Avenir de la politique de cohésion : le Comité des régions demande à Ursula von der Leyen de clarifier sa position

Alors qu'on s'achemine de plus en plus vers une reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, l'idée en cours de supprimer le poste de commissaire à la politique régionale et de calquer la politique de cohésion sur la plan de relance européen inquiète le Comité des régions. Son président, Vasco Alves Cordeiro, a écrit à la présidente sortante de la Commission, le 17 juin, pour lui demander de "clarifier" sa position.

La désignation des postes clés ou "top jobs" de l'Union européenne devrait être finalisée lors d'un sommet les 27 et 28 juin. Mais les discussions entre chefs d'États et de gouvernement ont déjà bien avancé. Si la réunion qui s'est tenue le 17 juin à Bruxelles n'a pas encore permis de parvenir à un accord politique, la reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne semble en bonne voie. Une candidature qui devra être confirmée par un vote à la majorité qualifiée dans dix jours, avant que le Parlement européen nouvellement élu ne se prononce à son tour à la mi-juillet. Mais cette reconduction pourrait s'accompagner d'un chamboulement de la politique de cohésion qui n'est pas sans inquiéter les collectivités. En effet, la présidente de la Commission européenne aurait l'intention de supprimer le poste de commissaire à la politique régionale et de transformer cette politique sur le modèle de la facilité pour la reprise et la résilience (FRR), le plan de relance européen post-covid. Ce qui conduirait à une "centralisation" de cette politique car la FRR "ne dispose pas de principes d’approche locale, de gouvernance à plusieurs niveaux et de partenariat propres à la politique de cohésion", s'inquiète le Comité des régions dont le président, Vasco Alves Cordeiro, a écrit à la présidente de la Commission, le 17 juin, pour exprimer sa "grande inquiétude" et lui demander de "clarifier" sa position. Ces orientations constitueraient une "rupture majeure" par rapport à l'essence même de la politique de cohésion et plus généralement aux objectifs de l'Union en matière de cohésion territoriale, économique et sociale et les régions tels qu'ils sont menés "depuis au moins trente ans", développe-t-il dans son courrier. Ce serait "un changement aux conséquences sismiques, non seulement pour les régions, villes et pays à travers l'Europe, mais pour le projet européen lui-même", considère-t-il.

Maintenir la politique de cohésion dans toutes les régions

Autre motif d'inquiétude pour les défenseurs de la politique de cohésion : certaines voix s'élèvent en Europe, notamment en Allemagne, pour demander de réserver la politique de cohésion aux régions qui en ont le plus besoin. Ce qui permettrait de libérer des crédits pour d'autres postes budgétaires, comme la défense ou des thématiques montantes telles que les énergies propres ou l'intelligence artificielle. Une perspective à laquelle le Comité des régions s'oppose fermement. Or les positions du conseil "affaires générales" de l'UE qui s'est réuni ce 18 juin justement pour donner sa vision de l'avenir de la politique de cohésion et adopter ses conclusions sur le neuvième rapport sur la Cohésion (voir notre article du 29 mars), s'avèrent plutôt rassurantes. Les Vingt-Sept ont insisté sur le fait que la politique de cohésion ne devait pas perdre de vue son principal objectif : la réduction des disparités entre régions. "Pour atteindre cet objectif, ils ont jugé essentiel de veiller à ce que toutes les régions puissent participer à la mise en oeuvre des objectifs stratégiques de l'UE sur un pied d'égalité et bénéficier de ce processus", indique le communiqué de presse du Conseil de l'UE publié à l'issue de la réunion. C'est au moins ça de gagné.