Algues vertes en Bretagne : lancement d'un deuxième plan de lutte pour 2017-2021
Un deuxième plan de lutte contre les algues vertes (Plav), d'un montant de 55,5 millions d'euros sur 5 ans, a été lancé ce 5 juillet en Bretagne, dans l'espoir d'éradiquer ce phénomène potentiellement mortel et dommageable pour le tourisme.
Alors que les plages bretonnes ont connu ce printemps leurs pires marées vertes depuis bien longtemps, du fait notamment de conditions climatiques favorables à leur prolifération, les acteurs étatiques et régionaux ont rappelé lors d'un point presse ce 5 juillet les progrès réalisés en Bretagne en matière de qualité de l'eau. "La nature est très injuste, a déclaré Thierry Burlot, vice-président de la région chargé de l'environnement. Les résultats en matière de reconquête de qualité des eaux sont incontestés avec une teneur en nitrate dans les rivières qui diminue, mais nous avons encore des échouages massifs, la nécessité de poursuivre s'impose."
La principale cause de prolifération établie scientifiquement est la fertilisation des champs (épandage d'engrais azotés et de déjections animales). Cette dernière est responsable à plus de 90% des flux de nitrates qui enrichissent les cours d'eau, puis engraissent les algues vertes, présentes dans la mer à l'état naturel au même titre que d'autres algues.
Faire évoluer les pratiques agricoles en amont
"Le seul moyen de parvenir à une maîtrise des échouages est ‘d'affamer’ les algues en azote, ce qui suppose d'atteindre des concentrations en nitrates extrêmement basses dans les cours d'eau et, donc de faire évoluer en amont les pratiques agricoles (regroupement des parcelles ; développement de l’herbe et des pâturages…)", souligne la préfecture dans un communiqué.
Comme pour le premier plan de lutte contre les algues vertes (Plav 1) qui portait sur la période 2010-2015, les huit baies bretonnes les plus exposées* se sont fixé un plan d'action, avec à la clé des objectifs différenciés mais améliorés de taux de nitrates dans l'eau.
Doté d'un budget équivalent aux crédits consommés lors du premier plan (55,5 millions d’euros sur 5 ans), le Plav 2 va financer à 90% des mesures préventives, notamment la couverture des sols entre deux cultures pour éviter la fuite des nitrates, de plus grandes zones de pâturage pour limiter la culture de céréales, par définition plus consommatrice en engrais et pesticides. A la clé, un pilotage plus fin des actions à mener dans chaque bassin versant et chaque exploitation. Deux baies prévoient par ailleurs un système dit "gagnant-gagnant", qui permettrait aux agriculteurs de bénéficier de l'aide d'une entreprise de travaux agricoles selon leur degré d'engagement dans l'amélioration de leurs pratiques. "On n'est pas dans une science exacte mais l'enjeu est de maîtriser la prolifération à l'horizon 2027", a indiqué Jean-Louis Bourdais, chargé de mission eau à la préfecture de région. A noter que 2027 est l’échéance de bon état des masses d’eau littorales inscrite dans le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) du bassin Loire-Bretagne.
Des objectifs jugés insuffisants par Eau et Rivières de Bretagne
Dans un communiqué, l'association Eau et Rivières de Bretagne (ERB) a estimé que "les objectifs affichés de réduction des nitrates à l'horizon 2027 sont notoirement insuffisants". "En effet, ceux-ci ne prévoient pas de descendre partout en dessous des 20 mg de nitrates par litre, voire d'approcher les 10 mg/litre préconisés sur certaines baies par les études scientifiques fondées, ce qui permettrait de diminuer d'au moins de moitié les quantités d'algues vertes", relève l'association. ERB réclame aussi une réforme de la politique foncière dans la région, alors que la moitié des exploitations vont changer de mains au cours des 10 prochaines années. "Cette politique doit privilégier l'attribution des terres libérées au profit des exploitations agricoles durables et non polluantes", insiste-t-elle. Globalement, Eau et Rivières de Bretagne dresse un bilan "contrasté" du Plav 1, reconnaissant certes "une prise de conscience locale", mais pointant également "une multitude d'opérations ponctuelles sans changement majeur des pratiques et des systèmes de production agricoles à l'origine des fuites d'azote".
*En Côtes-d’Armor, La Lieue de Grève, Saint-Brieuc, La Fresnaye ; dans le Finistère, Locquirec, L’Horn-Guillec, Guissény (Quillimadec-Alanan), Douarnenez, Concarneau