Environnement - Veolia conserve la gestion de la distribution d'eau en Ile-de-France
Les élus du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) réunis en comité le 24 juin se sont prononcés par 83 voix pour, 20 voix contre et 22 abstentions pour le choix de Veolia Eau comme délégataire du service public de l'eau pour une durée de 12 ans. Le groupe privé restait seul en lice, les élus ayant écarté en mai dernier la candidature de l'autre finaliste, Suez Environnement.
Veolia est détenteur depuis 1923 de ce gigantesque contrat de délégation de service public, le plus important en Europe avec 144 communes et quelque 4 millions d'usagers desservis. A l'issue du nouveau contrat, fin 2022, Veolia aura géré l'eau en Ile-de-France pendant un siècle.
Le président du Sedif, André Santini, député-maire d'Issy-les-Moulineaux, a qualifié ce contrat "d'exemplaire", mettant en avant la baisse de prix "significative" consentie par Veolia. Pour une facture de 120 m3, le prix hors taxes passera de 1,75 euro fin 2010 à 1,51 euro au 1er janvier 2011, soit une baisse de 14%. Aujourd'hui, le prix total de l'eau pour les Franciliens dépendant du Sedif est en moyenne de 4,07 euros TTC par mètre cube.
Vieux de 48 ans, le contrat actuel, qui court jusqu'à fin 2010, était de 371 millions d'euros annuels. "Le délégataire perd 60 millions d'euros de chiffre d'affaires par an", a indiqué Christian Cambon, sénateur-maire de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Sur douze ans, le nouveau contrat de Veolia porte sur environ 3,7 milliards d'euros.
C'est "le prix", qui a fait la différence entre Veolia et son grand concurrent, Suez Environnement, a expliqué André Santini. Outre la baisse de prix, le nouveau contrat apporte "plus de transparence, plus d'efficacité", a estimé Christian Cambon.
Parmi les mesures prévues: la création d'une société dédiée pour gérer la délégation, le déploiement d'un système de télérelevé en cinq ans, une enveloppe de 2,5 millions d'euros consacrée aux ménages en difficultés et une progressivité des tarifs en fonction du volume consommé. "Le respect des engagements d'efficacité et de qualité de service conduira à un ajustement à la hausse ou à la baisse de la rémunération de l'opérateur", a précisé Veolia dans un communiqué. Le Sedif a indiqué que cette rémunération serait plafonnée à 9% du produit des ventes d'eau et que les excédents seront directement reversés pour ses investissements.
Reste une incertitude: la position de neuf villes de Seine-Saint-Denis, rassemblées dans une communauté de communes baptisée "Est Ensemble", qui ont suspendu leur participation au Sedif et envisagent de gérer leur eau différemment. Le bureau du Sedif leur a demandé "de se décider pour septembre". Si "Est Ensemble" choisissait de revenir au Sedif, la baisse de prix sur une facture de 120 m3 passerait de 14% à 19,5%, selon le syndicat.
Ces communes, dont Montreuil, Bagnolet et Bobigny, ne sont pas les seules à avoir contesté le renouvellement de Veolia. Certains, à l'image de Philippe Kaltenbach, maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine), dénoncent "la rente de situation" dont profite le groupe privé.
Jeudi, quelques militants d'associations et de collectifs, qui contestent régulièrement la gestion de Veolia, ont tenté d'intervenir à la réunion du Sedif. Vu la baisse de prix obtenue, "il faut rembourser (aux usagers) les sommes indûment versées pendant des années et des années", a déclaré Jean-Claude Oliva, président de l'association d'usagers Coordination Eau Ile-de-France, regrettant "un manque de pugnacité des élus".
A.L. avec AFP