Élections européennes : place aux grandes manoeuvres

Malgré la montée du vote eurosceptique, les grands équilibres ne devraient pas être chamboulés au Parlement européen qui reste dominé par le PPE. Mais les jeux d'alliance vont jouer à plein pour constituer une majorité alors que les dirigeants européens vont devoir s'entendre pour désigner les futurs postes clés de l'UE  au cours des prochains jours. 

Le "coup de tonnerre" de la dissolution de l'Assemblée nationale dimanche soir (voir notre article) aurait presque fait oublier ce pourquoi les Français s'étaient rendus aux urnes : les élections européennes. Or malgré la percée du vote eurosceptique, les grands équilibres ne devraient pas être chamboulés en Europe. Selon le décompte encore provisoire du Parlement européen, lundi après-midi, la droite libérale du PPE arrive largement en tête avec 185 sièges, soit 3 de plus qu'en 2019. Deuxièmes, les sociaux-démocrates obtiendraient 137 sièges (contre 154 en 2019). Vient ensuite le groupe centriste Renew Europe (auquel est rattaché le parti présidentiel) avec 79 sièges (soit une vingtaine de moins qu'en 2019). Arrive seulement à la quatrième place le groupe eurosceptique CRE (Conservateurs et réformistes européens), dominé par Les Frères d'Italie de la présidente du conseil italien, Georgia Meloni, et le PiS polonais, avec 73 sièges. Autre groupe eurosceptique, Identité et Démocratie obtiendrait 58 sièges (dont les 31 du Rassemblement national qui envoie la plus grande délégation au Parlement européen), devant les Verts qui perdent une vingtaine de sièges (52), la gauche (36) et les "non-inscrits" (46 sièges) - où figurent le Fidesz du Premier ministre hongrois (en tête avec 30% des voix) ou l'AFD allemande (46 sièges au total) - et "autres", c'est-à-dire de nouveaux entrants qui vont devoir choisir leur famille politique (54).

Trouver une majorité

À présent, place aux grandes manoeuvres pour déterminer une majorité parmi les 720 sièges du Parlement dont découleront ensuite les principaux postes clés de l'Union européenne : la présidence du Parlement, celle de la Commission européenne, du Conseil européen, le poste de haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Les partis de l'ancienne coalition PPE-S&D et Renew totaliseraient 56% des voix. En cumulé, les eurosceptiques gagneraient une quinzaine de sièges et pourraient former la deuxième force politique de l'hémicycle européen, derrière le PPE, de quoi exercer une pression sur ce dernier. C'est ce à quoi travaille la présidente du RN, Marine Le Pen, depuis plusieurs mois. Mais, outre que l'alliance entre les deux tendances eurosceptiques est loin d'être acquise - sur fond de guerre en Ukraine -, les digues avec le PPE semblent tenir. Et les "fédéralistes" sont à l'œuvre pour dynamiter toute tentative de rapprochement. L'Union des fédéralistes européens a appelé d'emblée à former une coalition "pro-européenne". "La grande majorité des électeurs européens ont soutenu des partis et mouvements politiques pro-européens, représentant pas moins de 454 sièges au nouveau Parlement européen. Dans ce contexte, nous exhortons toutes les forces politiques pro-européennes représentées au sein du nouveau Parlement européen à s'unir et à former une coalition forte et cohérente fondée sur un accord législatif qui exclut catégoriquement l'extrême droite", souligne-t-elle dans un communiqué.

Les postes clés attendus fin juin

Alors que tout ceci est encore très mouvant, les discussions entre chefs d'État et de gouvernement pour la désignation des postes clés ont aussitôt démarré sous l'égide du président du Conseil européen, le Belge Charles Michel. Ursula von der Leyen est candidate à sa succession. Et certains dirigeants européens lui ont déjà apporté leur soutien. Mais selon le site Euractiv, Emmanuel Macron (qui l'avait soutenue en 2019) pencherait plutôt pour le très fédéraliste Mario Draghi qui pousse à la création d'un véritable "État" européen. L'attitude de l'Allemande vis-à-vis du parti de Georgia Meloni entrera dans la balance. 

La désignation de ces postes clés devrait intervenir lors d'un sommet officiel, les 27 et 28 juin, juste avant le premier tour des élections législatives en France. Quant au futur président du Parlement, il devra être approuvé lors de la première session du Parlement qui se tiendra du 16 au 18 juillet.

 

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