Archives

Environnement - L'Anses met de nouveau en garde sur les risques des algues vertes pour la santé

Au 30 juin 2011, près de 25.000 m3 d'algues vertes avaient été ramassés en Bretagne contre 13.045 m3 l'an dernier à la même date. Un quasi-doublement alarmant, favorisé par la chaleur précoce, qui rend impossible la fréquentation de certaines plages. La commune de Morieux (Côtes-d'Armor), dans la baie de Saint-Brieuc, a ainsi décidé le 8 juillet de fermer une plage par précaution et pour une durée indéterminée après que des agents chargés du ramassage des algues ont détecté des "poches de gaz" potentiellement dangereuses pour les marcheurs. Une décision intervenue au lendemain de la parution d'un avis et d'un rapport d'expertises de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) qui met en garde sur les risques liés aux émissions gazeuses des algues vertes pour la santé. Ces travaux viennent affiner les premières recommandations émises par l'Anses en juillet 2010.
 L'Agence rappelle d'abord que le phénomène des "marées vertes", initialement limité, a pris de l'ampleur. Si la Bretagne est la région la plus touchée, les côtes du Cotentin ou des Charentes sont elles aussi concernées. Cette prolifération "est  principalement liée à des concentrations élevées de nitrates dans les eaux, apportés par les activités humaines (en particulier l'agriculture) et une configuration physique du littoral (baies)", souligne l'Anses. "Ces échouages massifs d'algues vertes sur les plages (...) entraînent, lors de leur putréfaction, des dégagements importants de gaz, notamment de sulfure d'hydrogène", poursuit-elle. Compte tenu des "dangers connus" de ce gaz, "la question des nuisances olfactives et troubles sanitaires se pose, notamment pour la population générale (promeneurs et riverains des plages) et les travailleurs en activité sur le littoral (pêcheurs à pied, activités de loisirs, etc.)", met en garde l'Anses.

Précautions pour le ramassage

Elle formule donc dans son nouvel avis trois grands types de recommandations, à commencer par des mesures préventives pour éviter la prolifération des algues vertes. Lorsqu'elles apparaissent sur les plages, l'Agence insiste sur la nécessité d'organiser leur ramassage, leur transport et leur prise en charge dans les centres de traitement "le plus rapidement possible", soit moins de 48 heures après échouage, et ce pour éviter qu'elles ne se putréfient et dégagent des gaz toxiques. Autre recommandation : "privilégier un ramassage mécanique", "réalisé dans des conditions limitant au maximum l'exposition du public" et assurer "le balisage des chantiers de ramassage". Pour certaines zones d'échouage inaccessibles pour le ramassage et constituant de fait des zones à risques, l'Agence recommande qu'une information soit mise à disposition des usagers, des promeneurs et des riverains des plages. "Concernant les professionnels impliqués dans le processus de ramassage-transport-traitement des algues vertes, quel que soit leur statut", l'Anses préconise notamment le port d'un détecteur individuel portatif de sulfure d'hydrogène. Ces personnels devraient aussi recevoir une information et une formation adaptées, ajoute-t-elle, et leurs expositions devraient être consignées dans leur dossier médical.
L'avis de l'Anses a été publié le 7 juillet, le jour même du déplacement de Nicolas Sarkozy à Crozon (Finistère). Le président de la République a alors indiqué que les actions de ramassage allaient continuer "car c'est capital pour les activités touristiques, pour toutes les activités" et que "pour le plus long terme, il faut diminuer les flux azotés de façon ambitieuse en associant les agriculteurs". "Ca prendra du temps, nous allons privilégier les appels à projets, notamment les unités de méthanisation", a-t-il déclaré.  "J'y crois beaucoup (...), cela permettra de protéger l'environnement et de dégager des revenus complémentaires pour les agriculteurs."