"Vallées régionales de l’innovation" : la plupart des régions françaises sélectionnées, mais peu bénéficieront de subventions
La Commission européenne vient de désigner ses "vallées régionales de l’innovation", dispositif visant à la fois à renforcer les performances globales de l’Union en ce domaine et à résorber les disparités entre ses régions. Si la plupart des régions françaises sont retenues, peu d’entre elles bénéficieront de subventions.
À l’heure où les contours de la politique de cohésion sont remis en question (v. notre article du 18 juin), la Commission européenne vient de recenser ses "vallées régionales de l’innovation" de l’UE. Ce dispositif, composante "phare" du "nouveau programme européen d’innovation" présenté en 2022, vise à "renforcer les performances globales de l’Europe en matière d’innovation tout en comblant la fracture existante [entre ses régions] en la matière", explique Elisa Ferreira, commissaire à la cohésion et aux réformes. Et ce, en rassemblant des régions innovantes et des régions moins innovantes, qui s’engagent à améliorer la coordination et l’orientation de leurs investissements et politiques en matière de recherche et d’innovation afin de répondre "aux défis les plus pressants de l’UE : réduire la dépendance aux combustibles fossiles, accroître la sécurité alimentaire mondiale, assurer la transition numérique (y compris la cybersécurité), améliorer la santé et développer l’économie circulaire".
151 régions identifiées, dont 72 bénéficieront de subventions
151 régions ont finalement été identifiées par la Commission, via trois procédures :
- 72 régions ont été sélectionnées soit via un appel à candidatures lancé dans le cadre du volet Écosystèmes européens d’innovation (EIE) du programme de recherche et d’innovation Horizon Europe, soit via un appel lancé dans le cadre de l’instrument relatif aux Investissements innovants interrégionaux (dit I3) du Feder. Elles se partageront une enveloppe de 116 millions d’euros provenant d’Horizon Europe et du Feder (100 millions du premier et 70 millions du second étaient initialement prévus), sous réserve de la signature effective des conventions idoines.
- 79 régions ont été retenues via un appel à manifestation d’intérêt lancé en mars dernier (v. notre article du 29 mars 2023). Ces dernières ne bénéficieront pas d’une aide financière, mais la Commission souligne qu’elles feront "partie d’un même réseau facilitant les jumelages et les interconnexions en vue de converger vers les mêmes objectifs thématiques ou technologiques tels que définis dans le nouvel agenda européen de l’innovation".
12 "régions" françaises
Parmi ces 151 régions, on retrouve 12 "régions" françaises, dans un découpage mêlant ancienne et nouvelle configurations régionales :
- trois au titre de l’EIE : Basse-Normandie, Haute-Normandie et Picardie ;
- une au titre de l’I3 : Rhône-Alpes ;
- et huit via l’appel à manifestation d’intérêt : Centre-Val-de-Loire ; Bourgogne-Franche-Comté ; Grand Est ; Bretagne ; Nouvelle-Aquitaine ; Occitanie ; Paca et Martinique. Rappelons qu’aucune de ces régions n’était considérée comme un "leader" en matière d’innovation dans le tableau de bord de la Commission dressé en 2023 (v. notre article du 25 juillet 2023). En métropole, l’Occitanie, Paca, Rhône-Alpes et la Bretagne y étaient vues comme des "innovateurs notables", les autres régions concernées étant reléguées au rang "innovateurs modérés".
Un dispositif soutenu par le Comité européen des régions
Lors d’un débat conduit ce 19 juin en session plénière avec Elisa Ferreira et Iliana Ivanova, la commissaire chargée de l’innovation, les membres du Comité européen des régions ont salué cette initiative, vue comme "un exemple très concret de soutien à l’innovation et à la compétitivité locale, grâce à la bonne coordination et les synergies réalisées entre les fonds de cohésion et d’innovation". Les membres ont d’ailleurs demandé à ce que ce dispositif devienne "un instrument de financement permanent".
Pour Anne Besnier, vice-présidente de la région Centre-Val-de-Loire, il faudra toutefois "considérablement améliorer l'articulation des fonds du futur programme-cadre pour la recherche et l’innovation avec les fonds de la future politique de cohésion afin que l'Europe atteigne l'objectif de 3% de son PIB d'investissements publics et privés dans la recherche". L’élue vient d’ailleurs d’émettre des recommandations sur ce prochain programme-cadre dans un avis qui sera examiné en séance plénière du Comité des régions en octobre prochain.