Vire Normandie expérimente le dispositif Zéro logement vacant (14)

Détruite en grande partie à la fin de la deuxième guerre mondiale, la ville de Vire, devenue en 2016 commune nouvelle de Vire Normandie, a été reconstruite avec des immeubles de belle facture mais peu adaptés aux normes actuelles d’isolation phonique, thermique et d’accessibilité. En 2011, les élus constatent que de nombreux logements sont vacants, en dépit d’une activité économique florissante et d’un centre-ville marqué par un patrimoine architectural remarquable, témoin du XXe siècle. « Nous avons donc engagé une démarche d’amélioration de l’habitat en travaillant sur un Programme local de l’habitat et en lançant une première OPAH¹, de 2014 à 2019, puis une OPAH Renouvellement urbain pour 2020-2025, qui concerne la commune déléguée de Vire et une OPAH classique sur les autres communes déléguées », indique la vice-présidente en charge de l’habitat à l’intercom de la Vire au Noireau, Nicole Desmottes.

Identifier les propriétaires

Lancée en 2020, la mise en œuvre par Vire Normandie de l’expérimentation nationale Zéro logement vacant (ZLV) est passée à partir de 2022 sous la houlette de l’intercom, qui a récupéré en septembre de cette même année la compétence habitat. « Le dispositif ZLV vise à aider les collectivités dans l’identification et la mobilisation des propriétaires de logements vacants et à leur proposer un accompagnement personnalisé, afin de les orienter vers une prise de décision : réhabiliter, vendre ou transmettre… », indique la chargée de mission en charge de l’habitat à l’intercom, Hélène Renouf. « L’idée est d’enrayer la dégradation du patrimoine et de valoriser les biens vacants. »

Le dispositif Zéro logement vacant

ZLV aide la collectivité au repérage des biens vacants à partir des données statistiques LOVAC, qui permettent de caractériser les logements et d’identifier leurs propriétaires. Le service Habitat, en lien avec l’opérateur en charge du suivi animation des OPAH, a adressé aux propriétaires des courriers pour entrer en contact avec eux et leur proposer un accompagnement aux travaux, des aides financières, avec la possibilité de réaliser un plan de financement prévisionnel. Ce plan constitue également un argumentaire d’aide à la vente, pour les propriétaires qui ne souhaitent pas s’engager dans des travaux parfois très importants. Les acquéreurs potentiels du bien vacant y trouvent une simulation du montant des travaux et les aides auxquelles ils auraient droit.

Le service Habitat a d’abord ciblé ses efforts sur les propriétaires du centre-ville, en leur adressant des courriers et des questionnaires pour bien comprendre les raisons de la vacance et mieux savoir comment les aider et les accompagner dans la rénovation de leur bien. Des relances téléphoniques ont été effectuées et des rendez-vous techniques pris avec les propriétaires intéressés. La démarche s’est ensuite élargie à tous les propriétaires de logements vacants de la commune. « Entre-temps, nous avons amélioré les courriers et les questionnaires afin de mieux expliquer les objectifs de valorisation des biens et optimiser le taux de retour », indique la vice-présidente.

Une politique globale de l’habitat

La mise en place du dispositif par la collectivité est difficile à chiffrer. Il est suivi par la chargée de mission Habitat et par un opérateur missionné par la collectivité, mais l’une comme l’autre effectuent bien d’autres tâches, notamment le suivi des OPAH. Par ailleurs, ZLV intègre dans la politique globale de l’habitat conduite par la ville et l’intercom. En effet, la solution ZLV vient en complément du dispositif d’aides et d’accompagnement mis en place par la collectivité : conseils, permanences habitat, aides financières de l’Anah, de la commune de Vire Normandie, de l’Intercom de la Vire au Noireau avec notamment des primes de « sortie de vacance » dans le cadre des OPAH.Selon la vice-présidente et la chargée de mission Habitat, le succès de ce dispositif est très lié à l’efficacité de l’accompagnement des propriétaires pour lever leurs réticences sur des points clés : le coût des travaux, la complexité des démarches administratives, la crainte de voir leur logement en location dégradé, le risque d’impayé de loyer. « Nous sommes aussi parfois confrontés à la difficulté de retrouver les propriétaires d’immeubles. À cela s’ajoutent les problématiques de successions, d’indivisions et de revente des biens qui ralentissent l’identification et la mobilisation des propriétaires. » En dépit de ces obstacles, deux cents logements et locaux vacants ont pu être mis sur le marché depuis le lancement de la première OPAH en 2014, dont 48 depuis le lancement de ZLV en 2020 (lire l’encadré). « Ces logements réhabilités trouvent immédiatement preneurs, constate Nicole Desmotte. Le dispositif ZLV, rappelle-t-elle, s’inscrit dans notre politique globale d’aide à la rénovation, qui vise notamment à alléger le coût des travaux. Ces dépenses peuvent s’avérer dissuasives pour les réhabilitations de logements anciens. Ces réhabilitations sont pourtant essentielles au développement d’une offre répondant à la demande, tout en respectant les objectifs de réduction de l’artificialisation des sols. »

(1) Opération programmée d’amélioration de l’habitat