Accompagnement de la perte d’autonomie : "une spécialisation des territoires vers le domicile ou l’établissement"

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux) vient de publier une étude sur la répartition territoriale de l’offre de prise en charge de la perte d’autonomie, à domicile ou en établissement. 

Après avoir dévoilé ses dernières données et projections en matière de démographie médicale (voir notre article), la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux) vient de publier une étude sur la répartition territoriale de l’offre de prise en charge de la perte d’autonomie, à domicile ou en établissement. Selon des projections, "on compterait 2,6 millions de personnes de 60 ans ou plus en perte d’autonomie – plus ou moins grande –, dont 0,6 million en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)", est-il précisé. Pour répondre à ces besoins, "en 2019, 515.000 professionnelles (en équivalent temps plein [ETP]) travaillent dans le secteur sanitaire ou médico-social de l’accompagnement des personnes âgées en France métropolitaine", dont un peu plus de la moitié en établissement (262.000 ETP).

Les établissements les plus mobilisés sont évidemment les Ehpad (78% des ETP pour la prise en charge en établissement), mais des professionnels sont également dédiés à des personnes en perte d’autonomie en établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ehpa), dans des unités de soins de longue durée (USLD), dans des centres d’accueil de jour, dans des services de soins de suite et de réadaptation (SSR) et également à la marge dans des résidences autonomie (3% des ETP en établissement).

Les professionnelles accompagnant la perte d’autonomie à domicile (205.000 ETP) exercent dans le médico-social pour 60% d’entre elles (en emploi direct, via un service mandataire ou en mode prestataire pour 90.000 ETP) et dans le secteur sanitaire pour 40% - "infirmières exerçant en libéral ou au sein de services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ou, plus marginalement, dans le cadre de l’hospitalisation à domicile (HAD)".

Au global, l’offre est d’abord privée à but lucratif (40% des ETP), puis publique (33%) et enfin privée à but non lucratif (27%), mais elle est "majoritairement publique en établissement (58%)" et "majoritairement privée à but lucratif à domicile" (64%) (voir à ce sujet notre article).

"En moyenne, 3.267 ETP exercent à moins de 60 minutes du domicile pour 100.000 personnes âgées de 60 ans ou plus", selon la Drees dont les cartes mettent en avant l’absence d’homogénéité de cette offre d’accompagnement sur le territoire. Ainsi "l’accessibilité géographique est plus faible dans les régions autour de l’Île-de-France (Oise, Seine-Maritime, Eure, Orne, Eure-et-Loir, Sarthe, Loir-et-Cher), tout comme dans les régions montagneuses (Alpes, Pyrénées, Vosges, Jura) et le Grand Est". L’étude met en outre l’accent sur "une spécialisation des territoires vers le domicile ou l’établissement", avec notamment une moitié sud davantage pourvue pour l’accompagnement à domicile et des "communes de Bretagne, des Pays de la Loire et celles se situant à l’intérieur des terres" mieux dotées en établissements. La spécialisation des territoires a trait aussi aux statuts, puisque la Drees identifie "de grandes zones dont l’accessibilité à l’offre est essentiellement liée à de l’offre privée lucrative (Méditerranée, Île-de-France, Corse, régions des Alpes et des Pyrénées, Nord-Est) et d’autres où l’offre est essentiellement publique (Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, centre de la France)", avec parfois des départements qui se distinguent de l’offre dominante dans leur région.