Décentralisation - Alain Rousset "extrêmement touché"
En pleine réforme territoriale, les régions abordent leur congrès annuel qui se déroulera à Lyon, les 18 et 19 octobre, en "confiance". Confiance après le pacte signé avec l'Etat, le 12 septembre, qui, au dire du président de l'Association des régions de France (ARF), n'a pas été salué comme il l'aurait mérité. "Une veste rouge a fait fantasmer la presse ; nous qui avons l'habitude de la corrida, nous y avons été moins sensibles", a ironisé Alain Rousset, lors d'une conférence de presse ce mercredi 10 octobre. Allusion à la présence remarquée de la présidente de la région Poitou-Charentes Ségolène Royal à cette réunion.
Confiance aussi après le discours de François Hollande, vendredi 5 octobre, lors des Etats généraux de la démocratie territoriale. Alain Rousset s'est dit "extrêmement touché" par les concessions faites aux régions et par la tournure que prend la définition des blocs de compétence pour elles (pilotage de l'ensemble de la politique de l'emploi et de la formation professionnelle, chef de filat en matière d'aides aux entreprises…) : "Enfin les Français vont savoir qui fait quoi dans la République."
"Nous étions avec un Etat jacobin et des collectivités sous-traitantes, des grands groupes et des PME sous-traitantes, cela va changer", s'est-il réjoui, reconnaissant toutefois que les discussions sont "parfois un peu rudes avec Bercy". "L'accompagnement des PME suppose que les régions soient à la manœuvre", ce sont des "machines de croissance", a-t-il appuyé. Ce qui signifie que leurs futurs schémas régionaux de développement économique, qui définissent la politique d'aide aux entreprises, soient "prescriptifs". Ce sera l'un des enjeux du projet de loi sur la décentralisation, alors que l'acte du 12 septembre ne précise pas ce point.
Guerres de clochers
D'ailleurs, Alain Rousset souhaite que l'ensemble des schémas régionaux (développement économique, transport, recherche…) soient prescriptifs et puissent ainsi s'imposer aux autres échelons, sans qu'il y ait pour autant de tutelle d'une collectivité sur une autre, comme l'a rappelé François Hollande le 5 octobre. Mais le président de l'ARF sait aussi qu'il devra faire face à ce qu'il appelle des "conservatismes". Métropoles et départements ne s'en laissent pas conter en effet, qui veulent conserver leur pouvoir économique. "Les régions ne vont pas se faire plumer", a prévenu Alain Rousset… Son homologue de Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne, qui était à ses côtés, a joué, lui, la carte de la coopération : "On ne va pas ressusciter les guerres de clochers." Cette coopération nouvelle passera par la nouvelle instance prévue par le projet de loi : le Haut Conseil des territoires et ses déclinaisons locales, les conférences territoriales de compétences.
L'autre défi sera la place des régions dans le futur projet de loi sur la Banque publique d'investissement (BPI). Alain Rousset a relevé des anomalies dans le dispositif tel qu'il se profile : "Ceux qui vont piloter le conseil d'administration ne sont pas dans le conseil d'orientation, il n'y aura pas de dialogue." "Bercy va essayer de faire en sorte que nous ne voyons pas les dossiers", a-t-il dit, regrettant que les élus soient perçus par l'administration comme "trop clientélistes" dans leurs choix.
Les deux présidents de régions se sont aussi satisfaits du transfert de la gestion des fonds européens à partir de 2014. Mais "la plus grosse difficulté, ce sera 2013", a alerté Alain Rousset. "La manière dont les crédits sont gérés par les services de l'Etat est problématique. Il y a un risque que beaucoup d'argent remonte [...] Nous avons tous demandés aux préfets où en était la gestion des crédits."