Terrorisme - Vigipirate passe au stade "alerte attentat" en Ile-de-France

Suite à l'attentat commis contre Charlie Hebdo, le niveau d'alerte attentat du plan Vigipirate a été actionné en Ile-de-France, mercredi. Les drapeaux des collectivités seront mis en berne jeudi 8 janvier. Par ailleurs, pour la première fois, la circulaire d'utilisation des crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance prévoit le financement d'actions de prévention de la radicalisation.

Le Premier ministre a décidé, mercredi de placer le plan Vigipirate en "alerte attentat" en Ile-de-France, à la suite de l'attentat perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo qui a fait 12 victimes, dont des journalistes et deux policiers nationaux, dans la matinée.
Selon la nouvelle nomenclature adoptée en début d'année, le niveau "alerte attentat" est le niveau d'alerte maximum, sur une échelle de deux. Il a vocation à être maintenu pour une durée très limitée. Il permet la mise en œuvre de mesures exceptionnelles et temporaires lorsque des projets d'attentats terroristes sont décelés ou lorsqu'un acte terroriste a été commis, comme le détaille le site risques.gouv.fr.
Une cellule interministérielle de crise a immédiatement été installée au sein du ministère de l'Intérieur. "Composée de représentants de l'ensemble des ministères (Intérieur, Défense, Justice, Transports, Santé, Education nationale...), et de tous les services concernés, la cellule a pour vocation de permettre aux autorités en charge des opérations de suivre en temps réel l'évolution des événements et de décider dans les meilleurs délais de la stratégie de réponse la mieux adaptée", précise le ministère de l'Intérieur, dans un communiqué.
La capitale a aussitôt fait l'objet de mesures de surveillance accrues. "Les organes de presse, les grands magasins, les lieux de culte ainsi que les transports vont faire l'objet immédiatement d'une protection renforcée", indique Matignon sur son site. Sur l'ensemble du territoire, les préfets "ont consigne de renforcer la vigilance et de mobiliser les forces placées sous leur autorité". Ils sont chargés d'évaluer les sites susceptibles de faire l'objet d'une protection renforcée.
En complément des effectifs locaux des forces de l'ordre, des renforts de CRS, de gendarmes mobiles et de militaires ont été déployés. "Six compagnies républicaines et escadrons de gendarmerie mobile ont d'ores et déjà été déployés en renfort sur Paris, ce qui porte à 16 le nombre de forces mobiles engagées sur Paris et la petite couronne. D'autres forces sont en transit ou en position d'alerte", précisait Beauvau, en fin d'après-midi.
Par ailleurs, une cellule d'information du public a été activée par la préfecture de police de Paris (0800 40 60 05). Alors que la traque des auteurs de cet attentant se poursuivait dans la soirée, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'un numéro allait être mis en place "sous peu" par la police judiciaire, afin de recueillir témoignages et renseignements.
De son côté, le rectorat de Paris a suspendu toutes les sorties scolaires et interdit les stationnements aux abords des écoles.
Dans un communiqué commun, huit associations nationales d'élus (AMF, ADF, ARF, AMRF, AdCF, AMGVF, Acuf et APVF) se sont dites "profondément choqués et indignés" par l'attentat et appelé les Français à se rassembler. "Alors que notre société connait une crise économique et sociale durable, les repères qui assurent la stabilité et la continuité de notre République doivent plus que jamais être affirmés et défendus. Le combat pour la liberté d’expression est celui de tous", y insistent-elles. Les drapeaux des mairies et des autres collectivités seront mis en berne, jeudi 8 janvier.

Michel Tendil

La prévention de la radicalisation au menu de la circulaire FIPD
Les crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) s'élèveront à 53 millions d'euros en 2015, selon la circulaire annuelle d'utilisation de ce fonds publiée le 31 décembre 2014, adressée aux préfets. L'enveloppe comprend 34 millions pour les actions de prévention, 18 pour la vidéoprotection et un million correspondant à une réserve nationale. Soit le niveau de ce qu'avait annoncé le ministre de l'Intérieur le 14 octobre dernier à l'occasion d'un grand colloque organisé par le Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD). Une nouveauté par rapport aux années précédentes, compte tenu du contexte international : la "prévention de la radicalisation" figure dans les priorités de financement de fonds. Le plan de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes lancé en avril dernier comporte en effet de mesures préventions qui pourront ainsi être financées par le FIPD. Il s'agira de soutenir les mesures de "prévention de la radicalisation en direction des jeunes concernés et d'accompagnement de leurs familles, en complément des crédits de droits communs", précise la circulaire. Les préfets pourront aussi solliciter le secrétariat général du CIPD pour "le financement d'actions spécifiques et innovantes" dans ce domaine.
Pour le reste, le FIPD financera de manière "quasi-exclusive" les trois priorités de la Stratégie nationale de prévention de la délinquance pour 20013-2017 : la délinquance des jeunes (notamment en matière de prévention de la récidive) ; les violences faites aux femmes, les violences intrafamiliales et l'aide aux victimes ; la tranquillité publique.
Une attention particulière devra être portée aux zones de sécurité prioritaires qui absorberont les trois quarts des crédits (hors vidéoprotection).
M.T.