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Emploi - Valorisation des acquis de l'expérience : "le compte n'y est pas !"

Si la valorisation des acquis de l'expérience (VAE) a été instituée en 2004 pour permettre à tous de valoriser son parcours professionnel et de dynamiser le marché de l'emploi, force est de constater qu'en termes quantitatifs, le dispositif n'a pas tenu ses promesses. C'est à partir de ce constat de demi-échec que se construit le rapport sur la VAE présenté ce 4 septembre 2008 par Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 26.000 titres et diplômes seulement ont été certifiés par cette voie en 2006, loin de l'objectif de 60.000 affiché par le plan de développement gouvernemental. Les candidats à la VAE sont insuffisants : 75.000 par an, sur 6 millions de personnes qui pourraient potentiellement bénéficier de ce dispositif. "C'est une déception individuelle et collective", a tenu à souligner Eric Besson. "Aujourd'hui, le compte n'y est pas", a pour sa part regretté Xavier Bertrand, ministre du Travail. D'après le rapport, cinq facteurs principaux expliquent ce demi-échec. En premier lieu, l'information dispersée désoriente les candidats, les certifications et les certificateurs sont trop nombreux et difficiles à identifier, et l'accompagnement des candidats est insuffisant et tardif. Autres explications : les difficultés à réunir les jurys de validation, et l'exploitation encore faible du dispositif par les entreprises.
Pour gommer ces dysfonctionnements et améliorer la VAE, le rapport avance six propositions. Il préconise ainsi de mieux informer et d'améliorer la lisibilité du dispositif avec une nouvelle stratégie d'information nationale généraliste, de rendre plus compréhensible les certifications et d'accélérer la procédure de la VAE. Il propose aussi de mieux accompagner les candidats et notamment les moins qualifiés. "La VAE est très connue de ceux qui en ont le moins besoin", a signalé à ce titre Eric Besson, "elle l'est moins des publics visés, les moins qualifiés". Enfin, le rapport préconise de rapprocher la VAE des besoins des entreprises. Localement, cela signifie inscrire la VAE dans les politiques d'emploi des territoires. Il est indispensable "d'inscrire la VAE dans l'ensemble des dispositifs, notamment ceux de la politique de la ville qui relève de l'emploi et de l'insertion (contrats urbains de cohésion sociale, plan Banlieues)", précise le rapport. Par ailleurs, Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, a précisé qu'un groupe de travail sur la VAE allait être mis en place dans le cadre de la formation professionnelle. Mais on peut s'interroger sur l'efficacité de ces discussions. A l'heure actuelle, les partenaires sociaux n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la date de démarrage des négociations sur la réforme de la formation professionnelle, les élections prud'hommales leur compliquant la tâche. "Certaines thématiques, qui n'impliquent pas tous les acteurs, pourront être démarrées au plus vite", a toutefois assuré Laurent Wauquiez. Reste à savoir si la VAE en fera partie.

Emilie Zapalski