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Territoires / Commerce - Assises de la proximité : vers une "coconstruction" de la ville et de ses services ?

Les Assises de la proximité se sont tenues le 11 avril. Elles ont mis en évidence de nouveaux modes de gouvernance pour organiser la ville, comme la "coconstruction" permettant aux habitants, aux fournisseurs de services et aux commerçants de dessiner ensemble leurs quartiers.

Les Assises de la proximité, organisées le 11 avril 2013 à Paris, ont été l'occasion d'échanger sur les nouveaux besoins et nouveaux services de proximité qui émergent aujourd'hui dans les villes comme dans les bourgs de campagne.
Parmi les services en développement figurent naturellement les services à la personne. L'installation de ces enseignes (garde d'enfants, ménage, service auprès des personnes âgées…), qui disposent parfois de boutiques physiques avec devanture pour recevoir les clients, pourrait imposer de nouveaux fonctionnements dans les villes et villages. "Il faudrait faire en sorte que ces entreprises de services à la personne puissent s'intégrer dans les quartiers facilement, a ainsi expliqué Caroline Grobien, directrice de l'agence du Vésinet à la Générale de services. Il y a notamment l'idée que nos intervenants puissent bénéficier d'un badge pour stationner gratuitement en voiture, disposer de bornes wifi, ou encore avoir un accès plus facile aux transports en commun."
Autre exemple de changement qui intervient dans les villes ou villages : les transformations de certaines boutiques. Les anciens bouchers ou boulangers tendent ainsi à se reconvertir dans d'autres activités plus demandées. "Notre boucher est devenu épicier, puis traiteur", a témoigné Jean Girardon, maire de Mont-Saint-Vincent et co-président du groupe de travail "Développement économique et commerce" à l'Association des maires de France (AMF). "Au final, il a gardé seulement son activité de traiteur. Par ailleurs, une potière s'est installée récemment. Dans le même temps, le bistro a fermé…"
Pour tout ce qui concerne les produits de bouche, les habitants continuent de s'orienter vers les grands centres commerciaux de périphérie. Et les "retail parks", ou parcs d'activités commerciales, notamment, attirent de plus en plus et ont tendance à remplacer les centres commerciaux. D'après les chiffres de Procos, la Fédération pour l'urbanisme et le développement du commerce spécialisé, à eux seuls, les retail parks représentent 2,7 millions de mètres carrés des nouveaux espaces commerciaux en 2012, soit 57% des mètres carrés en projet. Les centres commerciaux suivent à 1,7 million de m2, soit 36% des projets. Si la tendance des centres commerciaux est légèrement à la baisse, comme l'a indiqué tout récemment Procos (2,5 millions de mètres carrés de nouvelles surfaces contre 3,3 millions en 2011 et 3,2 millions en 2010), "il y a tout de même plus de 2 millions de mètres carrés nouveaux chaque année !", a souligné Frédérique Bonnard Le Floc'h, vice-présidente en charge du commerce et de l'urbanisme commercial et conseillère municipale déléguée au commerce, aux halles et aux marchés, à Brest Métropole Océane.

Un outil d'intelligence collective

Alors, pour s'adapter, de nouvelles idées émergent. La notion de "coconstruction" en fait partie. "Aujourd'hui, nous voyons apparaître des démarches d'innovation ouverte ou 'open innovation', a ainsi expliqué Alain Renk, architecte urbaniste, conseiller stratégie ville numérique à l'Institut Mines-Télécom. Il s'agit d'une nouvelle gouvernance qui consiste à donner aux citoyens la capacité d'agir."
Cet architecte propose ainsi aux villes qui souhaitent tenter l'expérience un outil de modélisation, "Ville sans limite", permettant aux habitants de faire leurs propres choix pour l'aménagement et l'évolution urbanistique des quartiers de leur ville. A partir de cette application, sur une tablette numérique, ils peuvent faire varier différents paramètres : plus ou moins de verdure, de voitures, de commerces, moins de hauteur, etc. "C'est un outil qui permet aux habitants de trouver des solutions, un outil d'intelligence collective", signale à Localtis l'architecte.
Ce sont les élus qui ont repéré l'intérêt d'un tel outil. Rennes et Montpellier se sont ainsi lancées dans des expérimentations de ce type. A Rennes, la démarche a été menée, permettant à 1.500 habitants de donner leur avis. Le tout est conservé dans une base de données fournie au maire. "Et bizarrement, les gens ont validé la densité urbaine du projet", signale Alain Renk.
Côté fournisseurs de services, la coconstruction de solutions est aussi de mise. "On travaille de plus en plus en réunissant dans un même laboratoire l'ensemble des parties prenantes du service, les habitants et futurs clients, la marque, les livreurs… et la solution jaillit par le fait de mettre ces personnes autour d'une table", a assuré Jean-Jacques Gressier, président directeur général de l'Académie du Service.
Reste que "certains maires sont toujours très dirigistes", souligne Alain Renk : "Ce n'est pas encore la culture de libérer la créativité qui émerge de cette intelligence collective."