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Culture - Audrey Azoulay tire le bilan des politiques de soutien au mécénat

Audrey Azoulay a remis, le 25 janvier, les récompenses de la première édition des prix "Un projet, un mécène". Ces distinctions "mettent en lumière des projets culturels ambitieux qui ont pu voir le jour grâce au soutien d'un mécène". Les prix sont allés à une dizaine d'entreprises ou fondations d'entreprises, réparties dans plusieurs catégories : éducation artistique et culturelle, patrimoine, spectacle vivant, arts visuels, métiers d'art, cinéma et image animée...

La diversification du mécénat

A cette occasion, la ministre de la Culture est revenue, dans son discours sur l'état du mécénat en France. Elle a souligné la diversité des formes de mécénat, depuis les donations de riches collectionneurs - à l'image de la récente et spectaculaire donation des époux américains Spencer et Marlene Hays au Musée d'Orsay - jusqu'au mécénat collectif, accessible à des personnes aux revenus plus limités, à l'image de la mobilisation de 2.400 donateurs pour faire entrer dans les collections publiques le manuscrit royal de François Ier, "Description des douze Césars avec leurs figures".
Après avoir souffert d'un retard certain sur les pays anglo-saxons, le mécénat en France s'est développé par vagues successives, passant progressivement d'un "mécénat de contribution" à un "mécénat d'initiative". Au-delà de ses formes traditionnelles, il s'est également ouvert - dans le cadre de la politique de RSE (responsabilité sociale des entreprises) - à des champs nouveaux, comme le mécénat pour les projets en faveur des jeunes et des populations ou des territoires les plus fragiles et les plus éloignés de la culture. De même, le mécénat de proximité, implanté dans un territoire, a lui aussi connu un rapide essor.
Les nouvelles technologies ont également joué leur rôle dans ces évolutions, avec l'apparition, puis le développement des plateformes de don (crowdfunding), "formidables leviers pour le mécénat". Leur chiffre d'affaires global, tous secteurs confondus, est ainsi passé de 78 millions d'euros en 2013 à près de 300 millions d'euros en 2015. La ministre de la Culture a notamment cité en exemple l'opération portée par une plateforme pour contribuer à la restauration de "l'Atelier du peintre" de Courbet, appartenant au musée d'Orsay.

Le mécénat ne doit pas compenser le désengagement des collectivités

Pour Audrey Azoulay, cette évolution a été fortement encouragée par l'introduction récente de plusieurs dispositifs nouveaux. La ministre de la Culture a cité en particulier l'ordonnance du 30 mai 2014 sur le financement participatif et la loi du 31 juillet 2014 sur l'économie sociale et solidaire. Plus récemment, la loi de finances rectificative pour 2016 a élargi le régime du mécénat aux biens culturels menacés, en lien direct la création du fonds international pour le patrimoine en danger, porté par François Hollande.
Parmi les coups de pouce au développement du mécénat, Audrey Azoulay a aussi cité l'élaboration, par le ministère de la Culture, d'une charte du mécénat, "qui rappelle les fondements intangibles du mécénat que sont le soutien, l'absence de contrepartie et la poursuite de l'intérêt général".
Avec toutefois une précaution que la ministre a pris bien soin de rappeler : "Cette belle progression du mécénat ne vient pas suppléer un désengagement de l'Etat, et ne doit pas venir suppléer de façon générale un désengagement des collectivités publiques - Etat ou collectivités locales."