'hôpital et de renforcer les "dispositifs interstitiels" entre l'hôpital et la ville ou l'Ehpad, comme, en sortie d'hospitalisation, l'hébergement temporaire et/ou l'intervention des services d'aide et d'accompagnement à domicile (Saad) ou des services de soins infirmiers à domicile (Ssiad).