Lutte contre l'exclusion - Automaticité des tarifs sociaux de l'énergie au 1er janvier, la Fondation Abbé-Pierre veut un "bouclier"
A l'approche de l'hiver - et alors que la Fondation Abbé-Pierre lance une campagne "coup de poing" en presse et en affichage sur la précarité énergétique - Nathalie Kosciusko-Morizet, Roselyne Bachelot-Narquin, Eric Besson et Benoist Apparu publient un communiqué commun rappelant l'action des pouvoirs publics en la matière. Ils partagent avec les associations le constat sur l'importance du phénomène : plus de 3,5 millions de ménages français consacrent plus de 10% de leurs dépenses mensuelles à l'énergie et, dans un cas sur cinq, les ménages sont amenés à limiter leur consommation de chauffage en raison de son coût. C'est précisément cet aspect que rappelle la campagne de la fondation à travers les visuels et l'accroche "Ils s'aiment, mais ce n'est pas ce qui les rapproche".
Mais les quatre ministres signataires du gouvernement rappellent, dans leur communiqué, les actions mises en place. Celles-ci comprennent notamment la création du tarif social du gaz en 2008 (pour tous les foyers bénéficiaires de la CMU complémentaire), la mise en place du plan national de lutte contre la précarité énergétique en janvier 2010 - avec notamment la création du fonds national d'aide à la rénovation thermique des logements privés géré par l'Agence nationale de l'habitat (Anah) et le lancement du programme "Habiter mieux" -, ou encore la mise en place de l'écoprêt HLM, qui doit permettre d'améliorer la performance énergétique de 800.000 logements sociaux à l'horizon 2020. Sans compter l'installation de l'Observatoire de la précarité énergétique, auquel participent les pouvoirs publics, les fournisseurs d'énergie, les représentants des élus, l'Unccas et les associations. Les ministres concernés estiment que "le gouvernement a ainsi mis en oeuvre un plan complet permettant de réduire, à court et plus long terme, la facture énergétique des ménages modestes". En ce domaine, l'innovation la plus récente concerne l'automaticité de l'attribution des tarifs sociaux du gaz et de l'électricité à compter du 1er janvier 2012, dès lors que les conditions de ressources sont remplies. Cette mesure devraient permettre de faire passer le nombre de bénéficiaires de ces tarifs sociaux de 600.000 aujourd'hui à environ 1,5 à 2 millions de foyers.
Sans méconnaître ces avancées, la Fondation Abbé-Pierre juge cependant "beaucoup trop faibles" les différentes mesures de lutte contre la précarité énergétique. Elle estime en effet que 8 millions de personnes sont victimes de la précarité énergétique et qu'"aujourd'hui, 3,7 millions de logements en France sont de véritables passoires énergétiques et leurs occupants y vivent comme s'ils étaient dehors, le plus souvent avec un chauffage et un éclairage réduits au minimum". Dans ces conditions, les mesures mises en oeuvre par les pouvoirs publics "n'allègent qu'une partie du public concerné" et "ne compensent pas les diverses augmentations subies par les familles les plus modestes". La fondation réclame donc la création d'un "bouclier énergétique" qui garantirait à chacun une capacité minimum à se chauffer.