Cinéma - Aides aux tournages : près de 500 millions d'euros de dépenses supplémentaires en France en 2016
La réforme des crédits d'impôt cinéma et audiovisuel entrée en vigueur en 2006, incitant à la relocalisation en France le tournages de productions françaises et étrangères, aurait permis d'augmenter de plus de 40% les dépenses réalisées sur notre territoire.
Après un "énième" coup de pouce des députés dans la loi de finances pour 2017 - prorogation jusqu'en 2019 du crédit d'impôt international pour les œuvres audiovisuelles et cinématographiques et abaissement de 1.000.000 à 250.000 euros du seuil de dépenses minimal pour en bénéficier -, Audrey Azoulay a présenté, le 1er février, un bilan de la réforme de ces dispositifs. La ministre de la Culture "se félicite des résultats exceptionnels de la réforme des crédits d'impôt cinéma et audiovisuel entrée en vigueur en 2016 et mise en œuvre par le Centre national du cinéma et de l'image animée".
L'équivalent de la création de 15.000 emplois d'intermittents
Selon la ministre, l'incitation à la relocalisation en France de tournages de productions françaises et étrangères a permis d'augmenter les dépenses réalisées sur notre territoire de plus de 40%, soit près de 500 millions d'euros supplémentaires, portant le total des dépenses à 1,76 milliard d'euros. Dans le même temps, le nombre de jours de tournage a progressé de 11%. Le volume d'activité ainsi généré correspond à la création de 15.000 emplois d'intermittents.
Plus précisément, le crédit d'impôt national a engendré un niveau de dépenses en France de 782 millions d'euros pour le cinéma (+211 millions par rapport à 2015) et de 826 millions pour l'audiovisuel (+180 millions). Pour le crédit d'impôt international, ces chiffres sont respectivement de 92 millions d'euros (+59 millions) et 152 millions (+95 millions).
A l'inverse, le taux de délocalisation des tournages de longs métrages de fiction est tombé à 22%, "soit le plus bas niveau constaté depuis que cet indicateur est suivi". Le nombre de semaines de tournage à l'étranger a baissé quasiment de moitié entre 2015 et 2016 (-46%). Parmi les productions relocalisées en France, la ministre a cité plusieurs "tournages emblématiques", comme "Au revoir là-haut" d'Albert Dupontel, "Django" d'Etienne Comar, "Dalida" de Liza Azuelos et "Valerian et la cité des mille planètes" de Luc Besson. Du côté des productions internationales réalisées en France, elle a notamment cité "Dunkirk" de Christopher Nolan ou "Moi, moche et méchant 3" de Pierre Coffin et Chris Renaud.
Les atouts français "font la différence"
Pour Audrey Azoulay, "ces résultats démontrent que lorsque les règles du jeu fiscales sont équilibrées, le savoir-faire français, l'excellence de nos techniciens, de nos créateurs et la richesse de nos territoires font la différence et permettent à notre pays de s'imposer comme l'une des terres de cinéma et de création audiovisuelle les plus attractives du monde".
La ministre de la Culture est également revenue sur l'étude commandée en 2014 au cabinet Ernst & Young (voir notre article ci-contre du 10 octobre 2014). Celle-ci, très favorable au dispositif, montrait notamment qu'un euro de crédit d'impôt cinéma rapporte près de trois euros de recettes fiscales et sociales et un euro de crédit d'impôt audiovisuel près de quatre euros de recettes fiscales et sociales.
Forte de ces résultats, la ministre de la Culture n'a pas fait allusion aux critiques récurrentes de certains députés de la majorité - et aux réticences à peine dissimulées du secrétaire d'Etat au Budget -, qui s'étonnent de l'ampleur du cadeau fait à un secteur économique et font valoir que n'importe quel secteur qui bénéficierait d'aides aussi exorbitantes afficherait sans doute des résultats similaires...