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Culture - Bilan en demi-teinte pour la saison d'été des festivals

Dans un communiqué du 30 août, Aurélie Filippetti "se réjouit de la vitalité des festivals d'été français et de leur impact économique sur les territoires". La ministre de la Culture cite plusieurs exemples de cet "important succès auprès du public" : 125.000 entrées pour le festival d'Avignon, près de 85.000 spectateurs pour le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence (+15%), plus de 100.000 pour les Eurockéennes de Belfort et 188.000 pour les Vieilles Charrues à Carhaix. De leur côté, les Nuits de Fourvières sont passées de 133.000 à 166.000 spectateurs et Rock en Seine a battu, avec plus de 110.000 spectateurs, son record de fréquentation depuis sa création, il y a dix ans.
Malgré quelques belles réussites comme les Nuits de Fourvières, le festival d'Aix-en-Provence (+15%, après +16% l'an dernier) ou - dans un autre genre - le festival Métal Hellfest à Clisson (+40% avec 122.000 spectateurs), le bilan est toutefois plus mitigé qu'il y paraît au premier abord. Ainsi, les 188.000 places payantes et les 244.000 entrées totales des Vieilles Charrues - le premier festival français de musique - sont nettement inférieures aux chiffres de 2011, respectivement 212.000 et 268.000 entrées (voir notre article ci-contre du 11 octobre 2011). De même, la fréquentation du festival "in" d'Avignon, qui avait progressé de 10% en 2011 avec 128.000 entrées payantes, recule - légèrement - cette année. Après un recul de 7% du Printemps de Bourges en avril dernier, les Francofolies à La Rochelle ont également perdu 4.000 spectateurs (-5%). Mais il est vrai qu'une soirée a du être annulée le 13 juillet pour des raisons de sécurité tenant à la météo. Le Festival Interceltique de Lorient affiche également une baisse de sa fréquentation (essentiellement gratuite). Si Jazz in Marciac n'a pas encore officiellement publié son bilan 2012 tant que son conseil d'administration ne s'est pas réuni - la tendance serait à la stabilité -, Jazz à Vienne affiche un recul de 12%. Le Nice Jazz Festival - qui a failli disparaître à la fin des années 2000 - affiche en revanche une fréquentation en hausse de 13% par rapport à 2011 et de 84% par rapport à 2010.
Il semble donc que l'été 2012 marque globalement un coup de frein après les records de 2011, même si la situation générale n'a rien de dramatique. Les organisateurs invoquent la mauvaise météo du mois de juillet - elle n'était pourtant guère meilleure en 2011 -, mais aussi un public plus regardant sur les tarifs et plus exigeant sur la qualité : la présence de grands noms est devenue indispensable même si cela ne marche pas toujours (à l'image de la déception du public face à la prestation de Bob Dylan aux Francofolies).
L'enjeu est de taille, car les festivals jouent aussi un rôle économique. Dans son communiqué, Aurélie Filippetti rappelle que ces manifestations ont "un fort effet de levier, évalué entre quatre à huit euros pour un euro investi par la collectivité". Aussi la ministre de la Culture entend-t-elle "poursuivre les partenariats avec les collectivités territoriales qui soutiennent les efforts des nombreuses associations et des bénévoles qui participent à ces événements".