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Perte d’autonomie et accès aux soins : quelles disparités territoriales ?

La perte d’autonomie est plus fréquente dans le nord et l’est du pays, en particulier chez les personnes âgées de 60 à 74 ans. C’est ce que met en évidence une étude de la Caisse des Dépôts, qui analyse également les inégalités territoriales d’accès aux soins de santé. Sans surprise, les zones denses ou de densité intermédiaire sont bien mieux servies que les zones très rurales. D’une région à l’autre, les différences sont plus marquées pour l’accès aux soins infirmiers ou de masseurs-kinésithérapeutes que pour l’accès aux médecins généralistes.

Publiée le 11 mai 2022, une étude de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts porte sur les "grandes disparités" qui existent "entre territoires tant en ce qui concerne les besoins des populations vieillissantes que l’offre de services, notamment de santé, mobilisable localement".

"Bien qu’un peu surreprésentées dans les zones rurales, les personnes âgées résident majoritairement dans les agglomérations et sur les littoraux", rappellent les auteurs. Ces derniers indiquent également que l’âge moyen de la perte d’autonomie en France était de 83 ans à la fin des années 2000. Toutefois, parmi les personnes âgées de 60 ans et plus, "les situations de faible autonomie sont particulièrement répandues dans les Hauts-de-France, en Haute-Corse et en région Grand Est, tandis que l’Île-de-France mais aussi la Bretagne et les Pays de la Loire présentent une situation plus favorable". Dans certains territoires tels que les départements de l’ouest du Massif central, cette "fréquence élevée des situations de faible autonomie" s’observe chez les personnes de 75 ans et plus, mais pas particulièrement chez les 60-74 ans. La Caisse des Dépôts s’appuie sur l’enquête Vie quotidienne et santé de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, ministères sociaux) réalisée en 2014 et publiée en 2019 (voir notre article) - à noter que cette enquête a été de nouveau administrée en 2021.

Plus exposées à la perte d’autonomie et à la pauvreté mais moins isolées 

"Si les régions du nord et de l’est comptent une plus grande proportion des 60-74 ans peu autonomes, les personnes concernées ont sans doute, plus souvent que dans les autres régions, accès à l’aide informelle d’autres personnes du ménage", met en avant la Caisse des Dépôts. Atteignant en moyenne 42,5% chez les 75 ans et plus, la part des personnes vivant seules est en effet plus faible, notamment chez les 60-74 ans, dans les Hauts-de-France et le Grand Est qu’en Bretagne, en Corse et dans les régions alpines. Dans les régions du nord et de l’est, les personnes âgées sont en revanche moins souvent propriétaires de leur logement et disposent moins souvent d’un véhicule. "Les personnes âgées faiblement autonomes, nombreuses dans ces régions, risquent d’être plus souvent confrontées à des difficultés économiques qui compliquent leur prise en charge", selon les auteurs.

L’étude propose une typologie des départements selon les caractéristiques des personnes âgées qui y résident. Concernant les 75 ans et plus, l’accent est notamment mis sur la spécificité d’un ensemble regroupant un grand nombre de départements littoraux, ainsi que les départements des Alpes et de la vallée du Rhône, où le taux de bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) atteint 14%, contre 11% par exemple dans un groupe réunissant la majorité des départements de l’intérieur des terres.        

Un accès aux généralistes plutôt homogène d’une région à l’autre

Sur l’accessibilité des services de santé, la Caisse des Dépôts s’est intéressée à trois types de professionnels : les médecins généralistes libéraux, les infirmiers libéraux et les masseurs-kinésithérapeutes, présentés comme des acteurs majeurs de la prévention de la perte d’autonomie comme de la prise en charge à domicile des personnes dépendantes. L’analyse s’appuie sur les indicateurs "d’accessibilité potentielle localisée" (APL) de la Drees et de l’Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé). Sans surprise, les trois APL des professions considérées "sont en moyenne nettement plus faibles dans les communes très peu denses que dans les communes denses", le niveau médian étant notamment 2,5 fois plus élevé dans les communes denses que dans les zones très peu denses pour les masseurs-kinésithérapeutes.

"L’accessibilité des infirmiers libéraux se singularise toutefois par une APL médiane sensiblement plus élevée pour les communes intermédiaires que pour les communes denses", nuance l’étude. Dans les communes relativement denses, ces soins infirmiers sont également plus accessibles dans des communes au revenu médian faible que dans des communes au revenu médian plus élevé.  

L’accessibilité aux soins de généralistes libéraux varie beaucoup d’une commune à l’autre, "elle semble notamment meilleure sur les littoraux que dans l’intérieur des terres". En revanche, cet accès aux généralistes paraît plutôt homogène d’une région à l’autre, "aucune région prise dans sa globalité ne se [détachant] clairement des autres" – même si l’étude mentionne une accessibilité légèrement moindre en Centre-Val de Loire et en Ile-de-France. A l’inverse, "à densité donnée, l’accessibilité des soins d’infirmiers ou de masseurs-kinésithérapeutes est bien meilleure dans la moitié sud et sur les littoraux". Sur l’accès aux soins infirmiers, "une vaste zone allant de la Normandie au Poitou-Charentes en passant par les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire" apparaît comme moins favorisée.