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Environnement - Les algues continuent à proliférer sur le littoral

De plus en plus de côtes sont touchées par les algues vertes et de nombreux sites sont aussi exposés à des développements importants de phytoplancton, selon une étude que vient de publier le Commissariat général au développement durable (CGDD) sur les proliférations d'algues sur le littoral métropolitain. Les macroalgues, principalement des ulves, produisent des marées vertes sur de nombreux territoires bretons : l'estuaire de la Rance, les baies de Saint-Brieuc et Lannion, le Léon, la rade de Brest, les baies de Douarnenez et de la Forêt, la rade de Lorient, la ria d'Etel et le golfe du Morbihan. En 2012, 51 plages et 33 vasières d'estuaire étaient concernées en Bretagne et le nombre de secteurs touchés augmente depuis une quinzaine d'années, ce qui n'est en revanche pas le cas de la surface de plages recouvertes, qui varie entre 1.500 et plus de 4.000 hectares selon les années sans que l'on distingue de tendance, note l'étude. Plus préoccupant, celle-ci fait état de nouvelles plages touchées, dans le Calvados, les havres du Cotentin, sur le littoral de Loire-Atlantique, quelques secteurs de Vendée, dont Noirmoutier, et sur les îles de Ré et d'Oléron. Selon le CGDD, qui cite des chiffres du Centre d'étude et de valorisation des algues, entre 50.000 et 100.000 m3 d'algues sont ramassés et traités annuellement par les collectivités territoriales concernées pour un coût total d'environ 1,7 million d'euros en 2012 (20 euros par m3).

Phytoplancton et algues microscopiques

Certains secteurs du littoral subissent aussi des développements importants de phytoplancton et d'autres espèces d'algues microscopiques qui sont potentiellement dangereux pour la santé. Le phénomène se produit souvent au débouché des fleuves ou dans les lagunes. Les zones concernées sont aujourd'hui localisées des Flandres au bassin d'Arcachon et dans les lagunes de Méditerranée. D'importants apports fluviaux en nutriments sont à l'origine du développement des algues, souligne l'étude du CGDD. Ainsi, de 1999 à 2011, les flux d'azote liés aux nitrates ont représenté 560.000 tonnes par an. Après une baisse jusqu'en 2003, ils oscillent autour de 500.000 tonnes, les variations annuelles s'expliquant par la pluviométrie, responsable du lessivage des sols. Les flux de phosphore sont, eux, estimés à 21.000 tonnes par an de 1999 à 2011 et ont été divisés par quatre de 1999 à 2005 "du fait de l'amélioration des performances des stations d'épuration, de la progression de l'assainissement collectif et, certainement, d'une moindre utilisation des engrais phosphatés en agriculture", indique l'étude. D'après les agences de l'eau, selon les bassins hydrographiques et les années, de 54% (Seine-Normandie) à 90% (Loire-Bretagne) de l'azote présent dans les cours d'eau seraient d'origine agricole. Le constat est plus nuancé pour le phosphore : selon les bassins, l'agriculture représenterait de 30% à 50% des apports mais dans certains territoires (lagunes méditerranéennes, bassins versants urbanisés et peu agricoles), les apports de nutriments sont surtout d'origine domestique.

Baisse insuffisante des nitrates

"La majorité des zones littorales est cependant dans un bon état concernant le développement d'algues", conclut le CGDD. "Au regard de la prolifération des macroalgues, entre l'estuaire de la Seine et l'île de Ré, 18 secteurs, sur les 63 étudiés entre 2005 et 2010 sont dans un état médiocre ou mauvais. Ils sont situés en Bretagne mais aussi sur la Côte Fleurie, dans le Calvados", indique-t-il. Les nombreuses actions entreprises en Bretagne ont permis de faire diminuer significativement les concentrations en nitrates des cours d'eau qui restent cependant encore trop élevées pour limiter les marées vertes, reconnaît le CGDD. Pour le phytoplancton, sur la période 2007-2012, 95 des 116 masses d'eau étudiées sur l'ensemble du littoral sont dans un bon ou très bon état. Onze sont dans un état moyen. Elles sont situées sur le littoral du Nord – Pas-de- Calais, à proximité des fleuves, comme la Seine ou la Vilaine, et dans les lagunes. Enfin, les 10 masses d'eau dans un état médiocre ou mauvais sont situées en baie de Somme et dans les lagunes méditerranéennes. D'après un suivi spécifique au Languedoc-Roussillon, la situation n'est pas bonne pour un certain nombre de lagunes. "Les importantes réflexions et travaux mis en oeuvre sur les bassins versants depuis plusieurs années ont tout de même permis de faire diminuer de manière significative la part des eaux de mauvaise qualité," assure l'étude.