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Handicap/Municipales - Accessibilité : du bureau de vote à la vie de la cité, les candidats aux élections municipales interpelés

En cette période d'élections municipales, le Défenseur des droits, mais aussi les associations APF, APAJH et Adapt attirent l'attention des candidats et des électeurs sur la question de l'accessibilité des bureaux de vote et, plus largement, de l'espace public.

Les bureaux de vote et le processus électoral sont-ils accessibles à tous, partout en France ? Dominique Baudis estime qu'"il reste encore du chemin à parcourir". Pour mieux recenser les situations jugées inacceptables (configuration inadaptée des locaux, manque de signalétique, atteinte au respect du secret du vote…) et s'atteler à apporter des réponses dès l'entre-deux-tours des élections municipales, le Défenseur des droits invite les citoyens ayant pu rencontrer des difficultés dans l'exercice de leur vote dimanche dernier à le saisir ou à témoigner sur son site internet. Le secrétariat général du Comité interministériel du handicap (SG CIH) avait pourtant cherché à anticiper ces problématiques d'accessibilité en éditant trois guides pratiques à destination des organisateurs des élections, des candidats et des médias, comme nous l'évoquions dans notre édition du 27 février (voir ci-contre). A l'image des résultats des derniers baromètres concernant l'accessibilité des villes françaises, l'adaptation des bureaux de vote suivrait une évolution globalement positive, malgré la persistance de retards importants dans certains domaines. Ainsi, les écoles primaires publiques, qui abritent souvent les bureaux électoraux, seraient accessibles dans 57% des cas dans les chefs-lieux départementaux en 2013, selon l'Association des paralysés de France (APF) qui juge ce résultat très insuffisant. Et, pour le Défenseur des droits comme pour nombre d'associations de défense des droits des personnes handicapées, l'égalité des citoyens dans l'exercice du droit de vote a valeur de symbole.

Les associations interpellent les candidats

Les élections municipales sont donc l'occasion pour les associations de mettre plus globalement la question de l'accessibilité de l'espace public sur le devant de la scène. Après la publication en février de son baromètre de l'accessibilité 2013 intitulé "Avis de tempête", l'APF interpelle les candidats aux élections municipales sur leur programme et les invitent à signer la pétition "Oui à l'accessibilité – Non à 10 ans de plus" déjà soutenue par 110.000 signatures. "Les futurs élus municipaux ne peuvent pas rester sourds à ce combat pour l’accessibilité qui réunit largement les Français (…) et qui est révélateur d’une véritable demande sociale, puisque l’accessibilité profite à de nombreux publics (personnes âgées, parents avec poussette, femmes enceintes, etc.)," milite l'association qui invite tout citoyen à s'adresser directement aux candidats sur les réseaux sociaux et notamment Twitter avec le hashtag #LibertéEgalitéAccessibilité.
Parmi d'autres démarches d'interpellation, le "Pacte Handicap 2014, pour une Cité garantissant l'accès à tout pour tous" de l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) aurait d'ores et déjà recueilli la signature de quelque 200 candidats. Ce pacte engage ses signataires sur cinq thèmes, dont la garantie de l'accessibilité de l'espace public, l'offre d'activités sportives et culturelles adaptées et les conditions d'une "citoyenneté réelle" pour les personnes en situation de handicap. Pour Jean-Louis Garcia, président de la Fédération des APAJH, ces différents engagements visent à "dépasser une conception architecturale de l'accessibilité", en précisant que cet enjeu concerne tout citoyen, "qu'il soit en situation de handicap ou non".
Quant à l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt), qui fait suite à la réalisation en 2013 d'un baromètre dans lequel un maire sur trois reconnaissait le retard de sa commune dans le domaine de l'insertion des personnes handicapées (voir notre édition du 13 février 2014), elle interpelle les candidats avec quatorze engagements qui dépassent la question de l'accessibilité de l'espace public au profit des différentes sphères d'insertion sociale et professionnelle (école, services administratifs, accès à l'emploi, etc.) Pour l'Adapt, un candidat-maire devrait avoir pour premier engagement de "changer le regard" de ses concitoyens sur ce sujet.

Des maires aux citoyens : une affaire collective

Entre ces différentes campagnes, un point commun : il s'agit de sensibiliser, en même temps que les candidats aux élections municipales, l'ensemble des citoyens à travers une approche pédagogique qui met en avant la nécessaire responsabilisation de chacun. Cette approche se traduit par la diversification des supports (vidéos, pétitions, témoignages de candidats…) et la valorisation des bonnes pratiques effectives. Le site de campagne de l'Adapt intitulé "Les Engagés" met par exemple en avant la ville de Colombes, en région parisienne, qui a adopté une Charte Ville Handicap dont les engagements sont appliqués par une mission handicap dépendant du CCAS et jouant un rôle de coordination et d'animation des actions menées.
Cette recherche de bonnes pratiques fait également sens pour le Défenseur des droits qui espère, par son appel à témoignages, recueillir des éléments utiles aux collectivités pour le second tour des élections municipales, ainsi que pour les élections européennes en mai prochain. Une démarche de mutualisation de toutes les expériences qui peut s'avérer efficace, à condition de rendre les outils de témoignage… eux-mêmes faciles et accessibles. C'est ce qu'a bien compris l'association Jaccede qui, depuis 2006, réalise un guide collaboratif des bonnes adresses accessibles permettant à chacun, utilisateur du guide ou pas, de référencer des lieux en les classant par niveau d'accessibilité. Avec la contribution de 7.000 bénévoles actifs intervenant notamment sur l'application pour smartphones, 31.000 lieux concernant essentiellement des commerces et services de la vie courante (dentiste, bibliothèque, cinéma, restaurant…) auraient déjà été référencés en France. Une cartographie dynamique qui peut s'avérer utile en prévision de l'échéance légale de 2015, puisque les agendas d'accessibilité programmée (Ad'AP) ne la remettraient globalement pas en cause.

 

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