Volet mobilités des CPER : 8,4 milliards d'euros pour les transports d'Ile-de-France
Signé le 20 décembre 2023, le protocole relatif au volet mobilités 2023-2027 du contrat de plan Etat-région (CPER) d'Ile-de-France consacrera 93% de ses crédits aux transports collectifs et ferroviaires alors que la première région de France est confrontée aux défis du vieillissement de son réseau et à l'arrivée du Grand Paris Express (GPE).
"Le plan le plus ambitieux d'Europe pour les transports" : la présidente de région Valérie Pécresse n'a pas boudé son plaisir en recevant le 20 décembre dernier à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune pour signer le protocole d'accord du volet mobilités du contrat de plan Etat-région (CPER), qui doit aboutir à l'été 2024.
3 milliards d'euros apportés par l'Etat
Ce nouveau plan quinquennal prévoit 8,4 milliards d'euros d'investissements sur les années 2023-2027, dont 3,7 apportés par la région, 3 par l'Etat et 1,7 par les collectivités locales et les acteurs du transport public (RATP, SNCF, Société du Grand Paris, Ile-de-France Mobilités).
Le protocole entériné est un "document provisoire" qui arrive "avec quatre années de retard" après avoir été "reporté depuis 2020" et la crise sanitaire, a souligné l'opposition communiste. Si sa signature a été "longtemps retardée", a reconnu Clément Beaune, l'accord va permettre à la région, qui contrôle les transports, et l'Etat de faire face au "doublement du réseau" du métro parisien "d'ici 2030". Le Grand Paris Express (GPE), ce projet de super métro né sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy en 2009, doit en effet se concrétiser enfin, avec quatre nouvelles lignes (15, 16, 17, 18), totalisant plus de 200 km, qui doivent entrer en service entre fin 2025 et 2030.
Après un autre accord fin septembre 2023 entre l'Etat et Ile-de-France Mobilités (IDFM) pour limiter la hausse des abonnements jusqu'en 2031 (lire notre article), ce nouveau protocole est une "ambition politique complémentaire" face à "la galère dans les transports", a encore dit Clément Beaune.
Modernisation du réseau existant et préparation de l'arrivée du Grand Paris Express
93% des crédits prévus par le nouveau contrat seront consacrés aux transports collectifs et ferroviaires. "La priorité absolue, c'est la modernisation du réseau existant", avec un budget de 1,8 milliard d'euros consacré à "la modernisation des RER et Transiliens", a mis en avant Valérie Pécresse. 712 millions d'euros seront investis pour l'automatisation des RER B et D, empruntés chaque jour par 1,65 million de voyageurs et 1,1 milliard d'euros seront engagés pour l'amélioration et la modernisation de l'ensemble des lignes RER et Transilien.
Près de 1 milliard d'euros seront investis pour préparer l'arrivée du GPE. Sur ce total, 603 millions d'euros (contre 119 millions d'euros dans le précédent CPER) seront consacrés à la modernisation de 13 gares (Val-de-Fontenay, Melun, Rosny, Poissy, Mantes-la-Jolie, La Défense, Le Bourget-Drancy, Noisy-le-Sec, le "tripôle" Gare-de-Lyon-Austerlitz-Bercy, le "bipôle" Gare de l'Est-Saint-Lazare, Massy-Palaiseau et Corbeil-Essonnes). S'y ajoutent 345 millions d'euros pour financer les interconnexions du GPE (dont la future gare de Bry-Villiers-Champigny) et 179 millions d'euros pour connecter les gares existantes aux futures lignes de métro du GPE.
Autres transports collectifs, fret ferroviaire, accessibilité...
Le futur accord doit aussi servir à finaliser le prolongement du RER E à l'ouest de Paris (1,7 milliard d'euros), ainsi que six nouveaux projets de tramways (1,3 milliard d'euros) ainsi qu'une quinzaine de nouveaux projets de bus "à haut niveau de service" (883 millions d'euros).
378 millions d'euros (dont 217 millions provenant de l'Etat) serviront en outre à développer les infrastructures nécessaires à l'atteinte des objectifs de la stratégie nationale de développement du fret ferroviaire. Une partie de cette enveloppe devra aussi financer l'accessibilité des gares nationales, le gouvernement s'étant engager à lancer les travaux nécessaires dans toutes les gares d'ici 2027.
Un peu plus de 600 millions d'euros pour la route
Enfin 622 millions d'euros seront investis sur les "projets routiers prioritaires afin de favoriser l'intermodalité et de rendre plus durable l'usage de la route pour les Franciliens", indique la région qui rappelle que 15 millions de déplacements par jour se font en voiture. 100 millions d'euros seront notamment engagés pour la création de voies réservées aux bus et au covoiturage.
Ce protocole d'accord est intervenu dans un contexte de tensions autour de la qualité de service des transports franciliens, enjeu majeur des Jeux olympiques de l'été 2024 (26 juillet-11 août). Début décembre, IDFM a déploré "une nouvelle dégradation du service des transports inquiétante" et sa présidente Valérie Pécresse appelé l'opérateur RATP à "remonter la pente". La même semaine, une rupture de canalisation à la station Châtelet-Les Halles avait entraîné une interruption de circulation des lignes des RER A, B et D en plein coeur de Paris.
"Nous avons un réseau obsolète. Il y a au moins huit lignes sur dix qui ne sont plus en état d'assurer un service public de qualité. Nous payons quarante ans de sous-investissement dans les transports avant ceux décidés par Valérie Pécresse", a dit au même moment le PDG de la RATP, l'ancien Premier ministre Jean Castex. Et la présidente de rappeler les projets achevés ou en voie de l'être depuis son arrivée à la tête de l'exécutif régional : prolongements de quatre lignes de métro (4, 11, 12, 14), ouvertures ou prolongements de six tramways...
Avec l'Ile-de-France, six régions sur 13 avaient signé fin 2023 un accord sur le volet mobilités de leur CPER, pour un montant total de 12,9 milliards d'euros de crédits partagés entre l'Etat, les régions et les collectivités locales.